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Actualités - CHRONOLOGIE

LITTÉRATURE - La Phénicie en vedette La fille du Cap Dariorigum , une nouvelle de Jean Nidaile

Conservateur honoraire de musée, auteur de nouvelles, compositeur et mélodiste, Jean Nidaile a une passion : les recherches sur les Phéniciens. Dans le récent récit qui suit, il raconte les prouesses de La fille du Cap Dariorigum. La fille de Dariorigum enfourcha la cavale sauvage qu’elle venait de prendre au lasso, dans la lande bretonne. Sans ménagement, elle piqua sa monture d’une flèche taillée dans la corne d’un andouiller. Rousse aux yeux bleus, enveloppée d’une superbe crinière sur des taches de rousseur, athlétique dans un corps de déesse entouré d’une simple peau de mouton, elle montrait de la force et de la magie en même temps... Non loin, la mer était au reflux dans cette contrée si peuplée lors de la préhistoire. La cavalière arriva sur le rivage caillouteux et poussa son cheval à l’eau vers un endroit précis qu’elle connaissait. Quelques îles, aux bosquets de chênes verts, apparaissaient, formées par les courants marins. Sur une vasière, une bande de goélands virevoltait au soleil levant. Des menhirs sortaient encore de la mer dans les vaguelettes. La fille de Vannes, sur son cheval, s’approcha d’un cromlech. Par une incantation, elle invoqua la chance pour la chasse qui allait suivre. Puis, toujours au galop, elle disparut sur la lande. Au détour d’un bouquet d’ormes, une biche fila dans le vent. La fille la prit en chasse et tira une flèche. La bête atteinte tomba dans la bruyère. Arrêtant son cheval et saisissant une lame qui brillait au soleil, la fille l’enfonça brutalement dans le flanc de la biche. Le sang coula sur la bruyère. La chasse avait été rapide. Remettant la lame dans son fourreau de cuir grossier, elle entendit un son de corne à bœufs. On l’appelait car elle était le chef, près du druide. La voile phénicienne Montant sur le coteau, elle vit arriver une grande barque de navigateurs. Sous une légère brise, une voile phénicienne glissait doucement. La chasseresse revient vite au village, en délaissant la cavale qui bondit dans la lande proche. Deux cents huttes cachées au fond du vallon, près d’une ria, avaient été construites, à l’abri des vents, par un peuple de marins les Vénètes. Et les échanges, par le commerce, commencèrent... Le bateau phénicien s’échoua dans un bruit de coquillages froissés. Certains hommes du village se sauvèrent derrière leurs habitations se préparant à une attaque éventuelle. Les femmes se montrèrent à peine. Mais la fille de Vannes arrivait suivie du druide. Du bateau, un marin bariolé de tissus aux couleurs vives, descendit sur la grève. Il tenait en main quelques flacons de verre et des pacotilles de l’Orient. Je ne sais si la surprise de la brillance du verre au soleil créa une sorte de féerie mais tout le village approcha du navigateur phénicien. En un instant, le sortilège faisait son effet. La fille rousse, échevelée, toisa d’abord le marin avec beaucoup de fermeté. Mais, elle eut une sorte de sourire lorsqu’elle aperçut les verreries et le “péplos” rouge qu’il lui offrait. Le Phénicien arrêta son regard sur le glaive à peine caché par le fourreau de cuir déchiré. Il s’approcha et demanda, par gestes, à voir. Le glaive sortit du fourreau, lourd, brillant, encore ensanglanté. Le marin apprit, par la suite, qu’il avait été fabriqué à la forge du village. Il comprit que l’arme permettait de vaincre mieux. La forge La fille de Vannes, chef de la tribu de ce village blotti au fond d’un bras de mer, entraîna le marin phénicien vers une hutte d’où sortait une épaisse fumée. C’était là que se trouvait la forge : l’endroit magique d’où provenaient les armes, les outils. C’était là qu’un géant régnait en maître. Un torse de lutteur à demi caché par une peau de mouton élimée retenue à l’aide d’une lanière cloutée, des poignets entourés de cuir, une barbe de patriarche sous une chevelure de démon, des yeux bridés et presque fermés pour échapper à l’éclat d’un feu toujours vif... Ce géant dégageait une formidable emprise. Près de lui se tenait un esclave enlevé aux îles anglaises et qu’il commandait en le brutalisant. Le chef de la tribu entra le premier. Le géant s’agenouilla devant la belle chevelure rousse. Au centre de la hutte, un feu battant qu’entretenait l’esclave courbé et malingre offrait un spectacle terrifiant. Mille étincelles, dans une coulée de lave en fusion, jaillirent de la pièce travaillée, uniquement destinée à quelque sacrifice, sans doute. À gauche, des éclats jaunes et bruns d’un minerai de cuivre. À droite, un autre minerai d’une blancheur étonnante avec des reflets noirs : l’étain provenant de la mine d’une région proche que les Vénètes venaient de découvrir. Le géant forgeron frappa l’esclave afin qu’il mette encore du bois de chêne pour un feu de plus en plus fort. Des éclats de minerais de cuivre et d’étain furent mélangés. Une coulée de métal en fusion tomba, par grosses larmes, dans une gouttière en bois de châtaignier. Un cylindre se forma, à moitié, sur la partie inférieure. Au granit de l’auge sans profondeur, un morceau de bois, en loupe d’orme, le martela. Dans un souffle d’air chaud, un glaive de bronze vint surprendre le marin phénicien. À l’avenir, pour se procurer de l’étain, il n’aimait plus à faire le voyage lointain aux îles Cassitérides (Scilly) où la navigation était dangereuse. Après quelques instants, se coupant la paume de la main avec la lame refroidie, la jeune femme fit gicler son sang. Elle coupa de même la main du marin phénicien. Les sangs se mêlèrent, pour l’amitié. À Saïda, en Phénicie, des mois plus tard, la barque du navigateur permit de montrer brillant au soleil d’Orient un admirable glaive de bronze.
Conservateur honoraire de musée, auteur de nouvelles, compositeur et mélodiste, Jean Nidaile a une passion : les recherches sur les Phéniciens. Dans le récent récit qui suit, il raconte les prouesses de La fille du Cap Dariorigum. La fille de Dariorigum enfourcha la cavale sauvage qu’elle venait de prendre au lasso, dans la lande bretonne. Sans ménagement, elle piqua sa monture d’une flèche taillée dans la corne d’un andouiller. Rousse aux yeux bleus, enveloppée d’une superbe crinière sur des taches de rousseur, athlétique dans un corps de déesse entouré d’une simple peau de mouton, elle montrait de la force et de la magie en même temps... Non loin, la mer était au reflux dans cette contrée si peuplée lors de la préhistoire. La cavalière arriva sur le rivage caillouteux et poussa son cheval à l’eau vers un...