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Actualités - OPINION

COURRIER Plus royalistes que le roi

À l’heure où se déroule le plus grand procès du siècle, celui de l’État américain contre Bill Gates/Microsoft pour raison de monopole, nous adoptons au Liban l’attitude contraire et renflouons les caisses de Microsoft en créant une loi en sa faveur. Il est indéniable que la loi sur le piratage est tout ce qu’il y a de plus logique, correct, et doit incontestablement exister. Surtout qu’il nous faut montrer au monde une nouvelle image du Liban, une image positive, donnant confiance, et prouver que nous pouvons nous intégrer au système économique international. En revanche, nous ne devons en aucun cas tomber dans le piège consistant à accepter intégralement et de facto la demande de Microsoft et des autres fournisseurs de logiciels, à savoir que chaque société devra payer des droits sur chacun des ordinateurs qu’elle possède, équipé d’un logiciel Microsoft ou autre. Pour être plus clair, si une société, banque ou industrie possède 50 ordinateurs et que 40 de ceux-ci utilisent un logiciel signé, elle devrait verser des droits d’achat équivalents au nombre de postes en service, ce qui est énorme et inconcevable, même si telle est la pratique dans le monde. Messieurs les ministres, nous sortons d’une guerre et sommes en train de nous réinstaller et reconstruire nos entreprises. Nous avons besoin de réduire nos frais au minimum et non d’engager des dépenses qui iront à des tiers qui, en plus, les rapatrieront dans leur pays d’origine. Sans oublier que nous sommes dans une période de crise économique particulièrement difficile. Ne pensez vous pas qu’au lieu de remplir les poches de M. Bill Gates (une fortune équivalente à 10 fois le budget de notre État) et de ses pairs avec l’argent du contribuable, il serait plus simple de faire appliquer la loi sur la protection du piratage sur un seul logiciel par société en donnant l’autorisation à celle-ci de le dupliquer au sein de l’entreprise, après en avoir bien entendu informé officiellement l’État et les développeurs du nombre de copies effectuées ? Avec ce système, on protégerait ainsi le profit que l’État pourrait engranger de la vente de ces logiciels, tant il est vrai que l’État a énormément besoin de rentrées, et que c’est à nous de les lui trouver. Rien de plus simple, à ce titre, que d’établir une redevance (il y a bien une redevance télé en France) sur le nombre de logiciels dupliqués au sein de l’entreprise, équivalente à une valeur comprise entre 10 et 25% de la valeur du logiciel. – L’État recouvrerait ainsi amplement ses droits et même davantage que ce qu’il pourrait récupérer des développeurs de logiciels. – L’utilisateur économiserait entre 75 et 90% sur ces frais d’achat de programmes. – L’usager, qui aujourd’hui paie obligatoirement 100% du prix des logiciels, n’en réglerait que 25% au maximum. De l’argent qui resterait au pays au lieu de sortir à l’extérieur. Microsoft et ses homologues n’ont sûrement pas besoin de ces fonds autant que nous. Nous devons commencer a reconstruire en préservant nos intérêts avant ceux des autres. Messieurs les ministres, ne pensez-vous pas qu’il faudrait revoir cette loi et, si possible, rapidement ? Son changement ne pourra que renflouer les caisses de l’État comme Microsoft et ses pairs renflouent les leurs, naturellement toutes proportions gardées.
À l’heure où se déroule le plus grand procès du siècle, celui de l’État américain contre Bill Gates/Microsoft pour raison de monopole, nous adoptons au Liban l’attitude contraire et renflouons les caisses de Microsoft en créant une loi en sa faveur. Il est indéniable que la loi sur le piratage est tout ce qu’il y a de plus logique, correct, et doit incontestablement exister....