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BIRMANIE - L’Onu incite la junte et l’opposition à la reprise du dialogue
le 05 janvier 2001 à 00h00
Discrètement, prudemment, l’Onu est en train d’engager au dialogue les ennemis jurés du conflit birman, la junte et Aung San Suu Kyi, sous l’impulsion du représentant spécial du secrétaire général, le diplomate malaisien Razali Ismail. M. Razali est attendu aujourd’hui à Rangoon pour une mission de cinq jours, la troisième depuis sa nomination en avril dernier. Comme lors de son dernier séjour, en octobre, il doit rencontrer le n° 1 de la junte, le général-président Than Shwe, mais aussi l’incontournable Aung San Suu Kyi, la dirigeante de l’opposition assignée à résidence depuis le 22 septembre. M. Razali arrive dans le sillage d’un autre Malaisien dont il est proche, le Premier ministre Mahathir Mohamad, un «ami loyal» des Birmans, réputé influent auprès des généraux, qui vient d’effectuer une «visite de travail» à Rangoon. Le docteur Mahathir aime à l’occasion morigéner l’Occident, ce qui n’est pas pour déplaire à la junte. C’est lui qui a obtenu l’adhésion de la Birmanie à l’Association des nations du sud-est asiatique (Asean) en juillet 1997. Si ces deux visites ne semblent pas directement liées, elles surviennent au moment où, parallèlement aux condamnations des violations des droits de l’homme, la communauté internationale s’active à initier un dialogue «dès que possible» entre les deux adversaires. Une délégation de l’Union européenne est attendue à la fin du mois à Rangoon. Des sources bien informées à Rangoon et Bangkok laissent entendre que des contacts sont déjà en cours entre le gouvernement et le parti de Mme Suu Kyi – la rumeur court depuis des semaines –, mais sans qu’ils soient confirmés par les parties intéressées, ni que l’on sache à quel niveau. Les observateurs relèvent cependant que les quolibets quotidiens de la presse officielle contre le prix Nobel de la paix, en particulier les caricatures outrancières, ont cessé récemment. Les «petits pas» diplomatiques se concentrent autour de l’émissaire de Kofi Annan qui poursuit, à l’écart des projecteurs, une délicate démarche de médiation. M. Razali est un diplomate expérimenté qui semble avoir l’oreille des généraux mais aussi de leur coriace bête noire, Aung San Suu Kyi. «Il est la meilleure option parce qu’il comprend leur susceptibilité et leur façon de penser», expliquait récemment un diplomate asiatique. Toutes les chancelleries, pourtant divisées sur la façon de traiter la junte – entre les pragmatiques (Japon et Australie) et les plus intransigeantes (États-Unis et Royaume-Uni) –, toutes conviennent que «l’initiative Razali» est actuellement «la seule chance de progrès» en Birmanie. Et chacune de se dire «prudemment optimiste». L’idée est de tenter de dégager des sujets d’entente communs aux deux camps – comme la montée du sida, la situation sanitaire ou la dégradation de l’économie – sur lesquels pourrait se bâtir un début de consensus. À terme, et ce n’est sans doute pas pour demain, il s’agirait de trouver un règlement politique par le biais d’une nouvelle Constitution, dans les limbes depuis des lustres, du retour à un gouvernement civil et d’élections démocratiques. Reste que toute amorce de solution reste suspendue au bon vouloir des généraux accrochés au pouvoir depuis plus de dix ans et, aussi, à Aung San Suu Kyi. Que dira-t-elle quand les généraux la laisseront finalement libre de communiquer avec l’extérieur, comme ils devront forcément le faire ? Et peut-on les croire sincères quand ils assurent qu’ils ne sont pas au pouvoir pour toujours mais que tout semble indiquer qu’ils sont en train de le consolider, notamment économiquement ? Ils sont en tout cas sous intense pression de l’Onu pour se conformer aux règles du jeu international sous peine de condamner la Birmanie et sa population à l’état de paria permanent.
Discrètement, prudemment, l’Onu est en train d’engager au dialogue les ennemis jurés du conflit birman, la junte et Aung San Suu Kyi, sous l’impulsion du représentant spécial du secrétaire général, le diplomate malaisien Razali Ismail. M. Razali est attendu aujourd’hui à Rangoon pour une mission de cinq jours, la troisième depuis sa nomination en avril dernier. Comme lors de son...
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