ALLEMAGNE - Le Bundestag se déplace de Bonn vers Berlin Le "déménagement du siècle" a commencé

Le «déménagement du siècle», de Bonn vers Berlin, tant attendu depuis la réunification allemande en 1990, a pris sa vraie dimension lundi avec le départ des bords du Rhin du Bundestag, Chambre basse du Parlement, chancelier, ministres et les 669 députés devant prendre leurs quartiers dans la capitale d’ici la rentrée. Le transfert du Bundestag, un travail de titan réglé par ordinateurs, va s’étaler sur quatre semaines et les bords du Rhin à Bonn, qui ont abrité pendant 50 ans la vie politique de la RFA, n’offrent déjà plus qu’un alignement de camions et cartons de déménageurs, entre lesquels slaloment piétons et voitures. Chaque nuit, jusqu’au 31 juillet, un train chargé de meubles et dossiers du Bundestag va effectuer les 600 km qui séparent Bonn de Berlin, la date-butoir pour le début de l’activité gouvernementale et parlementaire à Berlin étant le 6 septembre. Au total, ces 24 trains transborderont 30 000 meubles et 38 km de dossiers. La «République de Berlin» aura alors enfin revêtu ses habits de lumière. Il aura fallu huit ans pour que le vote historique du Bundestag, qui avait décidé à une très courte majorité (338 contre 320 voix) la grande migration vers Berlin, le 20 juin 1991, devienne réalité. En refermant le chapitre de Bonn jeudi, avec la dernière séance du Bundestag sur les bords du Rhin, nombre de ténors politiques ont insisté toutefois sur la continuité de la République, quelle qu’en soit la capitale. «Le retour du Parlement et du gouvernement à Berlin n’est en aucun cas la restauration de quelque chose de passé, mais le couronnement des aspirations des Allemands à l’unité, au droit et à la liberté», a proclamé l’ex-chancelier Helmut Kohl dans un discours en forme de manifeste. Son successeur, Gerhard Schröder, qui n’a jamais caché son impatience à quitter la provincialité bonnoise, s’installera dès le 23 août dans la capitale. Il devra se contenter dans un premier temps de locaux provisoires, la nouvelle chancellerie ne devant être achevée qu’à l’automne 2000. À Berlin, tout le centre historique, anémié par 40 ans de grisaille communiste, a subi un lifting d’envergure, autour de l’avenue Unter den Linden (Sous les Tilleuls), pour pouvoir accueillir Parlement et ministères. Pour des raisons de coûts – le déménagement va coûter la bagatelle de dix milliards d’euros (10,2 milliards de dollars) – le gouvernement d’Helmut Kohl avait finalement privilégié la rénovation du «patrimoine» existant sur la construction de nouveaux ministères.