L’armée colombienne affirme avoir brisé la vaste offensive de la guérilla communiste des derniers jours et lui avoir infligé, avec 202 tués, les plus grosses pertes des dernières années. Dans un véritable communiqué de victoire, les forces armées régulières déclarent avoir non seulement repoussé les 24 attaques lancées depuis jeudi par les «Forces armées révolutionnaires de Colombie» (Farc, 12 000 hommes) mais, dans la plupart des cas, mis l’ennemi en fuite. Elles reconnaissent de leur côté avoir perdu 23 militaires tués pendant le seul week-end. «Nous avons fait échouer 98 % des actions terroristes démentielles des Farc, leur infligeant le plus grand revers des derniers temps», a affirmé le commandant des forces armées colombiennes, le général Fernando Tapias, lors des funérailles dimanche des 36 soldats tombés sous les balles de la guérilla dans deux attaques jeudi dernier aux portes sud de Bogota. Pour arrêter l’élan de la guérilla qui veut se placer en position de force pour les négociations de paix qui devraient s’ouvrir le 20 juillet, l’armée, forte de 250 000 hommes en comptant la police, avait dû dépêcher des renforts un peu partout et faire intervenir l’aviation et des hélicoptères de combat. Elle a aussi dû faire décréter le couvre-feu depuis samedi, sur 30 % du territoire et notamment autour de la capitale. L’armée et la Croix-Rouge, ont découvert ce week-end une fosse commune où étaient enterrés, selon eux, 32 des 38 guérilleros tués dans les combats de jeudi au sud de Bogota. Les corps de 20 autres guérilleros noyés dans les eaux du Rio Putumayo, au sud du pays, alors qu’ils tentaient de s’enfuir, auraient également été repêchés. L’armée devait faire hier un bilan plus précis pour la presse et présentera dans le Meta, à 110 kilomètres au sud de Bogota, les corps de «bon nombre» de guérilleros tués. Les Farc, qui mènent leur combat depuis 40 ans, ont multiplié, ces dernières semaines, une nouvelle série de défis au gouvernement, tant par leurs attaques qu’en repoussant à plusieurs reprises l’ouverture réelle des discussions de paix et qu’en continuant leurs enlèvements de civils pour obtenir des rançons afin «d’alimenter leur trésor de guerre». Il est vrai que jamais la position militaire des Farc ne semble avoir été aussi forte ni leurs troupes aussi nombreuses et si bien armées, grâce aux revenus de la dîme sur le trafic de drogue, l’extorsion et les rançons. Tout cela sans aide extérieure. Ce qui a permis au numéro 2 des insurgés, Jorge Briceno, de répondre avec superbe à Fidel Castro qui affirmait que «ce n’était plus l’heure des guérillas en Amérique latine». «Chacun a droit à son opinion et, en Colombie, les guérillas sont justifiées par la violence, la faim, le chômage, la misère, la torture». Les Cubains ont fait leur révolution sans notre aide et nous, nous faisons la nôtre sans la leur, avait-t-il conclu.