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Actualités - CHRONOLOGIES

DIPLOMATIE - Visite inédite d’un Premier ministre japonais en Afrique subsaharienne - Tokyo cherche des alliés pour la réforme de l’Onu

Le Premier ministre du Japon, Yoshiro Mori, débute aujourd’hui une visite historique en Afrique avec l’ambition de renforcer le poids diplomatique de Tokyo sur un continent méconnu des Japonais, mais potentiellement prometteur. «Le premier voyage officiel en Afrique subsaharienne d’un Premier ministre (japonais) va tourner une nouvelle page de la diplomatie du Japon à l’aube d’un nouveau siècle», a annoncé le ministère des Affaires étrangères en présentant la visite. Pour cette première, M. Mori a choisi trois pays anglophones influents, pôles traditionnels de la diplomatie nippone sur le continent : l’Afrique du Sud les 8 et 9 janvier, le Kenya du 10 au 12 et le Nigeria, qu’il quittera le 13 pour une brève visite en Grèce. Avant lui, seuls quatre ministres des Affaires étrangères avaient fait le long déplacement vers l’Afrique noire, dont le dernier en 1996. Les chefs d’État africains visitent en revanche régulièrement le Japon, comme les présidents sud-africain, Thabo Mbeki, et nigérian, Olusegun Obasanjo, en 2000. Peu influent sur le plan diplomatique, le Japon est essentiellement courtisé pour son soutien financier. Il arrive en effet en deuxième position, à égalité avec les États-Unis et l’Allemagne mais loin derrière la France, pour l’aide publique au développement à l’Afrique. Cette dernière s’est élevée à 994,6 milliards de dollars en 1999, soit près de 10 % de l’enveloppe totale de son aide publique (ODA), selon le ministère. Bien qu’en deuxième position, l’Afrique reçoit un soutien bien inférieur à l’Asie qui, avec 63 % du total, demeure la priorité de la diplomatie nippone. «Le Japon est le principal donateur au monde. En ce sens, il est considéré comme un pays important en Afrique», indique Basil Freeman, conseiller à l’ambassade d’Afrique du Sud à Tokyo. Cet intérêt pour l’Afrique n’est cependant pas totalement désintéressé, remarquent les analystes. Outre les intérêts économiques, notamment sur les matières premières, «l’objectif numéro un de ce voyage est d’élargir le soutien à la candidature du Japon à l’obtention d’un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies», explique Yasuhiko Yoshida, professeur de relations internationales à l’université de Saitama. Depuis une décennie, Tokyo appelle de ses vœux une réforme du fonctionnement de l’Onu qui lui permettrait d’accroître son influence diplomatique, très limitée depuis la défaite de 1945. Dans cet objectif, les pays africains peuvent peser d’un poids important puisqu’ils représentent environ le quart des membres de l’Onu. «Si le Premier ministre vient et promet de nouvelles aides, ils seront disposés à soutenir la quête du Japon pour un siège permanent», souligne M. Yoshida. M. Mori entame son voyage par l’Afrique du Sud, considérée par Tokyo comme «une superpuissance économique en Afrique» et «un modèle de réconciliation raciale». Il devrait y prononcer, le 9 janvier, son principal discours sur la coopération nippo-africaine. Le lendemain, il se rendra au Kenya, un pays «aux liens extrêmement amicaux avec le Japon» selon Tokyo, pour discuter avec le président Arap Moi et visiter notamment un centre de réfugiés d’Afrique centrale. M. Mori ne passera que quelques heures à Abuja, la capitale nigériane, où il apportera son soutien au président civil Obasanjo. L’Afrique est perçue comme un continent très éloigné, à tous points de vue, par les Japonais. 70 % d’entre eux n’éprouvent pas de sentiments amicaux particuliers à son égard, selon un sondage réalisé en 1999 par le gouvernement.
Le Premier ministre du Japon, Yoshiro Mori, débute aujourd’hui une visite historique en Afrique avec l’ambition de renforcer le poids diplomatique de Tokyo sur un continent méconnu des Japonais, mais potentiellement prometteur. «Le premier voyage officiel en Afrique subsaharienne d’un Premier ministre (japonais) va tourner une nouvelle page de la diplomatie du Japon à l’aube d’un...