Actualités - CHRONOLOGIE
NATIONS UNIES - L'ancien secrétaire général règle ses comptes avec Albright Boutros-Ghali : L'Onu est marginalisée
le 03 juillet 1999 à 00h00
L’ancien secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali, regrette la marginalisation croissante de l’Onu par les grandes puissances, mais il estime que l’organisation reste un forum irremplaçable pour les pays en développement. M. Boutros-Ghali a souligné que la guerre du Kosovo, où les pays de l’Otan ont ignoré l’Onu, a montré que l’organisation qu’il a dirigée pendant cinq ans (1992-1996) était «de plus en plus marginalisée». Le diplomate égyptien, 76 ans, qui fut un des artisans des accords de paix israélo-égyptiens de 1979, a été le premier chef de l’Onu à se voir refuser un second mandat en raison d’un veto de l’administration du président américain Bill Clinton. Il dirige aujourd’hui l’Organisation internationale de la francophonie qui compte une cinquantaine de pays. Dans un livre paru aux États-Unis sous le titre Unvanquished : a US-UN Saga («Invaincu : une saga États-Unis-Onu»), à paraître en octobre en France, il règle ses comptes avec Washington, dont il dénonce «l’hégémonie», et avec Madeleine Albright, actuelle secrétaire d’État, qui était à l’époque l’ambassadeur américain auprès de l’Onu. De cet épisode amer, M. Boutros-Ghali reconnaît «certainement une part de responsabilité» car «il faut être deux pour danser». Mais il dit avoir surtout eu «un peu de malchance dans la mesure où tous les vingt ans, l’élection du secrétaire général coïncide avec l’élection du président des États-Unis». Il estime avoir été victime d’une surenchère entre Bill Clinton et le candidat républicain Bob Dole qui avait fait de lui le bouc-émissaire de tous les maux de l’Onu. «Les rapports entre l’organisation internationale et la superpuissance sont extrêmement difficiles à gérer», affirme l’ancien secrétaire général. «Il s’agit de trouver un équilibre, ce n’est pas facile à trouver, cela dépend des personnes, des circonstances, des majorités au Congrès américain, de la personnalité du chef de l’État, des médias». Un forum pour les petits États À propos du rôle de l’Onu, M. Boutros-Ghali rappelle que l’organisation a déjà connu «des périodes où elle a été très marginalisée, comme pendant la guerre froide». Mais «l’Onu est le seul forum qui offre une possibilité aux petits États, aux États en voie de développement de faire entendre leurs voix, de faire entendre leurs espoirs, leurs doléances, leurs frustrations», dit-il. Il ajoute qu’«un renforcement de l’Onu permettrait aux petits États, aux groupes marginalisés de la société internationale, que ce soit les enfants ou les femmes, d’être protégés, de recevoir une attention». L’ancien secrétaire général regrette ainsi que le conflit du Kosovo éclipse «des atrocités analogues dans d’autres parties du monde et qui ne font l’objet d’aucune attention». Il relève ainsi qu’il y a aujourd’hui dans le monde «12 millions de réfugiés et personnes déplacées, mais on n’en parle pas». Pas plus, dit-il, que du régime «fanatique» de Kaboul ou de l’esclavage au sud-Soudan. Boutros Boutros-Ghali rappelle aussi que «personne n’a bougé» lors du génocide au Rwanda de près d’un million de Tutsis par des extrémistes hutus au printemps 1994. «Ils (les États-Unis) avaient même interdit l’utilisation du mot génocide», dit-il. Il affirme d’autre part que «le Conseil (de sécurité de l’Onu) tel qu’il a été conçu en 1945 ne correspond plus du tout à la réalité internationale». Selon lui, il faudrait en particulier limiter le droit de veto des cinq membres permanents (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) à la seule autorisation de la force. Il souligne que la francophonie peut aussi jouer un rôle dans l’équilibre mondial. «La défense de la diversité culturelle et du plurilinguisme permet de démocratiser les relations internationales» au même titre que «le multipartisme au sein d’une représentation nationale», dit le diplomate égyptien.
L’ancien secrétaire général des Nations unies, Boutros Boutros-Ghali, regrette la marginalisation croissante de l’Onu par les grandes puissances, mais il estime que l’organisation reste un forum irremplaçable pour les pays en développement. M. Boutros-Ghali a souligné que la guerre du Kosovo, où les pays de l’Otan ont ignoré l’Onu, a montré que l’organisation qu’il a...
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