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PÉTROLE - La valse des regroupements s'amplifie face à un environnement très concurrentiel L'OPE de TatalFina sue ELF accélère le mouvement de concentration
le 08 juillet 1999 à 00h00
Avec son offre sur le français Elf Aquitaine, le franco-belge TotalFina ouvre un nouveau chapitre dans le processus de concentration dans le secteur pétrolier, dicté par la recherche de la taille critique dans un environnement très concurrentiel. En l’espace d’un an, deux géants ont vu le jour : BP a ouvert la valse des fusions à l’été 1998 en se rapprochant de l’américain Amoco puis d’Arco, tandis que les deux premiers américains, Exxon et Mobil, entamaient leur fusion. Exxon-Mobil, BP-Amoco-Arco et l’anglo-néerlandais Shell se retrouvent ainsi au coude à coude. «À peine constitué, le groupe TotalFina était encore quatre à cinq fois plus petit que chacun des membres de ce trio», relève Thierry Desmarest, Pdg du groupe issu de la fusion du français Total et du belge Petrofina, dans un entretien au quotidien Le Monde. Au cours des 12 derniers mois, 60 % des 15 premières compagnies pétrolières ont ainsi pris part à des mouvements de fusion, rappelle le PDG de TotalFina. «Nous ne pouvions laisser passer une complémentarité aussi évidente» entre TotalFina et Elf Aquitaine, a-t-il indiqué. Le mouvement de concentration a été encouragé par la chute des prix du pétrole brut l’an dernier. «La faiblesse des prix a rendu certaines proies plus faciles» car elles étaient du coup moins chères, souligne Peter Bogin, de l’organisme de consultants américains Cambridge Energy Research Associates (CERA). La course à la taille est devenue la préoccupation majeure des compagnies pétrolières, soucieuses de réaliser des économies dans un monde très concurrentiel. «Le pétrole est devenu une activité où les marges de profit sont très réduites, relève M. Bogin. La concurrence s’exerce entre les compagnies qui ont les frais les plus bas». Or «le marché préfère les sociétés qui ont les coûts les plus faibles» et qui offrent les plus gros bénéfices aux investisseurs, souligne M. Bogin. Même si les cours du brut se sont raffermis depuis le printemps, l’industrie pétrolière estime que les prix sont orientés à la baisse sur le long terme. Pour M. Bogin, alors que la fourchette actuelle est de 14 à 18 dollars le baril pour le Brent de mer du Nord, d’ici 10 à 15 ans les prix pourraient baisser à 12-16 dollars. «Le pétrole est concurrencé par d’autres énergies», comme le gaz naturel ou les énergies alternatives, notamment dans la production d’électricité ou le chauffage. Dans les transports, le monopole du pétrole est à terme menacé. Résultat : «Il n’y a plus de certitudes sur la demande», selon M. Bogin. «Il reste de la marge pour de nouvelles concentrations, par exemple entre les petites compagnies américaines indépendantes», estime pour sa part Leo Drollas, expert pour le CGES (Centre for Global Energy Studies) à Londres. «Si l’on veut concurrencer BP Amoco, Shell ou Exxon-Mobil, il faut grossir». Mais, selon M. Drollas, dans ce processus de concentration, «le revers de la médaille, c’est la difficulté de contrôler ces grandes entreprises». Tous les projets de fusion ne vont pas jusqu’à leur terme : les négociations entre les américains Texaco et Chevron ont échoué. Si le rapprochement TotalFina/Elf réussit, dorénavant «l’attention va se tourner vers l’Allemagne» où cohabitent trois compagnies – Veba Oel, RWE et Wintershall –, dans un pays qui ne produit ni gaz ni pétrole, prédit M. Bogin.
Avec son offre sur le français Elf Aquitaine, le franco-belge TotalFina ouvre un nouveau chapitre dans le processus de concentration dans le secteur pétrolier, dicté par la recherche de la taille critique dans un environnement très concurrentiel. En l’espace d’un an, deux géants ont vu le jour : BP a ouvert la valse des fusions à l’été 1998 en se rapprochant de l’américain Amoco...
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