Actualités - CHRONOLOGIE
LES FILMS À LA TÉLÉ Le réel le dispute à l'imaginaire et la science rejoint la fiction au cinéma
Par PLISSON Alain, le 05 juillet 1999 à 00h00
Vous allez être projetés dans l’avenir aussi bien avec «Terminator» et «Trouble in Mind» que «Zardoz» mais aussi rejoindre la réalité avec le conflit afghan, illustré dans «Beast of War», et savourer l’amusante parodie de la mafia avec «Married to the Mob». L’ambition de John Boorman dans Zardoz est évidente. Il y a créé un monde imaginaire qui est, en fait, un commentaire sur notre société. Nous sommes en 2293. Depuis 1990, date de l’écroulement de la société industrielle, la terre n’est plus qu’un amas de ruines. Seul, un petit nombre de privilégiés, les riches, les puissants, les savants et les penseurs, a réussi à éviter la catastrophe. Ils veulent sauvegarder la connaissance et les trésors de la civilisation en étant les gardiens du passé. Leur monde nouveau s’appelle le Vortex. L’activité sexuelle y est considérée comme avilissante et indésirable. Zardoz, un faux dieu, distribue aux Exterminateurs les armes qui leur sont nécessaires pour dominer les Brutes et rapporte en échange les fruits de leur agriculture, indispensables à la survie des habitants du Vortex. Mais Zed, un Exterminateur, réussit à pénétrer dans le Vortex... Malgré certaines références précises à la mythologie anglo-saxonne (le titre est naturellement inspiré du Magicien d’Oz, au Moyen Âge, à la légende du Graal et au Cycle de la Table Ronde). L’histoire est plus ambitieuse que convaincante et on est souvent désorienté par ce mélange d’idées et de symboles. Certains détails, tels la «tête volante» de Zardoz, inspirée par un tableau de Magritte et par les sculptures géantes du Mont Rushmore, et les costumes, sont passionnants, mais il est difficile au spectateur de pénétrer réellement au sein de cette aventure mythologico-futuriste dont Boorman semble avoir gardé pour lui les principales clés. Diffusion lundi à 23h00 sur MTV Avec The Beast of War, nous plongeons dans un conflit qui n’est pas encore terminé. C’était en 1981 et l’Afghanistan était le théâtre d’une guerre qui opposait la résistance afghane à l’envahisseur soviétique. Si, depuis, les Soviets ont quitté le pays, le conflit s’y poursuit, tout aussi sanglant, entre des factions rivales qui s’en disputent le contrôle. Un village afghan est attaqué par une colonne de chars soviétiques. La résistance locale, peu et mal armée, ne peut éviter les destructions massives. L’une des «bêtes de guerre», nom donné aux blindés, est toutefois détruite par une bombe artisanale. Ce qui a pour conséquence d’aviver le sadisme de l’un des chefs soviétiques, Daskal, un communiste pur et dur, qui fait, pour l’exemple, écraser un résistant sous les yeux de sa fiancée. Un acte qui révolte les maquisards rescapés mais aussi Koverchenko, le pilote du char, contraint de se plier à cet ordre barbare. La victime était un chef respecté, aussitôt remplacé par Taj qui jure de le venger. C’est alors que l’on apprend qu’un blindé s’est égaré dans le désert. Il s’agit précisément de celui de Daskal... Style nerveux et mise en scène minimaliste pour évoquer le conflit afghan et, par-delà, l’absurdité de la guerre en mêlant habilement débats idéologiques et scènes d’action dans de superbes et impressionnants décors. Une bonne surprise. Diffusion lundi à minuit sur LBCI Deux films déjà annoncés ressurgissent : Dances With Wolves change de chaîne. Après le Canal 9, il est à l’affiche de Télé-Liban ce mardi à 21 heures. Le second film Anatomy of a Murder de Preminger n’avait pas été diffusé. Lorsqu’Otto Preminger réalise en 1959 Anatomy of a Murder, il est au faîte de sa gloire. Adapté du roman de Robert Traver, le film est un triomphe, avec un arrière-goût de scandale. Car, pour l’époque, le sujet et surtout les termes employés dans la procédure judiciaire prêtaient alors à la controverse. Aujourd’hui, Anatomy of a Murder ne choquera personne mais l’œuvre reste ce qu’elle est : c’est-à-dire parfaitement maîtrisée et sans faiblesses, malgré ses 160 minutes de projection. L’histoire tourne autour d’un procès. Un crime passionnel. Un officier de l’armée est accusé d’avoir abattu un de ses camarades qui s’était attaqué à sa femme. Y a-t-il eu viol ou provocation? Le meurtre était-il passionnel ou simplement un règlement de comptes? Les joutes oratoires sont d’autant plus passionnantes qu’elles sont défendues par des comédiens hors pair. Arthur O’Connell, en avocat ivrogne, Joseph Welsh dans le rôle du juge (il l’était aussi dans la vie) et surtout James Stewart, en avocat de la défense, sont brillants. Duke Ellington composa la partition musicale et apparaît dans une séquence du film. Diffusion mardi à minuit sur LBCI Une bonne comédie : voici de quoi vous divertir en ce milieu de semaine avec un portrait pittoresque de la mafia américaine et de la petite bourgeoisie, à travers les mésaventures d’une femme de gangster qui se croit «libérée à la mort de son mari». Hélas, elle se retrouve «mariée» au gang, comme l’indique le titre du film de Jonathan Demme : Married to the Mob. La belle et pulpeuse Angela De Marco est mariée à un mafioso, Frank. Ils ont un fils, Joey. Angela a tout pour être heureuse matériellement, mais elle ne supporte plus le milieu dans lequel elle est obligée de vivre. De plus, elle est lasse des incartades de son tumultueux époux, qui ne se gêne pas pour la tromper. Ce dont elle rêverait, ce serait de partir et d’oublier cette ambiance de violence et de crimes organisés. Or, Frank est assassiné par le «parrain» qui l’a découvert dans les bras de sa propre maîtresse. Enfin libre, Angela vend ses biens et s’installe, avec son fils, dans un quartier sordide de New York... Mais le «parrain» énamouré de Angela entend la retrouver coûte que coûte! Une parodie de film noir traitée avec un humour décapant. Le regard sur la middle-class américaine ne manque ni d’acuité, ni de pittoresque. C’est cocasse, vif, sentimental aussi, avec une merveilleuse Michelle Pfeiffer. Diffusion mercredi à 21h30 sur LBCI Restons dans le quotidien avec le regard désenchanté de Barry Levison qui réalisait avec Dîner son premier film. Baltimore (Maryland), durant l’année scolaire 1959. C’est au Dîner, restaurant bon marché, ancêtre des fast-foods contemporains, que se réunissent le plus souvent cinq amis inséparables pour qui cette dernière année scolaire constitue un tournant : Shrevie, marié, dont le ménage subit assez mal l’épreuve du temps ; Boogie, qui parle d’improbables études de droit entre ses parties de dragues et ses paris financiers catastrophiques, et vit une idylle à peine ébauchée avec la femme de Shrevie ; Billy, que sa petite amie sacrifie à ses ambitions professionnelles ; Fenwick le plus marginal, surdoué, dont le comportement asocial et provocateur cache un profond désarroi; enfin Eddie, qui n’épousera sa petite amie, vierge comme lui-même, que si elle répond à un questionnaire draconien concernant l’histoire du football. Tous sont une dernière fois réunis pour le mariage de ce dernier. Dîner n’est pas qu’un «teen-age movie rétro» de plus. Si ce dernier film de Barry Levinson, d’inspiration autobiographique, se révèle dans sa première partie dangereusement affecté par la vacuité même des personnages et de l’univers dépeints, il parvient ensuite (juste à temps, d’ailleurs) à donner chair à ces héros anodins et à tirer un meilleur parti dramaturgique de leurs «lacunes» : situation de flottement perpétuel, hésitation entre adolescence et âge adulte, doutes, craintes, désarroi, dépits (voir l’excellente scène du pari organisé entre mâles, farce qui tourne court au bord de la tragédie). Même s’il mise sur une nostalgie volontiers attendrie, Dîner a l’intelligence de ne convoquer les clichés d’un genre passablement galvaudé (rituels adolescents, blagues, dragues, etc.) que pour mieux les retourner et en faire ressortir l’amertume et la dérision. Autres clichés, autre complaisance, certes ; mais c’est tellement mieux que Grease... Diffusion vendredi à 21h30 sur MTV Retour au futur avec Trouble in Mind du Canadien Alan Rudolph, qui jouit d’un préjugé très favorable auprès des cinéphiles. Un ancien policier idéaliste, ayant servi une peine de prison, vit dans une caravane au cœur des montagnes, avec sa femme et son enfant. Un jour, il décide de descendre à Rain City où il se trouve mêlé à la faune d’une boîte qui sert de rendez-vous à des marginaux. Ce mélange de «film noir», tel qu’il se pratiquait dans les années 40, et de futurisme (puisque le film se déroule à une époque indéterminée) joue tellement sur le vague et l’irréel qu’il dégage à la fois une sorte de fascination et d’ennui... Il n’en demeure pas moins que le style de Rudolph est foncièrement original... Diffusion dimanche à 23h00 sur TL1 Et terminons sur une note «ultrafuturiste» avec le film de James Cameron Terminator ou la confrontation dantesque entre deux cyborgs, créatures mi-hommes, mi-robots. Le Terminator, un cyborg envoyé du futur, débarque à Los Angeles avec mission d’attenter à la vie d’une certaine Sarah Connor. Il commence par massacrer trois jeunes loubards pour voler leurs vêtements tandis qu’arrive dans un autre quartier de la ville un second cyborg, Kyle Reese, chargé, lui, de contrer le Terminator dans son action meurtrière. Circulant entièrement nu, il s’attaque à un clochard pour lui voler son pantalon et attire ainsi l’attention de la police. Cerné dans un entrepôt, Reese parvient néanmoins à s’enfuir en emportant un fusil resté dans l’une des voitures de police. Sarah ignore le drame dont elle va faire l’objet et poursuit son existence d’étudiante... C’est le prototype du film musclé dont James Cameron s’est depuis fait une spécialité avec notamment Alien et True Lies. Un rôle en or aussi pour l’ex-culturiste Arnold Schwarzenegger, figure de proue d’un spectacle futuriste dont l’imagination débordante n’a d’égale que l’originalité des effets spéciaux. Grand Prix du Festival d’Avoriaz. Diffusion dimanche à minuit sur LBCI
Vous allez être projetés dans l’avenir aussi bien avec «Terminator» et «Trouble in Mind» que «Zardoz» mais aussi rejoindre la réalité avec le conflit afghan, illustré dans «Beast of War», et savourer l’amusante parodie de la mafia avec «Married to the Mob». L’ambition de John Boorman dans Zardoz est évidente. Il y a créé un monde imaginaire qui est, en fait, un...
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