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SOCIÉtÉ- Une tasse de café le matin et un verre de vin le soir Les plaisirs simples ou le bonheur accessible
Par KHODER Patricia, le 05 juillet 1999 à 00h00
Certains consacrent leur temps à chercher le grand bonheur. Et ils sont souvent déçus. D’autres se contentent de plaisirs simples sans lesquels la vie perdrait toute sa douceur. Ainsi, c’est grâce à ces moments agréables que la plupart d’entre nous vivent, sans le savoir, des fragments de bonheur. Respirer le parfum d’une fleur, dormir dans des draps frais, prendre un café chaud le matin, croquer les oreilles d’un petit beurre, regarder les barques des pêcheurs la nuit, sentir la caresse du soleil sur sa peau… Les plaisirs simples, petits bonheurs quotidiens, existent. Ils sont liés aux différents moments de la journée, aux saisons ainsi qu’aux affinités et habitudes de chacun. Bien qu’accessibles à tous, ils passent souvent inaperçus. «Nommez un plaisir simple». La phrase semble incompréhensible à beaucoup. Et c’est surtout en pensant à ce dont on pourrait être privé dans notre quotidien que l’on trouve souvent la réponse. Ainsi Marcelle (architecte d’intérieur) répond : «Boire quand j’ai soif, manger quand j’ai faim et prendre un bain quand j’ai chaud». Dans le même ordre d’idée, Joe (publicitaire et enseignant) évoque un plaisir simple perdu. «Entendre le ronron de mon chat, qui venait dormir à mes côtés tous les soirs». Depuis la disparition du chat, Joe, qui est célibataire, dort en serrant un nounours ou un coussin dans ses bras. Pour Éliane (propriétaire d’une boutique de prêt-à-porter), le plaisir simple auquel elle tient le plus, «c’est le sommeil entre mon premier et mon deuxième réveil». Et d’expliquer que son réveil «sonne deux fois à huit heures et à huit heures trente du matin». «Ce sont ces trente minutes de sommeil qui changent toute ma journée», indique-t-elle. Marlène (cadre) évoque aussi son sommeil du matin: «Quand je sais que je peux me passer d’une journée de travail, j’aime entendre le réveil sonner puis me rendormir, c’est un petit bonheur», dit-elle. La sonnerie du réveil s’arrêtera seule et Marlène fera la grasse matinée. Une fois réveillé, c’est le fait de prendre le café (ou n’importe quelle autre boisson) qui est considéré comme un petit plaisir de la vie. Évoluant dans un environnement pressé et bruyant, on rate souvent ce moment privilégié. Un instant qui devrait être vécu, dans le meilleur des mondes, dans le calme et la tranquillité. Malheureusement, ce n’est pas souvent le cas. Quelques-uns cependant entament les bons moments au réveil avant même se lever du lit. Wadih (restaurateur hôtelier) évoque sa première cigarette de la journée. «Quand j’ouvre les yeux le matin, avant même de lever la tête, je tends ma main droite vers le paquet posé sur la commode», dit-il. Malgré les mises en garde des spécialistes et des campagnes de sensibilisation, la cigarette figure souvent parmi les petits plaisirs de la vie. Pour Georges (cadre), c’est la cigarette après le déjeuner, et les autres, plus nombreuses, qu’il fume en regardant la télévision. «C’est pour cette raison que je n’aime pas aller au cinéma, indique-t-il, car je sens que quelqu’un m’a privé d’une partie d’un bonheur presque quotidien». Regarder la télévision compte aussi parmi les plaisirs simples les plus cités. «Le soir, j’aime m’affaler dans un fauteuil devant la télévision sans me concentrer sur les images ou sans même zapper», explique Marlène. Pour que cet instant de plaisir-paresse atteigne son apogée, certains précisent qu’ils aiment, dans ces moments, disposer à portée de main d’un paquet de chips. Beaucoup de plaisirs «d’ordre comestible» dépendent des moments de la journée. Georges ne peut pas vivre sans son litre de jus de fruits pris à onze heures du matin. Et il est préférable de ne pas priver Wadih de son verre de vin dégusté en soirée. Sensations de bien-être D’autres moments de bonheur dépendent des saisons, par exemple la chaleur d’une couette en hiver. Corinne (spécialiste en animation sur ordinateur) évoque «les moments tranquilles passés devant la cheminée durant les nuits froides de l’hiver, et, en été, la fraîcheur de la maison de campagne après une journée passée à Beyrouth». «Se prélasser au soleil» est un plaisir estival pour Éliane. Certains plaisirs simples sont d’ordre psychosomatique. Georges, par exemple, aime conduire sa voiture même au milieu des embouteillages. «Si je ne vais pas au travail dans ma voiture chaque matin, je perds durant toute la journée mon sens de l’orientation», dit-il. D’autres sont exclusivement féminins. «Mon petit bonheur est de trouver une jolie paire de chaussures à dix mille livres», indique Myriam (cadre). Plaisir difficile à assouvir mais qui dure une fois l’objet du bonheur trouvé. «C’est une sensation de bien-être qui m’envahit chaque fois que je mets une paire achetée à petit prix», explique-t-elle. La sensation de bien-être physique est également associée au bonheur accessible. «J’aime prendre soin de moi, ça peut être un bain chaud ou une séance de manucure», indique Corinne. Selon Myriam, cette sensation de bien-être se traduit au quotidien par «une crème pour le corps le soir, et un parfum le matin». Pour Georges, c’est le fait de «trouver le matin les vêtements que j’ai en tête de mettre, sinon c’est toute la journée qui est perdue». Les habits doivent donc être propres et repassés. Beyrouthin, il précise que «c’est un plaisir simple perdu depuis les bombardements israéliens de la station électrique de Jamhour». Pour ceux qui aiment leur emploi, le travail est une source de petits plaisirs. Pour un journaliste, terminer un article ou être sur le terrain figure parmi des bonheurs quotidiens. Pour les enseignants comme Joe, c’est «sentir que les étudiants progressent et les intéresser au cours». Wadih indique, pour sa part, que «voir les employés souriants quand j’arrive au travail figure parmi mes plaisirs simples de tous les jours». Les plaisirs simples ne sont pas tout le temps des plaisirs égoïstes. Ainsi, rester avec une personne qu’on aime, ou se retrouver entre amis figurent parmi les plaisirs simples les plus cités. Ces sensations de bonheur, qualifiés souvent par les personnes interrogées «d’instants calmes et tranquilles», sont de plus en plus écourtés. Comme la tasse de café du matin, ces moments agréables disparaissent faute de disponibilité chez des personnes qui entament une course contre la montre chaque fois que le soleil se lève.
Certains consacrent leur temps à chercher le grand bonheur. Et ils sont souvent déçus. D’autres se contentent de plaisirs simples sans lesquels la vie perdrait toute sa douceur. Ainsi, c’est grâce à ces moments agréables que la plupart d’entre nous vivent, sans le savoir, des fragments de bonheur. Respirer le parfum d’une fleur, dormir dans des draps frais, prendre un café chaud le...
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