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Actualités - CHRONOLOGIE

Djukanovic exige une égalité totale avec la Serbie Milosevic tente de désamorcer le conflit avec le Monténégro

Slobodan Milosevic veut éviter l’éclatement de la Fédération yougoslave en manifestant pour la première fois une volonté de réconciliation avec la direction pro-occidentale du Monténégro. Belgrade est prêt à «mettre de côté» son différend avec le président monténégrin Milo Djukanovic «au nom de l’unité de la fédération yougoslave», selon des sources proches du pouvoir citées en éditorial par le quotidien progouvernemental Politika. Jamais depuis l’élection, non reconnue par M. Milosevic, du président réformateur monténégrin, il y a un an et demi, Belgrade n’avait tenté pareille ouverture. Vendredi à Rome, M. Djukanovic a réitéré ses attaques contre le président yougoslave, l’accusant de menacer le développement du Monténégro et d’entraver la démocratisation de la Serbie. M. Djukanovic, qualifiant la politique de M. Milosevic de «catastrophique», a prévenu qu’une absence de volonté de Belgrade d’engager des réformes démocratiques pourrait entraîner la sécession du Monténégro de la fédération qu’il forme avec la Serbie depuis 1992. Le Monténégro exige une révision de la Constitution qui lui garantisse une parfaite égalité avec la Serbie. Ses dirigeants ne veulent plus laisser M. Milosevic décider en leur nom, comme il l’a fait en proclamant l’état de guerre contre l’Otan, une décision qu’ils ont refusé d’appliquer, exacerbant la tension avec les troupes yougoslaves stationnées au Monténégro. Selon la Constitution actuelle, le Monténégro (650 000 habitants) n’a que 30 sièges au Parlement, alors que la Serbie en détient 108. «Ou c’est une égalité à cinquante-cinquante, ou chacun doit se prendre en charge à 100 %», a dit mercredi M. Djukanovic. Confronté aux sanctions occidentales dans un pays effondré par la guerre, au danger de troubles sociaux et à une contestation grandissante de ses opposants, M. Milosevic tente de rallier les principales forces politiques au sein d’un gouvernement d’union nationale. Le Premier ministre Momir Bulatovic a déjà entamé des consultations à cet effet. Mais l’un des principaux chefs de l’opposition, Vuk Draskovic, refuse d’entrer dans le gouvernement tant que Belgrade ne se sera pas réconcilié avec M. Djukanovic. «Il ne peut y avoir de gouvernement fédéral s’il n’est pas le fruit d’une entente démocratique entre la Serbie et le Monténégro», a affirmé jeudi M. Draskovic. La Serbie souhaite que ses différends avec Podgorica soient «surmontés ou pour le moins mis de côté au nom du renforcement de l’unité de la fédération et des changements dont tout le monde a besoin», écrit Politika. Le journal laisse entendre que Belgrade n’exclut pas de reconnaître la légitimité du pouvoir de M. Djukanovic: son comportement «indigne» est avant tout l’affaire «des institutions des électeurs monténégrins», fait-il valoir. L’éditorial relève que «les aspirations séparatistes» des dirigeants monténégrins ont été «mises en veilleuse» sur le conseil de leurs «mentors» étrangers, qui craignent que cela ne provoque un nouveau conflit dans les Balkans. Le secrétaire général de l’Otan, Javier Solana, avait souligné vendredi qu’il ne fallait pas «modifier les frontières». «Nous avons changé trop de frontières en Europe (...) Nous ne devons pas jouer avec cela», a-t-il. En même temps, M. Solana a averti que l’Otan ne tolérerait aucune action militaire menée par Belgrade contre le Monténégro. Le général Wesley Clark, commandant suprême des forces de l’Otan en Europe, avait affirmé la veille que Belgrade avait dépêché des renforts militaires au Monténégro. Le département d’État américain a accusé de son côté M. Milosevic de maintenir 40 000 soldats au Monténégro, une présence militaire «quatre fois supérieure à la normale». Ce chiffre n’est pas confirmé de source officielle monténégrine. Dans les milieux proches du gouvernement, on indique que quelque 15 000 réservistes mobilisés, sur un total d’environ 35 000 soldats déployés au Monténégro pendant les frappes de l’Otan, ont été rendus ces derniers jours à la vie civile.
Slobodan Milosevic veut éviter l’éclatement de la Fédération yougoslave en manifestant pour la première fois une volonté de réconciliation avec la direction pro-occidentale du Monténégro. Belgrade est prêt à «mettre de côté» son différend avec le président monténégrin Milo Djukanovic «au nom de l’unité de la fédération yougoslave», selon des sources proches du pouvoir...