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Actualités - CHRONOLOGIE

CYCLISME - La grande boucle 99 Un tour politiquement correct(Photo)

À son départ en Vendée, le Tour de France 1999 redoutait d’être marqué du sceau de l’infamie, à l’arrivée dimanche à Paris il est devenu l’épreuve la plus politiquement correcte de cette décennie. Ce que souhaitaient Jean-Marie Leblanc et les organisateurs s’est réalisé, peut-être même au-delà de leurs espérances: le Tour est redevenu une institution magique et idéale, il a effacé le cauchemar de l’affaire Festina. Le podium des Champs-Élysées est à lui seul tout un symbole. Dans l’ordre on trouve un revenant, un repenti et un vétéran récompensé. Après avoir connu ses heures les plus noires, le Tour ne pouvait rêver d’un plus beau maillot jaune que l’Américain Lance Armstrong. Le Texan a vaincu le cancer. Il est un modèle de courage et d’abnégation, celui qui a affronté la mort d’assez près pour connaître la valeur de la vie. Malgré quelques tentatives infructueuses pour faire rimer son triomphe avec dopage, Armstrong apparaît comme le vainqueur le plus présentable que la Grande Boucle se soit offert depuis longtemps. «Lorsque l’on s’est retrouvé sur son lit de mort, serait-on assez fou pour prendre le risque de jouer à nouveau avec sa santé en utilisant des produits interdits ?» La réponse est évidemment «non». Même si certains continuent de douter de la probité et du désir de rédemption des coureurs, Armstrong incarne le renouveau. Et ceux qui ne veulent pas y croire ne sont que personnes mal intentionnées. Après la chasse aux tricheurs du Tour 98, on est passé à la critique des «mauvais esprits» et de la «presse de rapaces». Sur la photo de famille qui illustrera tous les almanachs de sport, se trouve aux côtés de Lance Armstrong le Suisse Alex Zülle. L’ancien coureur est lui aussi tout un symbole, celui du repenti. Il a avoué sa faute, il a pris de l’EPO mais il a arrêté et s’est même rendu compte qu’il obtenait des résultats excellents sans consommer de substances prohibées. Il est le deuxième exemple que doit suivre tout le peloton et rétrospectivement son résultat rend encore plus légitime la récusation du Français Richard Virenque, celui qui n’a jamais reconnu s’être dopé. On ne badine plus avec le dopage Sur le podium, Zülle a une autre fonction, il apporte une légitimité au combat contre le dopage et prouve que la question n’est pas occultée, qu’elle n’est plus taboue après des années de silence. Il est possible de l’aborder en tout sérénité mais dans le respect de l’intégrité des coureurs. Quant à Fernando Escartin, le troisième du Tour, il est la preuve vivante qu’il ne faut jamais désespérer de rien. À 31 ans, il s’affirme comme un grand leader du peloton, ajoutant à son bonheur personnel une victoire d’étape tout près de chez lui à Piau-Engaly. Il rappelle aux plus jeunes, aux générations de demain, que l’impatience est mauvaise conseillère, qu’il ne sert à rien de vouloir devenir célèbre le plus rapidement possible en utilisant des moyens artificiels. «Tout vient à point à qui sait attendre», pourrait être la devise de sa troisième place. Dans aucune communauté humaine, les opinions ne sont jamais unanimes et le Tour 99 a réussi cet exploit de contenter tout le monde, de ménager la morale et la ferveur passionnée de la foule. Richard Virenque, admis trois jours avant le départ de Vendée, est sacré pour la cinquième fois de sa carrière roi de la montagne. Ses fans, mobilisés comme jamais sur le bord des routes, sont contents. Ils l’ont vu passer avec le maillot à pois et ils n’ont pas boudé la course. Le Varois, toujours mis en examen dans l’affaire Festina, effectue par la petite porte un retour en grâce qui n’a froissé ni son ego, ni mis à mal les positions de la Société du Tour. Le Français n’avait pas le droit de gagner le Tour cette année, il ne l’a pas fait mais il sera invité l’an prochain et alors qui sait ? Bonne fille, la Grande Boucle n’a même pas évité le détour par le dopage. Le vieux Ludo Dierckxsens a été évincé par son équipe, la Lampre, pour avoir avoué l’utilisation de corticoïdes pour soigner une tendinite au genou. Le champion de Belgique n’est pas privé de sa victoire d’étape, il est seulement sanctionné pour la légèreté de son comportement. On ne badine plus avec le dopage. Le Tour a bouclé une époque dimanche et il s’est trouvé un champion qui, s’il est bien celui qu’il prétend, est le héros idéal pour débuter le prochain millénaire. Virenque en toute discrétion Le banni est devenu le bienvenu. Richard Virenque s’est attiré les félicitations de Jean-Marie Leblanc, le directeur du Tour, après un parcours des plus honorables. Au départ du Puy-du-Fou, le Varois gardait obstinément le silence. À l’arrivée des Champs-Élysées, il affichait un grand sourire sur le podium du GP de la Montagne, où il savourait une cinquième victoire, près du record (6) détenu par l’Espagnol Federico Bahamontes et le Belge Lucien Van Impe. «Un bon Tour», a-t-il conclu, «car les conditions n’étaient pas idéales pour moi». En trois semaines de course, Virenque a vérifié en maintes circonstances sa popularité toujours très élevée, malgré les polémiques et les railleries qui ont suivi le «choc» Festina. Le vélo remisé, il a adopté un comportement tout en discrétion, conforme aux prévisions de son directeur sportif Gianluigi Stanga. Après la réunion de Genève, où l’Union cycliste internationale (UCI) avait réintégré de force le coureur français quatre jours avant le prologue, Gianluigi Stanga avait assuré en effet les organisateurs du Tour que la présence du Varois n’entraînerait aucun trouble. Le Tour 1999 à peine achevé, son équipe parle déjà de se renforcer pour le Tour de l’an 2000, le prochain grand rendez-vous de Virenque dès lors que les portes de l’équipe de France lui semblent fermées. «Richard va récupérer, s’aligner dans quelques critériums puis il courra deux courses de Coupe du monde en août, la Clasica San Sebastian et le Championnat de Zurich», avance Gianluigi Stanga qui ne compte pas l’aligner à la Vuelta. La saison de Virenque pourrait donc être allégée dans la mesure où lui-même doute, à juste titre visiblement, d’être retenu pour le Championnat du monde disputé en octobre selon la formule des équipes nationales. «Il n’y a rien de changé entre ce qu’on disait au début de l’année et aujourd’hui», souligne à ce propos Daniel Baal, président de la Fédération française. «On veut une équipe de France qui corresponde pleinement à l’esprit qui est celui de la politique fédérale». Mais Daniel Baal se garde de jeter de l’huile sur le feu à propos du coureur français le plus populaire: «Cela ne me gêne pas du tout que Virenque soit resté populaire. Le public réagit par rapport à des éléments irrationnels, par rapport à sa passion. Virenque a su conquérir au fil des années le public qui lui reste attaché. Tant mieux pour lui. Pour le reste, c’est son problème». Bill Clinton félicite personnellement Armstrong Le président américain Bill Clinton a appelé personnellement Lance Armstrong, vainqueur du Tour de France cycliste pour le féliciter, a annoncé lundi la Maison-Blanche. Selon les services présidentiels, Bill Clinton a appelé Armstrong, 27 ans, à la fin de l’épreuve, alors qu’il se trouvait encore au Maroc pour les funérailles du roi Hassan II. Lance Armstrong est le deuxième Américain après Greg LeMond à remporter le Tour de France, moins de trois ans après la découverte de son cancer. D’autre part, le chancelier Gerhard Schroeder a félicité lundi dans un télégramme le coureur allemand Erik Zabel (Telekom), qui a remporté dimanche son quatrième maillot vert sur le Tour de France pour son «extraordinaire exploit». «Vous vous êtes magnifiquement battu», a écrit le chancelier qui a également félicité les coéquipiers de Zabel pour «leur magnifique soutien».
À son départ en Vendée, le Tour de France 1999 redoutait d’être marqué du sceau de l’infamie, à l’arrivée dimanche à Paris il est devenu l’épreuve la plus politiquement correcte de cette décennie. Ce que souhaitaient Jean-Marie Leblanc et les organisateurs s’est réalisé, peut-être même au-delà de leurs espérances: le Tour est redevenu une institution magique et idéale,...