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Actualités - INTERVIEWS

PLAN QUINQUENNAL - " Diagnostic complet , précis" Samir Nasr : La fin de l'ère de l'improvisation

Davantage que le contenu même du plan quinquennal élaboré par le gouvernement, c’est la démarche qui satisfait l’économiste Samir Nasr, PDG du bureau de consultants ECE. «Une telle réflexion n’avait pas été entreprise depuis des décennies; jamais un diagnostic aussi complet, précis, n’avait été établi par des spécialistes et une volonté aussi claire de réformes affichée», dit-il. «Nous sommes enfin sortis de l’ère de l’approximation et de l’improvisation qui, si elle fonctionnait avant-guerre, ne peut plus perdurer en temps de crise», ajoute-t-il. Notant la difficulté qu’il y a à résumer en quatre à cinq mois la situation économique d’un pays, qui n’a pas été évaluée scientifiquement depuis des décennies, M. Nasr préconise une démarche évolutive. La procédure de redressement demande du temps, c’est pourquoi le document de travail présenté ne doit pas être considéré comme une Bible. Son opinion! «Ce qui compte, c’est la démarche, la réflexion en terme de chiffres, de mesures concrètes, en terme de possibilités et d’options». La nécessité de prendre rapidement des mesures est incontestable, estime M. Nasr, qui se dit satisfait, dans l’ensemble, par celles proposées par le gouvernement. «Mais le pragmatisme est la composante essentielle de l’action économique. Aujourd’hui, le plan donne la direction à suivre, calcule la vitesse à laquelle il convient d’évoluer et la longueur de la route, mais c’est au conducteur de réagir à la circulation, aux impondérables», Le programme de travail ne peut en effet prendre en compte, dès le départ, tous les éléments d’ordres politique, conjoncturel, psychologique, juridique, etc, qui interfèrent avec l’économie. L’essentiel est de vérifier en permanence l’impact des mesures prises, l’œil rivé sur un tableau de bord qui doit être mis à jour et complété régulièrement, poursuit-il. Pas de miracles «J’ai confiance dans l’équipe au pouvoir pour mener cette tâche à bien, mais je sais qu’il ne faut pas s’attendre à des miracles». Jugeant que le plan est «un bon pas dans la bonne direction», M. Nasr émet quelques réserves quant à son contenu. «J’aurais souhaité un calendrier plus précis pour les privatisations, car je suis partisan d’une accélération du processus qui doit être mené parallèlement à une réforme des marchés financiers et de la Bourse». Selon lui, l’urgence aurait dû dicter des limites temporelles, adaptées au cas par cas, pour les différentes étapes que doit franchir la privatisation : passage à un statut de société commerciale, règlement des problèmes de personnel, élaboration du cadre juridique, constitution des dossiers pour le passage au secteur privé… En ce qui concerne la réforme fiscale, autre volet important du plan de redressement proposé, M. Nasr approuve l’objectif fixé : atteindre une pression fiscale globale supérieure à 20% du PIB. «La TVA est aussi indispensable, surtout si nous voulons nous engager dans l’euro-partenariat», estime-t-t-il. Mais, souligne M. Nasr, si le débat ne porte pas sur l’effort fiscal à fournir, il devra s’engager sur la répartition de cet effort. Selon lui, «chaque groupe concerné étant réticent a priori à payer sa part, il faut entamer un dialogue qui soit le plus large et approfondi possible. Il reviendra ensuite au gouvernement de procéder à des arbitrages en veillant à ne pas obérer excessivement le pouvoir d’achat des salariés ou la capacité d’autofinancement des entreprises». La volonté de changement existe, le gouvernement doit désormais passer à la phase de communication et de débat (contradictoire), car seule l’adhésion populaire rendra son action légitime, conclut M. Nasr.
Davantage que le contenu même du plan quinquennal élaboré par le gouvernement, c’est la démarche qui satisfait l’économiste Samir Nasr, PDG du bureau de consultants ECE. «Une telle réflexion n’avait pas été entreprise depuis des décennies; jamais un diagnostic aussi complet, précis, n’avait été établi par des spécialistes et une volonté aussi claire de réformes...