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GUIDE DES MÉTIERS - Un secteur en pleine mutation La banque : un besoin de diplômes , mais surtout de professionnalisme
Par EL_HAGE Anne-Marie, le 06 juillet 1999 à 00h00
Autrefois, la banque séduisait les jeunes en quête de sécurité, leur offrant des salaires élevés, une souplesse dans les horaires et la possibilité d’exercer un autre emploi l’après-midi. Les choses ont changé depuis, et la banque est aujourd’hui un secteur en pleine mutation que l’on appelle d’ailleurs l’industrie bancaire. Car elle est plus sophistiquée et regroupe tout un ensemble de professions qu’on embrasse non plus avec l’optique d’un employé, mais dans le but d’y faire une carrière aussi brillante que possible. Mais une industrie où l’on assiste aussi à une certaine précarité de l’emploi due à la globalisation et aux nombreuses fusions entre les banques (1). Deux professionnels du métier présentent la profession bancaire sous deux aspects différents. Fernand Sanan est directeur du Centre d’études bancaires, établissement créé en 1967 par l’Association des banques du Liban en collaboration avec l’Université Saint-Joseph. Il présente la filière universitaire telle qu’elle est suivie au Liban, et les débouchés qu’elle offre aux étudiants. Quant à Antoine Konisky, responsable de l’ingénierie financière au Crédit Lyonnais, diplômé de la Sorbonne, de l’École centrale de Paris et de Harvard, il décrit les réalités du métier à partir de son expérience personnelle. Cursus universitaire On intègre actuellement la banque par deux portes. La petite, ouverte aux détenteurs d’un Bac seconde partie, recrute des employés qui occupent les postes du bas de l’échelle. Certains stagneront à ce niveau durant toute leur carrière, alors que d’autres, montrant des qualités et une motivation remarquables, seront sélectionnés par la banque où ils travaillent pour entreprendre le premier cycle d’études bancaires, étalé sur trois ans d’études. Ils en sortiront avec le diplôme du DESB et des connaissances sur les différentes opérations bancaires ainsi que les notions gravitant autour de ce noyau central. Quant aux détenteurs d’une licence, dispensés de l’année préparatoire, ils pourront obtenir le même diplôme après deux années d’études. Le centre d’études bancaires offre de plus un deuxième cycle de formation, étalé sur 15 mois effectifs de cours formant des cadres intermédiaires généralistes. Ce second cycle est généralement proposé par une banque à ses cadres d’expérience, détenteurs d’un diplôme universitaire ou du DESB, et ayant l’étoffe d’un directeur. «15 candidats seulement sont admis chaque année à ce cycle dont le programme est actuellement en phase de modernisation», précise Fernand Sanan. Le CEB prépare aussi des séminaires de 6 à 9 mois, pour former des spécialistes dans des professions déterminées de la banque. Des certificats spécialisés sont alors délivrés, permettant d’accéder à des fonctions supérieures dans la banque. Quant à la grande porte, elle est généralement ouverte aux universitaires qui ont une connaissance approfondie des disciplines financières. Ils peuvent être détenteurs de maîtrises, ou de spécialisations en finances après une licence en économie, en gestion, en droit, en génie ou même en ressources humaines. Évidemment, il n’y a pas une seule et unique voie universitaire idéale à suivre pour arriver à la banque armé d’un bagage solide, «mais tout parcours universitaire, aussi impressionnant soit-il, devra nécessairement être accompagné de la connaissance parfaite d’au moins deux langues vivantes, ainsi que de la maîtrise de l’ordinateur à un degré élevé», insiste Fernand Sanan. Antoine Konisky, quant à lui, ajoute trois critères de sélection basés sur son expérience personnelle dans l’ingénierie financière. «La nécessité d’avoir des connaissances générales dans les différents secteurs de l’économie, un profil scientifique pour savoir évaluer un projet mathématiquement et le sens du marketing». Les candidats devront de plus faire leurs preuves sur le terrain, c’est-à-dire savoir communiquer, savoir s’adapter au marché, faire preuve de curiosité scientifique, d’ouverture et d’un minimum de bon sens. À ces conditions de base s’ajoute le professionnalisme dans le travail, impératif de taille pour réussir dans le métier. Des débouchés variés Car la banque devient exigeante. «Elle ne se suffit plus de gens ordinaires, remarque Fernand Sanan, car elle en a trop. Elle est bourrée de gens stagnant à la base, de licenciés sans motivation, de bureaucrates». Et de bureaucrates, la banque n’a point besoin aujourd’hui. «Elle requiert des gens de terrain qui vont vers le client, qui étudient ses besoins et ses problèmes et lui proposent une solution adéquate, explique M Konisky. Car nul ne peut évaluer les risques d’une opération s’il ne va pas voir sur place comment elle fonctionne ou doit fonctionner». En fait, chaque branche bancaire offre ses débouchés et exige une formation spécifique. Le service de la clientèle engagera des candidats ayant une orientation marketing et sachant vendre. Alors que d’autres services demandent des administratifs, des comptables, des gestionnaires, des financiers, économistes ou autres. De plus, constate M Sanan, avec l’évolution de la profession, «on assiste à l’émergence d’une nouvelle fonction très importante, celle de directeur des ressources humaines». Celui-ci planifie les besoins stratégiques de la banque en matière de personnel, de même qu’il effectue des plans de carrière, gère la qualité du personnel et sa productivité. Mais, déplore Antoine Konisky, «cette fonction n’est pas encore assez développée au Liban et un jeune diplômé risque encore de stagner des années dans un même service, faute de directeur des ressources humaines pour lui établir un plan de carrière». Quant aux salaires de départ payés dans les banques, ils suivent la loi de l’offre et la demande et diffèrent selon que la banque soit locale ou étrangère et selon le diplôme du candidat. Ils peuvent donc évoluer entre 300 et 600 dollars pour un licencié, alors qu’un jeune spécialiste est payé de manière plus adéquate, recevant parfois des offres allant de 60 000 à 100 000 dollars par an. D’où «l’importance de la spécialisation, remarque M. Konisky, celle-ci représentant un atout non négligeable pour démarrer avec un salaire élevé. Le reste, ajoute-t-il, viendra avec l’expérience et les qualités propres à chacun». (1) Voir L’Orient-Le Jour des 15, 17, 25, 27, 31 mai et des 1er, 5, 8, 15, 19, 22 et 29 juin.
Autrefois, la banque séduisait les jeunes en quête de sécurité, leur offrant des salaires élevés, une souplesse dans les horaires et la possibilité d’exercer un autre emploi l’après-midi. Les choses ont changé depuis, et la banque est aujourd’hui un secteur en pleine mutation que l’on appelle d’ailleurs l’industrie bancaire. Car elle est plus sophistiquée et regroupe tout un...
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