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ESTIVALES - Deux défilés de mode libanaise "Catwalk" à Deir el-Qamar
Par GEMAYEL Diala, le 16 juillet 1999 à 00h00
Vendredi 16 et dimanche 18 juillet, les Estivales de Deir el-Qamar accueillent deux défilés de mode libanaise. Chacun à sa manière, ils rendent compte de l’évolution de la créativité vestimentaire du pays, couvrant une période de près de trois siècles. Ces «petites histoires de la mode» sont racontées et mises en scène par deux femmes au profil très différent, mais qui partagent la même conviction : le vêtement est le reflet de la société. Il est difficile de parler de costumes traditionnels libanais sans évoquer le nom de Samia Saab. Avec une collection commencée depuis l’enfance («Le grenier de la maison de mes parents était mon monde : les coffres étaient remplis de vieux vêtements avec lesquels je m’habillais»), elle est aujourd’hui une référence en la matière. Ses armoires débordent de vestes brodées, de «charwals», de tailleurs cousus au fil d’or : autant de souvenirs patiemment accumulés et méticuleusement entretenus pour être conservés dans le meilleur état possible. «En 1980, après des années de recherches et plusieurs voyages», j’étais prête : c’est dans le contexte de la guerre que j’ai décidé de présenter mon premier défilé, intitulé Liban d’hier et costumes d’autrefois. Le succès est au rendez-vous, le public enthousiaste en redemande. Et pas seulement au Liban : «Mes défilés historiques ont été présentés à Washington, Francfort, Londres et Le Caire. Les Égyptiens ont tellement apprécié que nous avons fait dix représentations supplémentaires !». Élevée dans une famille «très libanaise, très citoyenne et concernée», Samia Saab a conscience d’appartenir à «un monde de traditions, de convictions» «Dans les années 80, j’ai été parmi les premières à jeter le mot de “patrimoine libanais”». Cette artiste, qui a fait de la danse classique pendant 25 ans, a su par sa passion insatiable réveiller l’intérêt des plus indifférents : «Quand un costume était dépareillé, je demandais l’aide des gens qui m’entouraient. Les premiers temps, les gens me prêtaient, voire me vendaient, de bon cœur, les pièces qui me manquaient. Maintenant, ces mêmes personnes refusent de vendre quoi que ce soit ! Ils ont pris conscience de la valeur d’un vêtement ancien». À Deir el-Qamar, les spectateurs découvriront donc, pendant 45 minutes, l’histoire du costume libanais, «introduit au Liban par l’émir Fakhreddine : il a donné au vêtement traditionnel sa constitution et son élégance, et donnait la liberté d’exprimer sa religion par les différentes couleurs des coiffes». Comme Samia Saab, Cyn Farah pense que «le vêtement est une sociologie à part entière». D’origine chinoise, ayant grandi en Californie, elle a découvert le Liban en 1993, lorsqu’elle y a accompagné son mari. Intéressée comme lui par les créateurs d’avant-garde, elle organise deux défilés en 1996, l’un à Achrafieh et l’autre à Hamra, avant d’ouvrir son restaurant, en 1997, à Aïn-Mreissé, dont elle a elle-même conçu l’aménagement et la décoration : «J’aime toutes les formes d’expression, qu’elles passent par les volumes ou les matières». Après avoir participé au festival de Baalbeck en 1998 (création des costumes et de la mise en scène du récital de Fadia el-Hage), elle décide cette année de «ne pas être répétitive : je voulais connaître le pays et les gens». C’est donc avec beaucoup d’intérêt qu’elle a accepté de mettre en scène un défilé de jeunes créateurs libanais. «J’en ai choisi six : Rabih Keyrouz, Milia Maroun, Nadine Chucri, Natacha Kelsayan, Rosy Abou Rouss et Mohammed Berzaoui. À partir de leur identité bien spécifique, j’ai voulu montrer à quoi pourrait ressembler l’avenir à travers le vêtement». Après avoir pris connaissance du site et avoir rencontré les stylistes, elle trouve le thème du défilé : “l’Eden”. «Chaque créateur montre une facette de la personnalité féminine, depuis la fraîcheur de l’adolescente jusqu’à la romantique décadente, en passant par la femme au côté sombre ou sophistiquée». Ce défilé raconte aussi une histoire, celle de la genèse d’une création. «La musique, dominée par les percussions et les voix-off, crée une ambiance adaptée à chaque styliste. Mais elle n’exclut pas non plus les airs classiques. La scène sera couverte de fleurs et le “catwalk” se fera selon le tracé d’une croix». Deux défilés, deux mises en scène pour une belle partie du panorama de la mode libanaise.
Vendredi 16 et dimanche 18 juillet, les Estivales de Deir el-Qamar accueillent deux défilés de mode libanaise. Chacun à sa manière, ils rendent compte de l’évolution de la créativité vestimentaire du pays, couvrant une période de près de trois siècles. Ces «petites histoires de la mode» sont racontées et mises en scène par deux femmes au profil très différent, mais qui partagent...
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