Les premiers drapeaux ont été mis en berne dans la nuit de dimanche à lundi près du «Camp Kennedy» à Hyannis Port (nord-est), mais la bannière étoilée qui marque l’entrée de la propriété familiale flottait toujours haut, trois heures après l’annonce officielle qu’il n’y avait plus d’espoir de retrouver vivant John F. Kennedy, dont l’avion s’est abîmé dans l’Atlantique vendredi soir. C’était la seule expression d’un clan qui restait muet depuis le début du drame, et dont même le porte-parole ne s’était pas exprimé depuis samedi matin. Des voisins du groupe de maisons blanches aux volets verts, connu sous le nom de «Kennedy Compound», qui ne s’habituent guère aux rassemblements médiatiques qui s’organisent périodiquement sous leurs fenêtres depuis des lustres s’étaient mêlés aux journalistes sans vouloir leur parler mais attendant en vain une réaction de ceux qui tiennent lieu de famille royale aux Américains. Vers 21h00 locales (01h00 GMT hier), le contre-amiral Richard Larrabee, responsable des garde-côtes du secteur, a annoncé au clan que «nous sommes passés d’une phase recherche et secours à une nouvelle phase recherche et récupération», ainsi qu’il l’a déclaré lors d’une conférence de presse. «Les statistiques dont nous disposons montrent que les probabilités de survie dans l’eau ne peuvent dépasser 12 heures et sûrement pas atteindre 18 heures», a-t-il ajouté, précisant avoir présenté ses condoléances à la famille. Richard Larrabee a reconnu qu’il avait passé «des moments pénibles» avec la famille Kennedy, frappée alors qu’elle se préparait à célébrer samedi le mariage de Rory Kennedy, fille cadette de l’ancien sénateur Robert Kennedy. John Kennedy Jr, 38 ans et son épouse Carolyn Bessette, 33 ans, devaient déposer sur l’île voisine de Martha’s Vineyard la sœur de cette dernière, Lauren, 35 ans, avant de venir participer aux festivités. Le Piper Saratoga que JFK Jr pilotait s’est écrasé en mer non loin de l’île, alors que, selon plusieurs témoins, la visibilité était extrêmement limitée en raison d’une épaisse brume de chaleur. En dépit des journalistes «en planque» jour et nuit devant le «Compound» et près d’un phare d’où l’on peut observer les sorties en mer, on ignorait combien de membres du clan étaient encore réunis à Hyannis Port, sur la côte du Massachussetts: à plusieurs reprises depuis l’annonce de l’accident samedi matin un véhicule tout-terrain aux vitres teintées a quitté les lieux pour une destination inconnue. Mutisme du clan Aucun membre de cette famille marquée par le drame depuis plusieurs générations ne s’est exprimé depuis l’accident, et leur porte-parole Brian O’Connor n’a rien dit depuis samedi. Il avait indiqué que la famille avait prié pour que JFK Jr et ses passagers soient retrouvés vivants. «C’est une famille très religieuse. Ils ont pu supporter tous les évènements tragiques qui les ont frappés grâce à leur foi», a affirmé Steve Grossman, un proche de la famille aux journalistes rassemblés devant le «Kennedy Compound» (Camp Kennedy). Jim Hall, président du Bureau national pour la sécurité dans les transports (NTSB), avait pour sa part affirmé que l’enquête sur «l’accident» devrait durer de «six à neuf mois». La disparition de John Kennedy Jr, de son épouse de 33 ans et de la sœur de cette dernière, a fortement choqué l’Amérique. Le président Bill Clinton a exprimé dimanche son soutien à la famille Kennedy, affirmant qu’elle avait «beaucoup souffert et encore plus offert» au pays en le servant. M. Clinton, qui avait tenu à être informé du déroulement des recherches tout au long du week-end, s’est entretenu par téléphone avec la sœur de JFK Jr, Caroline Kennedy Schlossberg, et avec son oncle, le sénateur Edward Kennedy, à Hyannis Port, dans le Massachusetts. De nombreux Américains ont également tenu à exprimer leur tristesse, en allant rendre hommage aux disparus. Devant la résidence où vivaient John Kennedy Jr et sa femme, dans le quartier de Tribeca à New York, des passants ont déposé des fleurs. La photo du salut militaire de «John-John», à l’âge de 3 ans, devant le cercueil de son père à Washington, qui avait fait le tour du monde, était rediffusée à profusion sur les télévisions qui ont consacré de nombreuses éditions spéciales à la nouvelle tragédie des Kennedy. Les enquêteurs avaient localisé le point de chute de l’avion samedi et récupéré certains débris de l’avion, dont un bagage. Mais la journée de dimanche n’a pas permis d’élucider le mystère de leur disparition. Des lambeaux de matériaux isolants provenant probablement de l’avion de JFK Jr ont par ailleurs été récupérés dimanche sur une plage de l’île de Martha’s Vineyard, là même où ont été trouvés samedi des débris de l’avion, a affirmé le capitaine Robert Bird de la police du Massachusetts. Plusieurs navires ont sillonné dimanche une zone au sud-ouest de Martha’s Vineyard pour tenter de retrouver l’épave du monomoteur qui s’est abîmé en mer vendredi soir alors qu’il tentait de rallier l’île à partir du New Jersey. L’appareil avait décollé vendredi soir à 20h38 locales d’un aéroport à Fairfield (New Jersey, ouest de New York). Il avait disparu des écrans radars à quelques kilomètres de sa destination sur l’île de Martha’s Vineyard. Il devait ensuite repartir à destination de Hyannis Port. Le monomoteur de JFK Jr, un Piper 32 Saratoga, avait été acheté en avril dernier. John F. Kennedy Jr avait obtenu sa licence de pilote il y a 15 mois et avait entrepris un vol rendu délicat par une visibilité limitée, au-dessus de la mer, selon les experts.