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Actualités - CHRONOLOGIES

Blanchiment - La Confédération helvétique garde jalousement son secret bancaire - La Suisse reste un paradis pour gens fortunés et discrets

La Suisse, où Jean-Christophe Mitterrand a placé ses fonds, à l’instar de milliers d’autres étrangers, reste un paradis bancaire pour les gens fortunés soucieux de discrétion. «On vient chez nous non seulement pour le secret bancaire, mais pour des tas d’autres raisons, comme la stabilité politique et monétaire du pays, la faible inflation, le niveau de taxation très modéré, ou la qualité de nos banquiers», déclare James Nason, porte-parole de l’Association suisse des banquiers. Selon des statistiques de la Banque nationale suisse, 1 868 milliards de francs suisses (1 235 milliards d’euros) sont gérés par les banques suisses pour les clients privés et institutionnels étrangers. Ce montant représente environ la moitié des fonds gérés par les banques suisses. L’origine de ces fonds doit, en principe, être dûment vérifiée par le banquier, lorsqu’il a affaire à un nouveau client ou lorsqu’il a des soupçons, aux termes des lois antiblanchiment récemment adoptées en Suisse. Dans la dernière grande affaire de blanchiment découverte en Suisse – les fonds de l’ex-dictateur nigérian Sani Abacha – c’est le banquier qui a dénoncé, un peu tardivement, le client aux autorités suisses. Si un Français veut ouvrir un compte en Suisse ou dans un autre pays, il doit le déclarer impérativement au fisc et donner le nom de la banque et le numéro du compte, dans sa déclaration de revenus annuelle. Cependant, en vertu du secret bancaire suisse, «la banque suisse refusera de répondre à toute question d’un fisc étranger», et «ne dira même pas si telle ou telle personne est cliente chez elle», indique James Nason. « La belle époque » C’est une loi de 1990 qui a tout changé pour les Français voulant placer leurs fonds à l’étranger. Cette loi a supprimé le contrôle des changes, et autorise l’ouverture des comptes à l’étranger, à condition de le déclarer. «La question de fond est le blanchiment d’argent», indique-t-on à la direction générale des douanes à Paris. «Si on transfère plus de 50 000 FF en liquide ou en titres à la frontière, il faut le déclarer à la douane». «La belle époque» du pistage des Français en Suisse, photographiés devant leur banque à Genève ou à Lausanne, est «révolue», indique-t-on encore à Paris, car elle s’inscrivait dans un «contexte politique bien particulier», au moment de l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, qui a provoqué un mouvement de panique chez les Français aisés. En dépit de ce changement de ton, les banques suisses continuent à appliquer un code de discrétion très rigoureux, vis-à-vis de leurs clients français. Le courrier est adressé poste restante. Des cartes de visite «anonymes», sans mention de la banque, sont remises au client. Les clients importants sont reçus dans des salons privés, et entrent quelquefois par des portes dérobées. Les quelques 372 banques établies en Suisse emploient 110 000 personnes et génèrent 11 % de la richesse nationale du pays. À titre indicatif, au Royaume-Uni, le secteur bancaire ne représente que 6 % de la richesse du pays. Les banquiers suisses, qui se targuent d’être les plus efficaces du monde, sont aussi les mieux payés. Le salaire moyen annuel versé en 1999, toutes catégories confondues, de la secrétaire au PDG, a été de 190 900 FS (125 000 euros). À ce montant, il faut ajouter les «boni», c’est-à-dire le bonus annuel versé par la banque à son personnel en fonction de ses performances. Ce bonus est quelquefois plus important que le salaire annuel.
La Suisse, où Jean-Christophe Mitterrand a placé ses fonds, à l’instar de milliers d’autres étrangers, reste un paradis bancaire pour les gens fortunés soucieux de discrétion. «On vient chez nous non seulement pour le secret bancaire, mais pour des tas d’autres raisons, comme la stabilité politique et monétaire du pays, la faible inflation, le niveau de taxation très modéré, ou...