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Actualités - CHRONOLOGIES

CARNAVAL - Célébration de l’émancipation des esclaves au XIXe siècle - « Minstrels » dans les rues du Cap

Des milliers de musiciens métis, le visage fardé de noir et les lèvres peintes en blanc, banjo en bandoulière, occupent les rues du Cap depuis une semaine et pour huit jours encore pour leur carnaval annuel, célébration de l’émancipation des esclaves au XIXe siècle. Les Sud-Africains anglophones les surnomment «coons», une injure raciale taboue aux États-Unis, où les «minstrels» (ménestrels), troupes de musiciens déguisés en nègres, sont depuis longtemps considérés comme appartenant à un passé raciste révolu. Mais les quelque 13 000 «coons» métis du Cap arborent ce surnom avec fierté, souligne Faggie Carelse, trésorier et porte-parole de l’Association du «Minstrel Carnival» du Cap. Il reconnaît que la véritable dénomination historique de la parade, le «Coon Carnival, n’est pas très politiquement correcte. Mais il n’en a cure. «Qu’est-ce qu’un nom ? demande-t-il. Une rose a toujours le même parfum, quel que soit le nom dont on l’affuble». Sheryl Ozinsky, directrice du tourisme de la ville du Cap, indique que le nom de la parade a été modifié pour éviter des réactions négatives de la part des visiteurs étrangers, très nombreux en cette période d’été austral. Vincent Kolbe, un responsable culturel, est moins coulant. Il souligne qu’il n’y a aucun doute quant à l’origine raciste du mot «coon». Mais selon lui, son acceptation par les métis était une question de survie. Le mystère des « moppies » «Le tout est de savoir qui paie les violons, souligne-t-il. Si vous luttez pour survivre, vous ne coupez pas les cheveux en quatre». L’acceptation de cette tradition en Afrique du Sud, selon Kolbe, vient du fait que «les gens n’arrivent pas à sortir du modèle de l’apartheid. Nous avons encore un long chemin à parcourir à cause de notre héritage». Les premiers «minstrels» étaient venus d’Amérique au Cap en 1848, dix ans après que cette colonie britannique eut aboli l’esclavage, mais dix-sept ans avant l’émancipation des Noirs aux États-Unis. Ces «minstrels» étaient des Blancs, le visage fardé au bouchon brûlé. La mode se répandit parmi les anciens esclaves du Cap, qui lancèrent des chants populaires pour se moquer de leurs anciens maîtres coloniaux, allant même jusqu’à parodier le sacro-saint «Rule Britannia». Lors de la parade, les «minstrels» sont vêtus de costumes de satin luisants et des chapeaux panama pour célébrer l’émancipation des esclaves, dont beaucoup étaient d’origine malaise. La plupart des participants parlent l’afrikaans, et leurs «moppies», des chansons évoquant des événements de la région et ou des personnalités locales, amusent beaucoup les habitants du Cap. Mais leur signification restera à tout jamais un mystère pour le touriste moyen. Les autorités touristiques du Cap ont cette année, pour la première fois, pris en charge l’organisation du carnaval. Elles espèrent – pourquoi pas? – rivaliser avec ceux de Rio de Janeiro ou de la Nouvelle-Orléans. Le gouvernement provincial du Cap occidental a mis 200 000 rands (environ 27 000 dollars) dans la cagnotte, et des sponsors privés ont mis la main à la poche également pour la première fois. Auparavant, le carnaval était financé par les troupes elles-mêmes, très organisées. Comme celles du Mardi Gras de la Nouvelle-Orléans, elles ont leurs clubs et leurs propres uniformes. Ces clubs, les «klopse», concourent pour des prix annuels, dont celui récompensant la magnificence des costumes.
Des milliers de musiciens métis, le visage fardé de noir et les lèvres peintes en blanc, banjo en bandoulière, occupent les rues du Cap depuis une semaine et pour huit jours encore pour leur carnaval annuel, célébration de l’émancipation des esclaves au XIXe siècle. Les Sud-Africains anglophones les surnomment «coons», une injure raciale taboue aux États-Unis, où les «minstrels»...