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Actualités - OPINIONS

Tribune - Un vœu pour l’année nouvelle

Ce premier janvier de l’an I du nouveau millénaire ne ressemble à aucun autre de ceux que nous avons connus. Quelque chose comme une exigence de tout recommencer, de tout commencer, émane de cette trinité du UN, que nous n’avons éprouvée dans aucune fête, dans aucun deuil, dans aucun achèvement ni aucun début. C’en est assez, semblait nous dire, lundi, le chiffre trois fois répété de ce premier mois du siècle ; assez de ces labyrinthes infinis, de ces rhétoriques sonores, de ces slogans nauséeux où se dissout la raison et se dissimule la peur ; assez de ces boules chinoises qui ne s’ouvrent que pour en laisser paraître une autre et puis une autre et puis une autre encore ; assez de ces poupées russes qui, à force de se réduire, nous conduisent au néant ; assez de ces ingrédients putrides dont est faite notre purée quotidienne à la sauce liberticide ; assez voiler le mensonge d’hypocrisie triomphaliste, la bêtise de gloriole, la trahison de simagrées patriotiques ; assez de ces cruautés inutiles qui offensent nos oreilles et nos intelligences... Enterrons donc tout cela avec le siècle passé... et rêvons. Mais de quoi ? Qu’attendons-nous, à l’aube du Nouvel An, de ces messieurs qui portent la toge et la simarre et qui, déguisés en chefs de guerre, nous promettent la lune ? Que pouvons-nous leur demander qu’ils ne nous aient point encore promis ? De tous les miracles qu’ils nous annoncent, et pour lesquels nous sommes pleins de gratitude anticipée, il n’en est malheureusement aucun qui réponde au seul vœu que nous aimerions leur formuler. Un vœu bien modeste, il est vrai, mais qui pourrait se révéler au-delà de leur portée. Un vœu pourtant d’une extrême simplicité : QU’ILS SE TAISENT. Qu’ils cessent de vouloir expliquer l’inexplicable, justifier l’injustifiable, soutenir l’insoutenable, tout en faisant semblant d’y croire. Oui, qu’ils se taisent. Silence, messieurs, rien qu’un peu, qu’un tout petit peu de silence – en guise de cache-misère, en guise de pudeur ! Un silence à la faveur duquel vous pourrez vaquer paisiblement à vos affaires petites et grandes, écarquiller sans façon vos doigts de pied et accomplir, en toute tranquillité, ce qui vous est dicté (par vos consciences, bien entendu) – et, tout à la fois, atténuer les endurances d’un peuple dont vous êtes assurés qu’il ne vous demandera jamais de comptes. Tel est le somptueux cadeau, le seul que vous puissiez nous offrir en ce début d’année. Nous osons vous le réclamer du fond de nos infortunes. Quant à nos autres vœux, les vrais, ceux qui dépassent votre entendement et vos capacités, ceux qui concernent la vie que nous mériterions et l’avenir de nos jeunes, c’est à nos dieux protecteurs que nous les adresserons, où qu’ils soient. Les signes avant-coureurs qu’ils émettent depuis quelque temps montrent une certaine disposition à nous écouter sans le cornet acoustique de vos Excellences. Puissent nos divinités bien-aimées, sous les augures du triple chiffre, tenter de les exaucer. Michel EL-KHOURY
Ce premier janvier de l’an I du nouveau millénaire ne ressemble à aucun autre de ceux que nous avons connus. Quelque chose comme une exigence de tout recommencer, de tout commencer, émane de cette trinité du UN, que nous n’avons éprouvée dans aucune fête, dans aucun deuil, dans aucun achèvement ni aucun début. C’en est assez, semblait nous dire, lundi, le chiffre trois fois répété de ce premier mois du siècle ; assez de ces labyrinthes infinis, de ces rhétoriques sonores, de ces slogans nauséeux où se dissout la raison et se dissimule la peur ; assez de ces boules chinoises qui ne s’ouvrent que pour en laisser paraître une autre et puis une autre et puis une autre encore ; assez de ces poupées russes qui, à force de se réduire, nous conduisent au néant ; assez de ces ingrédients putrides dont est faite notre...