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Actualités - REPORTAGES

SANTÉ - Un supplément thérapeutique que ne dédaignent plus les médecins Oublier ses douleurs grâce aux doigts magiques du masseur

Massage, caresses, stimulations cutanées sont indéniablement des sources de détente et de bien-être. Et c’est sans hésitation aucune que nous nous abandonnons aux mains magiques du masseur, à la dextérité de ses doigts qui tentent de faire taire les multiples douleurs accumulées dans les endroits les plus éprouvés de notre corps. Usé et abusé, ce dernier tire la sonnette d’alarme en réclamant avec insistance ce toucher magique qui va le délivrer de sa souffrance. Bien connu pour son effet apaisant, devenu indispensable dans une société en proie au stress quotidien et aux maladies de la modernité, le massage est un outil d’évasion pour la plupart des gens. Car, par-delà les prouesses techniques du masseur et son habileté à apaiser, calmer ou guérir, c’est tout un monde sensitif qui réside derrière notre peau, et qui cache les secrets de ce bien-être que nous ressentons à la suite de pressions cutanées : en bref, plus de cinq millions de cellules sensorielles localisées sur la surface de notre peau contribuent à générer les sensations de bien-être que l’on sait. Le toucher devient alors féerique non seulement de par la détente et les bienfaits physiques qu’il apporte, mais aussi de par la relation qualitative qu’il instaure entre les personnes. «Il faut d’abord qu’il existe une certaine énergie positive entre le patient et le masseur, une sorte de fluide qui passe entre les deux, sans quoi il est très difficile de profiter de la thérapie», nous confie Rosette Abi Khalil, une physiothérapeute qui connaît sur le bout des doigts les secrets du corps et ses multiples souffrances. Les douleurs cervicales et lombaires, c’est son domaine d’expertise, pour avoir, 26 ans durant, aidé ses patients à les surmonter, sinon à les dépasser totalement. Un de ses patients, Joseph, lui a d’ailleurs attribué le surnom de gomme magique, car elle arrive à supprimer, dit-il, toutes les tensions qui viennent loger sournoisement dans les muscles et articulations. Joseph souffre effectivement de trois pincements au cou, un quatrième au bas du dos, et d’une légère scoliose. Il pratique ce qu’il appelle la médecine préventive, pour éviter que la maladie ne vienne un jour le surprendre. Acculé par son travail à voyager régulièrement, Joseph accumule les tensions entre un voyage et l’autre. Changement fréquent de lit, déplacements dans des taxis inconfortables, port de valises, etc., autant de facteurs qui fragilisent sa santé, sans compter le stress issu des difficultés quotidiennes du travail. «Alors, pour ne pas me retrouver un beau jour dans un des ces hôpitaux à l’étranger où l’on vous traite à coups de pilules colorées, je me suis astreint à des séances régulières de massages, nous confie ce septuagénaire. Les mains de Rosette sont comme des détecteurs électroniques. Elle décèle immédiatement les points de stress et les travaille avec des doigts de fée». Cependant, par-delà le traitement préventif que lui administre la jeune physio depuis plus de 10 ans, c’est une dimension autre qui entre en jeu. «Elle a un optimisme contagieux, relève-t-il sur un ton mi-sérieux mi-rieur. Elle n’est jamais tendue lorsqu’elle travaille». Il faut dire que Rosette accompagne souvent ses massages de chansons qu’elle fredonne allègrement tout en pétrissant les muscles de son patient, au grand bonheur de celui-ci. Le contact humain «Très souvent, les gens qui viennent chez nous n’ont absolument rien, médicalement parlant, dit-elle. Je devine tout de suite que leur problème est psychique». C’est le contact humain qu’ils viennent rechercher en réalité et c’est précisément la parole qui va les soulager, note Rosette Abi Khalil, qui poursuit: «Il existe des machines très sophistiquées qui peuvent aujourd’hui effectuer les massages les plus efficaces techniquement, mais la majorité des physiothérapeutes restent convaincues qu’elles ne peuvent en aucun cas remplacer le massage traditionnel avec les mains». L’on comprend alors aisément pourquoi en Occident le massage est utilisé de plus en plus dans des traitements contre la toxicomanie, l’anorexie ou la dépression. En France, des expériences multiples sont effectuées dans des hôpitaux où le massage est introduit comme un supplément thérapeutique, parfois même comme une alternative aux médicaments afin d’aider les toxicomanes à «décrocher». À l’hôpital Cochin de Paris, le physiothérapeute participe autant que le médecin traitant à la cure de désintoxication. Massage du bas du dos et de la poitrine, frottements légers sur le visage, le recours aux pressions cutanées sert souvent de traitement à effet sédatif pour réduire l’anxiété du toxicomane, en état de sevrage. Des applications du même genre ont été également adoptées dans le cas des anorexiques, dont le rapport au corps est généralement très perturbé. Ainsi, c’est par le toucher que les anorexiques vont tenter, petit à petit, de se réconcilier avec leur corps. Mais qu’est-ce qui déclenche donc cette sensation d’euphorie et de bien-être qui a également pour effet indirect la résistance à la douleur ? Provoquant la sécrétion d’hormones et de neurotransmetteurs, le toucher engendre une sensation de relaxation et de bien-être qui est également recherchée dans les cas de dépression, d’anxiété et de trouble du sommeil. Bref, la médecine classique semble s’ouvrir de plus en plus à des remèdes dont certains sont d’ailleurs inspirés de pratiques traditionnelles très anciennes. Tous les médecins ne sont pas convertis à cette idée, c’est le moins qu’on puisse dire. Pour bon nombre d’entre eux, les massages se limitent à leur objectif initial, c’est-à-dire dans certaines indications en physiothérapie. Toujours est-il, que par-delà les indications purement médicales de la massothérapie (maux de dos, drainage lymphatique, digi-puncture etc.), plusieurs autres types de massage se développent, dont les messages dits esthétiques ou de relaxation. Le dernier en date vint d’ailleurs de faire son entrée au Liban. Il s’agit du massage traditionnel thaïlandais, reconnu pour ses bienfaits au niveau de la souplesse corporelle, de l’amélioration de la circulation sanguine et du transit intestinal. Inspirée du Yoga, cette pratique, qui remonte à 2 500 ans, est également apparentée aux techniques de massage japonaise, chinois et indienne. Mais encore, et quels que soient les techniques ou rituels en jeu pour restituer un état de détente et de bien-être, le toucher apparaît indéniablement comme un outil de communication vers l’autre, une touche de douceur de vivre «afin de réduire l’isolement tactile qui nous menace», pour reprendre les termes de Tiffany Field.* * Tiffany Field est la directrice de l’Institut de recherche sur le toucher de l’Université de Miami.
Massage, caresses, stimulations cutanées sont indéniablement des sources de détente et de bien-être. Et c’est sans hésitation aucune que nous nous abandonnons aux mains magiques du masseur, à la dextérité de ses doigts qui tentent de faire taire les multiples douleurs accumulées dans les endroits les plus éprouvés de notre corps. Usé et abusé, ce dernier tire la sonnette d’alarme...