Ziad el Hajj, 18 ans, est un recordman libanais au bac français. C’est une première au Liban. Il a glané un 20/20 en philosophie et un 20/20 en biologie, section scientifique option biologie. «La surprise totale», s’exclame le jeune el Hajj en vous fixant de son regard de braise. Excès de modestie ? ne peut-on s’empêcher de penser à le voir aussi sûr de lui-même. Comme devinant vos pensées, il précise avec un petit sourire amusé : «mon euphorie s’est un peu émoussée. Il fallait me voir le jour de la proclamation des résultats. J’en suis resté coi pendant une bonne demi-heure». Le sujet sur lequel il a disserté : la philosophie change-t-elle le monde ? En tout cas, elle a beaucoup changé pour Ziad qui a tiré de nombreuses leçons de cette expérience. Il a montré les deux aspects de la philosophie. Dans les trois premières pages, il a écrit un joli petit éloge de la philo. «Puis j’en ai eu marre», dit-il. Il est alors sorti de l’apport conventionnel. Il a consacré les sept pages suivantes «à saquer la philo». Je savais que je prenais un grand risque. Ma dissertation aurait pu choir entre les mains d’un correcteur strict, et là, j’aurai eu un hors sujet sonnant et trébuchant. Mais le correcteur a sans doute apprécié le fait que je sois sorti des normes. Moralité de l’histoire ? «Il faut savoir prendre des risques, dire ce que l’on pense vraiment et, surtout, ne pas reproduire scrupuleusement les textes étudiés. Il faut y mettre de soi-même. Oser exprimer son avis». Féru de lecture, Ziad el Hajj dit s’être aidé de sa vaste culture pour appuyer ses idées. Notre professeur de philo nous avait prévenus : il ne faut pas inonder sa dissertation de citations. Quelques-unes, bien choisies, suffisent. Au meilleur des cas, je m’attendais à un 17/20. Vers quel domaine va-t-il orienter ses études ? «La biologie», répond-il. «Je ne sais pas encore si je vais pratiquer ensuite la médecine ou bien me lancer dans la recherche. J’ai trois ans pour me décider». Ses violons d’Ingres : cinéma, lecture, musique, classique en particulier. Et l’ internet. Je l’utilise pour commander des CD ou des livres que l’on ne trouve pas ici. Avec un tel don pour l’ écriture, pense-t-il le développer ? «J’ai pensé faire des études littéraires. Mais j’ai préféré garder cela comme hobby. Même si c’est quelque chose que j’aime beaucoup. Je ne crois pas que ce soit un domaine auquel je pourrai consacrer ma carrière», dit-il. Ziad el Hajj a tiré une autre leçon de cette expérience. «Ne jamais désespérer d’une chose. Au début de l’année scolaire, mes notes en philo se résumaient à des 11/20, 10/20 et 8/20. Mon prof, Samia Makhoul , m’a beaucoup encouragé. Elle a vu que j’avais un bon potentiel. Et je voudrais lui adresser un grand merci».