La 35e conférence au sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) se réunit du 12 au 14 juillet à Alger, alors que le continent, en proie à une série de conflits meurtriers, connaît un niveau de violence inédit depuis la création de l’organisation en 1963. Ces conflits, qui opposent des États ou se déroulent à l’intérieur même des pays seront, comme c’est souvent le cas, le principal point à l’ordre du jour de ces assises africaines annuelles qui se sont jusqu’ici montrées incapables de les régler. La rencontre d’Alger débutera toutefois sur une note d’espoir après la signature mercredi à Lomé d’un accord de paix entre les belligérants en Sierra Leone et l’approbation à Lusaka d’un projet de cessez-le-feu par les parties au conflit en République démocratique du Congo (RDC). Le sommet de l’OUA se tient cette année dans un pays où les violences opposant les intégristes islamiques aux forces de sécurité algériennes ont fait quelque 100 000 morts, selon les autorités. Alger compte sur ce sommet pour entamer un retour sur la scène internationale. Sur les 27 conflits armés majeurs qui avaient cours dans le monde en 1998, onze se déroulaient en Afrique, selon l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). Sur les six nouveaux conflits recensés la même année, cinq ont éclaté en Afrique : en Angola, en Éthiopie et en Érythrée, en Guinée-Bissau et en RDC. En outre, sur les sept les plus meurtriers, figurent cinq pays africains : l’Algérie, le Soudan, la RDC, la Sierra Leone et le Rwanda, selon ce même institut. La «conjugaison d’États aux institutions faibles et de ressources naturelles se trouvant sur place a contribué à créer un environnement dangereux attisant les conflits» dans l’ensemble du continent, souligne le Sipri en citant notamment l’exemple de l’Angola et de la RDC. En Angola, note-t-il, les combats font rage autour des champs de pétrole et des mines de diamants «dont les ressources servent à entretenir des forces armées». 90 % du fardeau mondial des maladies Outre leur effet dévastateur sur les économies de l’Afrique – «où 4 personnes sur dix vivent dans des conditions de pauvreté absolue», selon la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) – ces conflits génèrent près du tiers des réfugiés dans le monde, soit quelque 6,5 millions de personnes, selon le Haut-commissariat aux réfugiés des Nations unies (HCR). Le développement et l’intégration économiques de l’Afrique, dont il sera également question à Alger, est obéré également par les ravages faits par le sida. L’Afrique, qui ne possède que 10 % des ressources mondiales, supporte 90 % du fardeau mondial de la maladie, indique l’Organisation mondiale de la santé (OMS) selon laquelle au moins 1,8 million des 2,5 millions de décès dus au sida sont survenus sur ce continent en 1998. À toutes ces difficultés, s’ajoute la réduction de l’Aide publique au développement (APD) des pays occidentaux de plus en plus lassés par la situation de l’Afrique et plus accaparés par leurs propres problèmes tel le conflit du Kosovo, qui contribuent à occulter l’actualité africaine. Certains conflits africains sont ainsi carrément tombés dans l’oubli comme la Somalie où il n’existe plus d’État depuis longtemps. Dans ce contexte, la réduction par les pays industrialisés du G7 de la dette des pays les plus pauvres, dont la majorité sont africains, n’a pas l’air de susciter l’enthousiasme. Sur le plan de la démocratie, la bonne nouvelle est venue du géant africain qu’est le Nigeria. Le pays le plus peuplé d’Afrique a retrouvé la démocratie après 15 ans de dictature militaire. Toutefois, une prise du pouvoir par les armes s’est produite dans trois pays : les Comores, le Niger et la Guinée-Bissau. Autre développement notable: la Libye revient en force dans les affaires du continent africain après la suspension des sanctions qui la frappaient. Le sommet de l’OUA pourrait lui servir de tremplin. Le dernier sommet de l’OUA s’est tenu en juin de l’année dernière à Ouagadougou au Burkina Faso.