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NIGERIA - Une fille-mère condamnée à 180 coups de bâton dans un État appliquant la loi islamique - Tempête politico-judiciaire - autour de l’application de la charia
le 13 janvier 2001 à 00h00
Bariya Ibrahim Magazu, une jeune maman célibataire, condamnée au Nigeria en septembre dernier à 180 coups de badine pour avoir eu des relations sexuelles hors mariage, se trouve au centre d’une bataille politico-judidiaire et diplomatique. L’adolescente, dont l’âge est sujet à caution, a été condamnée à 180 coups de badine par le tribunal de l’État de Zamfara (nord du Nigeria) – où la loi islamique (charia) est appliquée – pour «zina» (relations sexuelles hors mariage) et «qadh» (accusations mensongères). Le sort de Bariya Ibrahim Magazu a ému le mois dernier le gouvernement canadien ainsi que des organisations de défense des droits de l’homme, telles qu’Amnesty International. Ceux-ci ont lancé un appel cette semaine au président nigérian Olusegun Obasanjo, un chrétien, pour que l’adolescente soit épargnée. Fin décembre, Bariya Ibrahim Magazu a accouché et la sentence, qui devait initialement être appliquée 40 jours après la naissance du bébé, deviendra exécutoire dès la fin du mois de janvier. Cependant, le 8 janvier, une association de protection des droits de la femme, Baobab, dirigée par Ayesha Imam, une musulmane, a fait appel de la décision du tribunal. Cet appel n’a pour l’instant pas été rejeté par la Cour, a indiqué Mme Imam. En septembre dernier, la jeune fille enceinte soupçonnée de «zina» avait été emmenée devant un tribunal islamique local pour être jugée selon la charia. Cette jeune célibataire de 17 ans, vendeuse de riz et de millet, avait été reconnue coupable de relations sexuelles en dehors du mariage. Devant la Cour, l’adolescente avait reconnu avoir eu des relations sexuelles forcées avec trois hommes. Malgré la présence de sept témoins, elle n’avait cependant pu apporter de preuves suffisantes pour étayer ses accusations. Comme c’est souvent le cas au Nigeria à ce niveau de juridiction, ni l’accusée ni les hommes mis en cause ne disposaient d’avocats pour leur défense. Si le tribunal avait cru la jeune fille, les hommes, tous mariés, auraient été reconnus coupables d’adultère et donc condamnés à la lapidation. Au lieu de cela, la jeune fille a été reconnue coupable d’accusations mensongères. Selon la présidente de Baobab, faire appel en invoquant la loi islamique plutôt que les droits de l’homme pourrait s’avérer beaucoup plus efficace. «Il y a beaucoup de complications dans cette affaire. Les implications politiques et diplomatiques ne sont pas les moindres. Mais je pense qu’il y existe au moins trois raisons de faire appel dans cette affaire», a-t-elle expliqué. La première raison, selon Mme Imam, est que la jeune fille a exposé de façon convaincante aux avocats de Baobab qu’elle avait eu des relations sexuelles sous contrainte, ce qui pourrait la disculper si cela était avéré. La deuxième est que la jeune fille n’aurait que 13 ou 14 ans, et non 17 comme cela avait été dit devant le tribunal. Si elle a moins de 15 ans, elle est alors protégée par la charia qui conclut dans ce cas à un viol sur jeune fille n’ayant pas atteint l’âge nubile, que la relation sexuelle soit consentie ou non. Troisièmement, en tant que personne de moins de 18 ans, son consentement, même s’il est avéré, n’a pas de valeur légale. L’État de Zamfara a été le premier parmi neuf États du nord du Nigeria à introduire en janvier 2000 la loi islamique dans le code pénal.
Bariya Ibrahim Magazu, une jeune maman célibataire, condamnée au Nigeria en septembre dernier à 180 coups de badine pour avoir eu des relations sexuelles hors mariage, se trouve au centre d’une bataille politico-judidiaire et diplomatique. L’adolescente, dont l’âge est sujet à caution, a été condamnée à 180 coups de badine par le tribunal de l’État de Zamfara (nord du Nigeria)...
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