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Syndrome des Balkans - Les alliés européens des É-U veulent tenir compte davantage des opinions publiques - L’uranium appauvri exacerbe les divisions au sein de l’Otan
le 12 janvier 2001 à 00h00
La polémique à l’Otan sur les munitions à l’uranium appauvri a révélé au grand jour les divisions entre les États-Unis et plusieurs de ses alliés européens qui veulent qu’on tienne davantage compte des opinions publiques. La polémique intervient alors que d’autres sujets divisent les alliés : le projet américain de bouclier antimissile, l’Europe de la défense, la possibilité d’un retrait des troupes américaines des Balkans. Les tensions au sein de l’Otan sont apparues au grand jour avec le rejet par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France de la proposition italienne d’un moratoire sur l’utilisation des munitions à l’uranium appauvri tant que les risques sanitaires n’auront pas été clarifiés. L’Italie, qui avait reçu le soutien de l’Allemagne et de la Grèce, jugeait utile cette mesure symbolique, soulignant que les opérations de paix se faisaient sur une base volontaire et nécessitaient le soutien des opinions publiques. Mais Washington a estimé qu’un tel moratoire serait une reconnaissance de l’existence de risques sanitaires de ces munitions niée catégoriquement par le Pentagone. Les militaires américains, qui ont été les seuls à utiliser les munitions à l’uranium appauvri en Bosnie en 1994-1995 et au Kosovo en 1999, se sont retrouvés en position d’accusés. Convaincus qu’aucune preuve scientifique n’établit un lien entre l’uranium appauvri et les problèmes de santé rencontrés par des militaires européens ayant servi dans les Balkans, ils ont considéré pendant plusieurs jours que leurs démentis suffiraient. Mais leurs affirmations répétées sur l’absence de risques n’ont pas suffi à calmer les inquiétudes sur les question de santé des opinions publiques européennes, échaudées par la crise de la vache folle. Déficit de confiance La polémique, partie d’Italie, n’a cessé d’enfler dans toute l’Europe après la découverte d’une vingtaine de décès suspects de militaires européens ayant servi dans les Balkans. Sous la pression de l’opinion, plusieurs dirigeants politiques européens ont réclamé plus de transparence de la part de l’Otan. Le chancelier allemand Gerhard Schröder a exigé «un éclaircissement sans réserve» sur l’emploi passé de telles armes. «Tous les faits connus doivent être mis sur la table», a-t-il dit. Le Premier ministre portugais Antonio Guterres a critiqué les informations de l’Otan jusque-là «rassurantes» et affirmé qu’il s’en méfiait désormais. «Le moment était venu de ne plus faire seulement confiance aux informations de l’Otan», avait-il déclaré. Signe d’un déficit de confiance à l’égard de leur puissant allié américain, plusieurs pays européens ont décidé d’envoyer eux-mêmes des missions d’expertise sur le terrain au Kosovo. Sous pression, l’Alliance atlantique a finalement décidé de créer un comité spécial sur l’utilisation de l’uranium appauvri pour montrer qu’elle n’avait «rien à cacher». Pendant la campagne aérienne de l’Otan contre la Yougoslavie au printemps 1999, les militaires américains, qui avaient assuré l’essentiel des missions aériennes, avait déjà été accusés de manquer de transparence notamment sur les «bavures» de l’aviation alliée. À cette époque déjà, l’Italie et l’Allemagne avaient éprouvé des difficultés à convaincre leurs opinions publiques de la légitimité de l’opération. Agacée, la secrétaire d’État américaine Madeleine Albright, qui va quitter ses fonctions le 20 janvier, a mis en garde contre des réactions «hystériques». Elle s’est dite aussi «un peu inquiète des différends» entre les États-Unis et l’Europe et a appelé les dirigeants des deux rives de l’Atlantique à faire taire leurs rivalités.
La polémique à l’Otan sur les munitions à l’uranium appauvri a révélé au grand jour les divisions entre les États-Unis et plusieurs de ses alliés européens qui veulent qu’on tienne davantage compte des opinions publiques. La polémique intervient alors que d’autres sujets divisent les alliés : le projet américain de bouclier antimissile, l’Europe de la défense, la...
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