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Actualités - CHRONOLOGIE

CANADA Vivre en français au Manitoba : une lutte de tous les jours

Pour «vivre en français», les quelque 51 000 francophones du Manitoba (centre du Canada) qui ne représentent que 4 % de la population de la province, mènent depuis des années une lutte tenace contre l’assimilation à la majorité anglophone. Concentrés à Saint-Boniface, en banlieue de Winnipeg, et dans une quarantaine de villages ruraux du sud de la province, les francophones forment une communauté très soudée, dotée d’institutions fortes, qui tente de maintenir, voire de renforcer son identité, tout en misant résolument sur le sentiment d’appartenance provinciale. «Les francophones sont bien vivants au Manitoba, avec une communauté dynamique qui joue son rôle comme partie intégrante de la société manitobaine», souligne Michel Chartier, président de la Société franco-manitobaine, principal organisme de défense de leurs droits. À Saint-Boniface, patrie de la romancière Gabrielle Roy et berceau de la francophonie de la province, on «vit» en français, quitte à franchir le pont pour aller travailler en anglais dans la capitale, où le «bilinguisme» est l’un des atouts des francophones pour obtenir des emplois publics. Le collège universitaire de Saint-Boniface attire d’ailleurs nombre d’étudiants anglophones pour une «immersion» en français. Le gouvernement «reconnaît aujourd’hui que le français est un atout spécial pour la province», même économiquement, remarque M. Chartier, citant l’exemple de la Banque royale du Canada qui a choisi le Manitoba pour implanter son centre canadien de téléservices à cause du «personnel bilingue qu’elle pouvait y recruter». L’histoire des franco-manitobains n’a toutefois pas été facile, depuis sa découverte par les traiteurs de fourrure canadiens-français au XVIIIe siècle. Cette région des Prairies est devenue «Colonie de la Rivière-Rouge», à majorité francophone et métisse – descendants de «coureurs des bois» francophones et d’Amérindiennes. À la suite d’un soulèvement populaire mené par Louis Riel, elle a choisi le statut de province canadienne en 1870, sous la condition d’une reconnaissance de sa dualité linguistique et culturelle. Sous l’effet de l’immigration ontarienne et britannique, les francophones deviennent minoritaires et perdent rapidement leurs droits linguistiques. En 1916, la langue française devient même quasi clandestine avec l’interdiction de l’enseignement en français, maintenue pendant 51 ans.
Pour «vivre en français», les quelque 51 000 francophones du Manitoba (centre du Canada) qui ne représentent que 4 % de la population de la province, mènent depuis des années une lutte tenace contre l’assimilation à la majorité anglophone. Concentrés à Saint-Boniface, en banlieue de Winnipeg, et dans une quarantaine de villages ruraux du sud de la province, les francophones forment...