Actualités - CHRONOLOGIE
GRECE - Le gouvernement Simitis n'abordera pas les questions litigieuses Reprise du dialogue direct Athènes-Ankara
le 02 juillet 1999 à 00h00
La Grèce et la Turquie sont tombées d’accord mercredi à New York pour entamer des discussions bilatérales visant à détendre leurs relations, mais les deux voisins ont laissé de côté les questions les plus litigieuses. Les ministres turc et grec des Affaires étrangères, Georges Papandréou et Ismail Cem, se sont rencontrés pour la première fois lors d’une réunion à l’Onu en marge d’une conférence sur le Kosovo. Les deux ministres ont qualifié dans les mêmes termes leur rencontre de «pas positif dans la bonne direction». Ils ont annoncé aux journalistes être tombés d’accord pour avoir dès le mois de juillet des réunions séparées au niveau des hauts fonctionnaires dans cinq domaines : tourisme, environnement, culture, terrorisme avec crime organisé, trafic de drogue et migrations illégales, et commerce. Les deux pays ont aussi décidé d’accroître leur coopération pour la reconstruction des Balkans. Les deux ministres n’ont pas abordé les questions les plus délicates comme Chypre ou la limite de leurs eaux territoriales qui opposent les deux pays de l’Otan. La reprise du dialogue direct gréco-turc marque la volonté du gouvernement Simitis d’apaiser les relations avec Ankara, mais en aucun cas au prix d’une contestation de ses droits territoriaux en mer Égée, selon Athènes. «Il y a à mon sens un nouveau climat, cela peut être l’occasion de résoudre certains problèmes, mais il est trop tôt pour dire où cela mènera», commentait à Athènes un responsable qui a requis l’anonymat, tandis que la presse percevait avec méfiance l’initiative, attribuée à des «pressions excessives» (Kathimerini) de Washington sur Athènes. Chez les diplomates, on rappelait par exemple que parmi les multiples tentatives de dialogue, une déclaration commune de bon voisinage à Madrid en juillet 1997, publiée après un sommet entre le président turc Suleyman Demirel et le Premier ministre Costas Simitis, était restée lettre morte. La rencontre de New York marque néanmoins une évolution presque inespérée, après la crise des relations gréco-turques déclenchée par l’affaire Abdullah Öcalan. Ankara avait beau jeu de dénoncer le «soutien de la Grèce au terrorisme», concrétisé à ses yeux par l’hébergement clandestin à l’ambassade de Grèce au Kenya du chef du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, en lutte armée contre la Turquie). Ce lourd contentieux a été momentanément mis de côté. Aux yeux de la Turquie, il est prioritaire, au point que le dialogue amorcé à l’Onu résulte d’une proposition de M. Cem d’ouvrir une discussion centrée sur ce seul sujet. M. Papandréou peut au contraire souligner que les thèmes de débat retenus mercredi soir sont précisément ceux qu’il avait suggérés dans une lettre à M. Cem. «Il est fondamental que toute coopération sur le terrorisme prenne en compte les principes de base qui protègent les droits de l’homme» tels qu’ils figurent dans des accords internationaux signés par les deux pays, insistait le ministre grec dans ce courrier. Cette formule diplomatique tranche avec celle utilisée mardi par un porte-parole du gouvernement, Yannis Nicolaou. «Le problème kurde est un problème intérieur à la Turquie qui doit être résolu par des procédures politiques», rappelait-il. La « patte » de Papandréou Les diplomates à Athènes voient dans la démarche des petits pas «la patte personnelle» de Georges Papandréou, ministre des Affaires étrangères depuis quatre mois seulement, et dont la retenue et la sobriété tranchent avec le style flamboyant de son prédécesseur Théodore Pangalos. «Nous n’avons pas visé très haut, mais exactement là où des résultats pouvaient être atteints», a d’ailleurs souligné M. Papandréou après l’entretien avec son homologue. Si la méthode évolue, les positions de fond demeurent inchangées. M. Simitis dénonçait au mois de mars la «stratégie de toujours (de la Turquie), qui est de traîner Athènes vers un dialogue sur tous les sujets, afin de pouvoir le diriger selon ses souhaits et ses intentions expansionnistes». La Grèce refuse depuis des années de mener un dialogue global sans conditions avec Ankara, considérant que cela reviendrait à légitimer des revendications turques sur sa souveraineté en mer Égée. Ne reconnaissant l’existence que d’un différend sur la délimitation du plateau continental, elle en propose le règlement devant la Cour internationale de justice de La Haye, ce que refuse la Turquie. Elle n’a de cesse enfin de demander, conformément à une résolution des Nations unies, le retrait des troupes turques du nord de Chypre.
La Grèce et la Turquie sont tombées d’accord mercredi à New York pour entamer des discussions bilatérales visant à détendre leurs relations, mais les deux voisins ont laissé de côté les questions les plus litigieuses. Les ministres turc et grec des Affaires étrangères, Georges Papandréou et Ismail Cem, se sont rencontrés pour la première fois lors d’une réunion à l’Onu en...
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