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PORTRAITS DE PEINTRES - Son nom figure dans le Bénézit Élie Kanaan: "La créativité, une aventure mystérieuse"
Par ZALZAL Zeina, le 29 juillet 1999 à 00h00
Il a 73 ans, 49 ans de peinture derrière lui et un coup de pinceau d’une vigueur et d’une jeunesse étonnantes. Élie Kanaan n’est plus à présenter. Physiquement, il ressemble à Aristote Onassis. Il en a aussi l’ambition. Ou plutôt, celle de travailler pour la postérité. Puisqu’il dit vouloir «laisser des traces» de son passage. But atteint : ses œuvres sont collectionnées par des amateurs avertis disséminés aux quatre coins de la planète et son nom figure dans le Bénézit. L’artiste ne se repose pas pour autant sur ses lauriers. «Le beau, c’est de cueillir et non pas de ramasser», dit Élie Kanaan. Une phrase qui résume en quelque sorte son approche artistique. Pour ce chantre des couleurs, l’expression du monde se rythme au gré des touches frémissantes. Ce qui guide son travail c’est la recherche de «cette tache de couleur qui change tout». Cette nuance exacte qui rend le même effet «qu’un champs printanier où éclate un coquelicot», compare-t-il poétiquement. Pour Kanaan, le «départ d’une œuvre est certes important, mais c’est l’arrivée qui compte». La créativité est pour lui une aventure. «Qui va soit en s’élevant, soit en sondant les profondeurs. Mais ne reste jamais au niveau du sol . Je pars toujours d’un sujet précis, mais je le transcende, j’en fais une escapade hors réalité». Il ne planifie pas son travail, «ce n’est pas le rôle d’un artiste», s’insurge-t-il. Mais il capte spontanément «l’instant éphémère, l’atmosphère, l’ambiance». Élie Kanaan ne parle pas d’inspiration mais croit en quelque chose «de mystérieux, d’énigmatique, qui dépasse la réalité comme un rêve dont on garde un fragment, ou un éclair qu’il faut retenir et traduire sur toile. C’est alors que l’artiste arrive à donner le meilleur de lui-même, sans le savoir et sans le vouloir». Débuts en autodidacte L’aventure artistique d’Élie Kanaan a débuté en 1950, lors d’une première exposition, à l’École des Lettres, qui attire l’attention de Georges Cyr, un grand peintre français installé au Liban. Il a alors 21 ans, peint en autodidacte et hésite encore entre droit, peinture et musique. Deux autres expositions plus tard, et c’est le succès. Il impose son style sans se référer à l’académisme ambiant. «Dès le départ, ma peinture était prégnante», indique-t-il. «Elle l’est restée. Elle n’est ni abstraite, ni concrète. C’est la couleur qui l’emporte». Après ces premières armes, et une flopée de prix locaux, il obtient, en 1958, le prix de l’Unesco et bénéficie d’une bourse d’études à l’Académie de la Grande Chaumière à Paris. Puis il séjourne en Italie avant de rentrer à Beyrouth. Mais continue à participer à des expositions à l’étranger. En 1967, c’est la consécration internationale avec le prix Vendôme décerné par un jury composé de critiques internationaux. Il est encensé par la critique en France. Henri Seyrig, directeur des Musées de France, qualifie sa peinture de «sonores orchestrations de couleurs (…) volontairement orientées vers la beauté». Ces pulsions de vie en couleurs, Kanaan aime les étaler par l’huile, «la matière la plus difficile mais aussi la plus vibrante et la plus charnelle», dit-il. À travers ces symphonies de tonalités, où les bleus profonds s’accordent avec les mauves, les violets et les rouges, les verts s’éclairent de jaune lumineux, les blancs s’habillent de rose, de gris, de parme, transparaissent çà et là des silhouettes, des paysages, des maisons, une barque. Des éléments générés d’un chaos organisé et générant un univers onirique. C’est dans cette lecture par strates, par cette présence enveloppante que joue le charme insidieux d’une toile de Kanaan. Comme une communion, qui s’opère entre ces touches qui s’ouvrent sur tous les possibles et le contemplateur. Pour Kanaan, «il faut qu’il y ait communication entre le spectateur et l’œuvre d’art. Une œuvre vraiment valable doit captiver tout le monde». À commencer par son auteur. «Lorsque je peins, je rentre en transe», dit Élie Kanaan. Une transe qui le mène invariablement vers des rivages de beauté nimbés de couleurs lumineuses….
Il a 73 ans, 49 ans de peinture derrière lui et un coup de pinceau d’une vigueur et d’une jeunesse étonnantes. Élie Kanaan n’est plus à présenter. Physiquement, il ressemble à Aristote Onassis. Il en a aussi l’ambition. Ou plutôt, celle de travailler pour la postérité. Puisqu’il dit vouloir «laisser des traces» de son passage. But atteint : ses œuvres sont collectionnées...
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