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Actualités - CHRONOLOGIE

TURQUIE - La presse appelle l'État à ne pas pendre le chef du PKK La fin du procès d'Öcalan relance de débat sur la question Kurde

La fin du procès du chef rebelle kurde Abdullah Öcalan et sa condamnation à mort ont relancé en Turquie un débat sur la nécessité de s’attaquer à la racine du mal et au traitement de la minorité kurde, après 15 ans de guérilla et plus de 30 000 morts. La presse turque, en particulier libérale et islamiste, évoquait abondamment la question hier. Plusieurs éditorialistes appelaient l’État à renoncer à pendre Öcalan et à prendre des mesures pour régler le problème, notamment en accordant aux Kurdes des droits culturels. «La vraie question n’est pas de savoir si Öcalan sera exécuté, mais si la Turquie sera capable de prendre des mesures historiques pour résoudre un problème dont elle n’a pu s’extirper dans les 15 dernières années», soulignait le quotidien islamiste Zaman, en allusion à la rébellion kurde. «Nous savons qu’il y a des Kurdes qui vivent dans la République turque et qu’une majorité d’entre eux veulent vivre dans ce pays avec leur propre identité, langage, culture et traditions», relevait le quotidien libéral Radikal. «Exécuter (Öcalan) n’est pas une solution, l’important est de trouver une solution, pas une basse vengeance». L’aide économique au sud-est à majorité kurde a toujours été à l’agenda de l’État turc, qui voit dans son sous-développement la cause de la rébellion. Mais la question des droits culturels est tabou, puisqu’elle remet en cause cette théorie officielle et prend l’allure d’une concession aux «terroristes» (les rebelles séparatistes) qui veulent diviser la Turquie. Pour l’heure, une loi sur les repentis, temporairement en vigueur en Turquie, est de nouveau à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Elle prévoit des réductions de peine pour les maquisards du PKK qui déposeraient les armes. Et les réactions officielles à la condamnation du chef du Aarti des travailleurs du Kurdistan sont restées très retenues, sans aucun commentaire sur une exécution de la sentence, mesure qui ne manquerait pas d’aggraver la tension. Le chef du Parti de l’Action nationaliste MHP (extrême droite) Devlet Bahçeli, membre de la coalition gouvernementale de Bülent Ecevit et leader du deuxième groupe au Parlement, s’est ainsi abstenu de réitérer qu’il voterait pour la pendaison d’Öcalan si l’Assemblée est amenée à se prononcer au cas où la Cour de cassation confirmerait la sentence. «Au sommet de l’État, on est conscient des répercussions qu’aurait une exécution d’Öcalan et on cherche à temporiser», estime un diplomate occidental, évoquant notamment les appels européens contre une pendaison. Le processus conduisant à une éventuelle exécution du chef kurde peut prendre des mois, entre la procédure d’appel, une intervention de la Cour européenne des droits de l’homme et une éventuelle ratification par le Parlement. «Si le processus dure longtemps, la colère populaire contre Öcalan peut baisser et la pression sur les députés en faveur de la pendaison diminuer», estime un autre diplomate. Cela, ajouté à la modération de la réaction du PKK, permet un délai de réflexion à froid et ouvre plusieurs options. «Il y a un déblocage possible sur la question kurde après le procès», estime un analyste. «Pour l’instant, les Kurdes attendent que l’Europe fasse quelque chose et certains disent : “Pour le moment, on est calmes, mais si Öcalan est pendu, le sang coulera”», relève-t-il. Car il faut aussi compter avec «le côté très émotionnel turc» et le fait que «l’intégrité de l’État est plus importante que les pressions de l’Europe», ce qui pourrait amener à une pendaison d’Öcalan, estime-t-il.
La fin du procès du chef rebelle kurde Abdullah Öcalan et sa condamnation à mort ont relancé en Turquie un débat sur la nécessité de s’attaquer à la racine du mal et au traitement de la minorité kurde, après 15 ans de guérilla et plus de 30 000 morts. La presse turque, en particulier libérale et islamiste, évoquait abondamment la question hier. Plusieurs éditorialistes appelaient...