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Actualités - INTERVIEWS

CONGRES - Des spécialistes de 30 pays francophones à Beyrouth La dermatologie à l'heure libanaise

Un congrès médical de la plus haute importance a rassemblé à Beyrouth la fine fleur de la dermatologie mondiale le 22e Congrès international de l’Association des dermatologistes francophones s’est tenu à l’Université Saint-Joseph, comme prévu, sous le haut patronage du président de la République. Non seulement la blitzkrieg de M. Netanyahu n’a eu aucun effet négatif sur la participation mais bien au contraire, les organisateurs ont eu l’agréable surprise de se voir déborder par des centaines d’inscriptions inattendues de dernière minute. Cette manifestation regroupe tous les trois ans les dermatologues francophones du monde entier. La première édition s’était tenue en France en 1910, les deux dernières éditions avaient eu lieu au Canada (1992) et au Portugal (1995). Pour le comité d’organisation, présidé par le professeur Roland Tomb, chef de service à l’Hôtel-Dieu de France, il s’agissait avant tout de marquer le retour du Liban sur la scène scientifique internationale et de relever un important défi celui d’accueillir plusieurs centaines de dermatologues parmi les plus brillants du monde, venus de près de 30 pays. Au terme de plusieurs jours de débats des centaines de participants ont été rejoints par leurs familles afin de profiter de leur séjour libanais. Pour visiter quelques sites touristiques. Nous avons rencontré à cette occasion le Dr Corrado Del Forno, de l’Université de Pavie, un fervent habitué des congrès francophones, qui nous a livré ses impressions. Question - Quels sont été les aspects les plus frappants de cette manifestation ? – Avant tout, une caractéristique fondamentale et particulière des congrès de la dermatologie francophone l’atmosphère amicale, je dirais même fraternelle, que l’on respire tant dans les séances de travail que dans les mille occasions de rencontres, et qui rend ces congrès si différents. Ils réunissent non seulement les dermatologues qui ont le français comme première langue, mais tous ceux qui ont un lien direct ou indirect avec la francophonie : rigueur scientifique associée à la joie de vivre et à l’esprit de liberté. À mon avis, le congrès de Beyrouth a admirablement et merveilleusement restitué cette atmosphère, rendue encore plus agréable par la chaleureuse hospitalité libanaise. Une autre constation qui m’a frappé, c’est la participation massive et enthousiaste des dermatologues libanais ; si l’on avait besoin d’un spécialiste de la peau au Liban ces derniers jours on ne pouvait le trouver que rue de Damas, au campus des sciences médicales de l’USJ. Sans parler des éminents spécialistes français (quel autre congrès international réussit-il la gageure de rassembler la quasi-totalité des professeurs de dermatologie de la France entière ?), belges, suisses, luxembourgeois mais aussi portugais, italiens, espagnols, grecs, tchèques et slovaques etc. Toute l’Afrique du Nord francophone était là avec des délégations actives et massives de Tunisie, du Maroc, d’Algérie. D’autres congressistes sont venus de très loin, du Mali, du Burkina, de Madagascar et même de Guyane, la patrie de Papillon. Venir des cinq continents et partager si fraternellement une même langue, une même culture, je trouve cela extraordinaire. Je le dis d’autant plus facilement que je suis italien ! Pour vous autres Libanais, cela devrait constituer un grand motif de fierté et de satisfaction. Q.- Quel a été le thème des sessions ? – La densité des sessions scientifiques a été telle qu’il est difficile de les résumer. Pour vous en donner une idée, j’ai été chargé avec mes collègues E. Heid de Strasbourg et R. Kamoun de Tunis de sélectionner les 3 meilleurs posters pour décerner des prix. Nous n’avons eu que l’embarras du choix : une centaine de sujets, venus des quatre coins du monde, avaient été proposés. Quant aux conférences, elles ont su concilier, dans leur diversité, les deux extrêmes : d’une part, la dermatologie du futur, les apports et les avancées de l’informatique, les acquisitions d’Internet, les nouveautés sur les sites web, la photographie digitale et, d’autre part, les problèmes pratiques des pays les plus démunis qui souffrent encore de maladies endémiques et ancestrales comme la lèpre et la tuberculose et dont certaines sont en pleine résurgence. D’autres grands thèmes ont retenu mon attention : la peau et la grossesse, la dermatologie pédiatrique, la peau et l’environnement. Mais il y a eu aussi des sujets un peu plus «frivoles», qui devraient intéresser les belles Libanaises : la cosmétologie, la médecine esthétique, les rapports haine-amour de la peau avec le soleil. À ce propos, il convient de souligner l’admirable assiduité aux séances de travail (des amphis de 300 personnes pleins en permanence), des discussions passionnées mais détendues, en dépit des tentations touristiques. Et un deuxième point qui m’a beaucoup frappé aura été représenté le très haut niveau scientifique des écoles maghrébines et libanaises du fait, sans doute, de leurs liens étroits avec le monde francophone. Q.- «Au total, il s’agit donc d’un séjour réussi et fructueux au Liban ? – Je ne vous ai pas tout dit. L’organisation parfaite due au professeur Roland au Dr Édouard Makhoul, à leurs épouses et leurs collègues nous a impressionnés. La cérémonie d’ouverture, présidée par le ministre Chaoul, représentant le président de la République, a été l’une des plus réussies : subtil mélange de poésie, de musique et de sculptures dans les charmants jardins de la faculté de médecine, de l’USJ, allocutions chaleureuses, dont celle du Dr Tomb manifestement très ému d’accueillir tant de monde, surtout après les derniers événements et soulignant avec enthousiasme que la reconstruction du Liban est aussi médicale et scientifique. Parmi les autres manifestations inoubliables, je citerais la soirée de gala au Casino du Liban avec une représentation exceptionnelle de la troupe Caracalla. L’opéra dansé Elissa, reine de Carhage, mélange enchanteur de couleurs, de lumières et de musique, donné de surcroît en français, nous a littéralement coupé le souffle... sans parler les bouquets de feux d’artifice surgissant de la mer et qui ont éclairé le dîner donné sur la terrasse. La joie de vivre des Libanais, leur raffinement, leur enthousiasme : on pouvait sentir tout cela à la fois. Un autre temps fort : la délocalisation, pour toute une journée, des sessions de travail vers le cœur du Liban et les somptueux palais de Beiteddine. Associer de manière si heureuse le travail scientifique aux loisirs culturels, c’est aussi un miracle libanais. Les congressistes sont unanimes sur ce point, qu’a souligné l’ambassadeur de France, M. Daniel Jouanneau : «Une manifestation de l’ampleur de celle-ci, organisée avec un enthousiasme si contagieux ne peut que renforcer notre attachement au Liban et notre optimisme quant à son avenir».
Un congrès médical de la plus haute importance a rassemblé à Beyrouth la fine fleur de la dermatologie mondiale le 22e Congrès international de l’Association des dermatologistes francophones s’est tenu à l’Université Saint-Joseph, comme prévu, sous le haut patronage du président de la République. Non seulement la blitzkrieg de M. Netanyahu n’a eu aucun effet négatif sur la...