Actualités - CHRONOLOGIE
Les pourparlers peuvent reprendre dès la fin août Syrie-Israël : la diplomatie du flirt , prélude sérieux aux négociations
le 03 juillet 1999 à 00h00
Les récents assauts d’amabilités entre le président syrien Hafez el-Assad et le nouveau Premier ministre israélien Ehud Barak laissent présager que des négociations syro-israéliennes pourraient reprendre rapidement, indiquent des diplomates occidentaux à Paris. Ces négociations – dont l’objectif est, pour la Syrie, la restitution totale du plateau du Golan occupé depuis 1967 et, pour Israël, la fin de l’état de belligérance et la pleine reconnaissance –sont interrompues depuis mars 1996. Adoptant un ton complètement nouveau, Hafez el-Assad a qualifié récemment M. Barak d’homme «fort et honnête» et de «dirigeant qui peut réaliser tout ce qu’il décide de faire». Délaissant sa légendaire prudence, le président Assad est allé plus loin : «Il est clair qu’il veut faire la paix avec la Syrie et qu’il avance selon un rythme bien étudié», a-t-il dit à l’occasion d’une rencontre avec son biographe, le journaliste britannique Patrick Seale. Dans un entretien parallèle avec le même journaliste, M. Barak a salué en Hafez el-Assad celui qui a «pu édifier une Syrie forte, indépendante et sûre d’elle-même». En flattant ainsi son adversaire, et en insistant sur le fait que la Syrie – plutôt que les Palestiniens – détient la clé de la paix au proche-Orient, M. Barak a montré ses priorités, d’autant plus que le retrait israélien du Liban, promis par le nouveau premier ministre, ne pourra se faire sans l’accord de Damas. «On sent chez Assad un élan et une volonté sincère d’aller de l’avant», affirme-t-on de source diplomatique à Paris. «Il y a dans les propos d’Assad un ton nouveau» qui laisse penser qu’il veut «entrer très vite en négociation, ce qui pourrait intervenir dès la fin août», renchérit Ghassan Salamé, directeur de recherche au CNRS (Centre national de la recherche scientifique). Ce spécialiste se dit cependant «plus sceptique sur leur conclusion rapide, car le nombre de sujets qui n’avaient pas été négociés il y a trois ans est énorme». «En matière d’arrangements de sécurité, Barak sera beaucoup plus exigeant que ses prédécesseurs», pronostique-t-il. En revanche, la question d’une «normalisation diplomatique» des relations entre des deux pays – sur laquelle insistait Israël dans le passé – est moins importante pour M. Barak, souligne ce spécialiste. Inquiétude de Arafat Du côté syrien, la nouveauté réside dans l’engagement de Hafez el-Assad dans la diplomatie ouverte, avec les récents messages aux Israéliens et la façon dont la presse officielle syrienne a quasiment «innocenté» Ehud Barak après les récents raids meurtriers israéliens sur le Liban. «Il se peut aujourd’hui que Damas soit suffisamment pressé, pour des raisons de politique intérieure, pour accepter l’idée israélienne d’un accord global sans toutefois remettre en cause l’objectif final qui est la restitution de l’ensemble du Golan», selon M. Salamé. La plupart des experts reconnaissent l’influence du facteur de politique intérieure – avec en toile de fond la question de la succession d’Assad, 69 ans, au pouvoir depuis 30 ans – sur les négociations. «Assad sait que son temps est compté. Quoi qu’on dise sur son immobilisme, l’homme est extrêmement avisé et sait que la conjoncture internationale est favorable à un accord de paix», explique un diplomate arabe en poste à Paris. «S’il fait la paix, il respectera ses engagements. Il n’est pas sûr que son successeur saura agir de la même manière», ajoute-t-il. Cette analyse est partagée par les responsables français qui estiment que la «convergence de vues» de tous les protagonistes sur le redémarrage du processus de paix, avec l’exigence de résultats dans les douze prochains mois – demandée par les États-Unis et l’Union européenne – crée «une situation nouvelle». Malgré tous ces indices, il est cependant trop tôt pour savoir si la région se trouve «au seuil d’une nouvelle ère», comme le pensent certains. D’autant que Yasser Arafat ne cache pas son inquiétude de voir le dossier palestinien risquer de faire les frais de cette course vers la paix.
Les récents assauts d’amabilités entre le président syrien Hafez el-Assad et le nouveau Premier ministre israélien Ehud Barak laissent présager que des négociations syro-israéliennes pourraient reprendre rapidement, indiquent des diplomates occidentaux à Paris. Ces négociations – dont l’objectif est, pour la Syrie, la restitution totale du plateau du Golan occupé depuis 1967 et,...
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