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De l'information à la préservation : Des efforts considérables à faire
Par NAJJAR Charles, le 03 juillet 1999 à 00h00
Depuis la fin de la guerre au Liban, le secteur du tourisme a connu une croissance continue qui s’est concrétisée par le lancement de plusieurs hôtels, clubs de loisirs et autres projets touristiques misant sur une progression rapide du nombre de touristes visitant le pays. Néanmoins, la fréquentation touristique s’est essentiellement limitée à des tours opérateurs organisant des circuits régionaux englobant aussi la Syrie et la Jordanie. De ce fait, l’afflux de touristes n’a pas atteint les niveaux escomptés, freiné par plusieurs facteurs structurels et conjoncturels qui handicapent le développement de l’activité touristique. Pour cela, plusieurs mesures doivent être prises d’urgence aussi bien par le gouvernement libanais que par les agences de voyages et les hôtels. Le secteur du tourisme au Liban souffre principalement d’une infrastructure largement déficiente aussi bien en ce qui concerne le réseau routier et le transport en commun que l’accès à l’information. En effet, l’absence de panneaux de signalisation routière, de plans de villes et d’indications précises sur le réseau de transport en commun entravent largement les déplacements des touristes dans les différentes régions du pays. Les touristes optent alors pour des séjours de courte durée en préférant recourir aux tours organisés par des agences spécialisées. Il est clair qu’un développement des panneaux d’indication sur les routes et dans les villes principales ainsi qu’une meilleure diffusion de l’information permettront de rendre les touristes plus autonomes et moins dépendants des tours organisés, ce qui les poussera nécessairement à prolonger leur séjour au Liban. En effet, en bénéficiant d’une certaine autonomie, le visiteur pourra s’attarder plus longtemps sur les sites touristiques, visités parfois hâtivement par les tours opérateurs. De plus, il sera incité à découvrir d’autres régions touristiques non intégrées dans les circuits traditionnels. De telles mesures doivent impérativement s’accompagner d’une amélioration sensible du réseau routier, ainsi que d’une pénalisation stricte des infractions au code de la route. En effet, la sécurité routière reste primordiale pour rassurer les touristes dans leurs déplacements. Développer les plages publiques Parallèlement, l’État libanais devrait s’atteler à aménager des plages publiques et profiter pleinement de la richesse inestimable que représente la façade maritime toujours négligée. En effet, le Liban souffre actuellement de l’absence de plages publiques faciles d’accès, ce qui entraîne un vif sentiment de déception chez le touriste habitué à une image «bleue» du Liban, souvent considéré comme «le balcon de la Méditerranée». Or, indépendamment des constructions anarchiques qui ont irréversiblement défiguré une bonne partie de la côte, le Liban peut encore profiter de plusieurs plages encore inexploitées mais malheureusement délaissées et souvent polluées. Le potentiel balnéaire du Liban est sous-estimé et de vastes étendues de plages restent totalement négligées en particulier à Jbeil, Batroun et Enfé, ainsi que sur la côte sud du Liban. Une vaste campagne de nettoyage de la côte libanaise doit être lancée sérieusement et de toute urgence avec l’aménagement de plages publiques de qualité, régulièrement entretenues et continuellement surveillées. Cela devrait encourager les touristes à envisager des séjours de longue durée au Liban, où ils pourront allier à la fois les journées de découverte des sites touristiques et les moments de détente au bord de la mer. De telles mesures permettraient aussi de promouvoir le tourisme national et de générer des revenus à l’État grâce à la restauration (snacks, paillotes, poissonneries…) et à la location de parasols, jet-skis et autres équipements de plage. Ces mesures doivent être une priorité pour l’État, qui pourrait éventuellement céder les droits d’exploitation à une société privée qui sera chargée de nettoyer certaines plages publiques et de les gérer pour une durée déterminée, suivant des conditions strictes définies à l’avance. Réaménager les sites touristiques délaissés D’autres efforts devraient être fournis pour sauvegarder des sites archéologiques ou naturels négligés à tort. L’exemple de la citadelle de Mseilha, sur la route du Nord, reste très significatif. Aux carrières criminelles qui ont totalement défiguré le site s’ajoute une négligence totale de la part des autorités responsables qui se traduit par une recrudescence de graffitis sur les murs de la citadelle et de détritus jonchant le sol. Or ce site est l’un des plus impressionnants du Liban et se caractérise par son parfait état de conservation et par son architecture exceptionnelle qui lui donne une allure de forteresse imprenable. Ce site mérite une attention toute particulière d’autant plus qu’il suffirait d’embaucher un gardien permanent pour prévenir tout acte de vandalisme. Cette situation déplorable se généralise malheureusement à plusieurs autres sites d’une importance capitale et dont la richesse est souvent mésestimée. Certains de ces sites sont même totalement méconnus des Libanais eux-mêmes. En effet, l’existence même de sites archéologiques tels que les temples romains de Niha, Kfar Zabad ou Majdel Anjar, ou la citadelle de Smar Jbeil… reste insoupçonnée autant des touristes que des Libanais. Un effort de promotion de ces sites doit être fourni aussi bien par l’État que par les agences de tourisme. À titre d’exemple, la ville de Batroun qui recèle d’importants sites archéologiques (ruines phéniciennes, amphithéâtre romain…) ainsi que des églises antiques, un port de pêcheur pittoresque et un vieux souk d’artisans… devrait faire l’objet d’un plan d’aménagement général avec surtout un nettoyage rigoureux de la côte. Un tel plan pourrait élever la ville au rang d’étape touristique indispensable, au même titre que Byblos. Les agences de tourisme ont un rôle important à jouer en intégrant de nouveaux sites dans leurs circuits traditionnels et en proposant aux touristes de découvrir des régions méconnues ainsi que certains villages typiques (Beit-Chabeb, Baskinta, Hasroun,…) situés hors des sentiers battus. Améliorer les services hôteliers et réduire les tarifs Le Liban possède un riche potentiel pour développer un tourisme basé sur des activités sportives en nature (randonnées, spéléologie, rafting…). Malheureusement, malgré l’existence de plusieurs clubs spécialisés ambitieux et dynamiques, ceux-là restent très peu connus du public et des touristes. Les hôtels devraient envisager des partenariats avec ces clubs spécialisés et fournir un effort supplémentaire pour informer leurs clients, à travers des brochures ou des affiches, des opportunités de loisirs qui s’offrent à eux et des différentes activités qui leur sont proposées. Les hôtels sont appelés à jouer un rôle de plus en plus croissant dans la promotion du tourisme. En effet, les hôtels devraient non seulement faciliter aux clients l’accès à l’information mais aussi améliorer les services offerts. Ils devraient par exemple envisager d’offrir à leur clientèle un transfert gratuit de l’aéroport à l’hôtel. Cela permettrait de sécuriser le touriste, de l’encadrer dès son arrivée et de le réconforter dans ses premières impressions souvent décisives pour le bon déroulement de son séjour. Une bonne coordination entre les différents hôtels d’une même région devrait permettre de proposer de tels services à moindres coûts. Les hôtels devraient surtout s’atteler à réduire leurs tarifs de manière radicale en les alignant sur ceux des pays avoisinants. De même, les compagnies d’aviation desservant le Liban devraient elles aussi s’accorder à diminuer leurs prix. En effet, bien plus que les prix des biens de consommation, les tarifs des chambres d’hôtel et des billets de voyage ont l’inconvénient d’être dissuasifs dans la mesure que c’est en fonction de ces tarifs-là que le touriste choisit souvent sa destination de voyage. En résumé, il faut impérativement chercher à rendre le touriste plus autonome et moins dépendant des circuits touristiques, et à lui faciliter l’accès à l’information. Le visiteur étranger devrait pouvoir envisager plus facilement des voyages individuels qu’il organisera selon son propre gré sans passer nécessairement par les agences de voyages.
Depuis la fin de la guerre au Liban, le secteur du tourisme a connu une croissance continue qui s’est concrétisée par le lancement de plusieurs hôtels, clubs de loisirs et autres projets touristiques misant sur une progression rapide du nombre de touristes visitant le pays. Néanmoins, la fréquentation touristique s’est essentiellement limitée à des tours opérateurs organisant des...
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