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Actualités - CHRONOLOGIE

ESPAGNE - Le géant des télécommunications veut dominer le marché hispano-lusophone Telefonica , conquistador du multimédia , à l'assaut du Nouveau Monde

Le géant espagnol des télécommunications Telefonica s’est lancé avec agressivité dans la construction d’un véritable empire multimédia pour dominer le marché en langues espagnole et portugaise. Ces dernières semaines, cette entreprise, dont la tour néo-gothique domine le centre de Madrid, dirigée par le très politique Juan Villalonga, a franchi deux étapes décisives pour s’assurer cette position dominante. Elle est entrée jeudi dernier dans le groupe multimédia britannique Pearson, leader mondial dans l’information économique avec le Financial Times ou l’Economist et largement impliqué dans l’audiovisuel. Peu avant, Telefonica s’était attaqué au très prometteur marché brésilien de l’Internet en concluant un accord avec le groupe Rede Brasil Sul, la plus grande opération de ce secteur réalisée dans le monde hispano-lusophone. Dans une autre démonstration de force, le groupe espagnol a récemment acheté, pour son bouquet numérique Via Digital, les droits de retransmission du club de football FC Barcelone et de la Ligue des champions jusqu’en 2008. Telefonica est actuellement obsédée par l’achat de contenus pour alimenter ses médias, espagnols et latino-américains, car ce groupe ne cherche pas seulement à posséder des canaux: il veut devenir autosuffisant. «La synergie du son, de la télévision et des données est une réalité. Pour cette raison, Telefonica doit être présente dans la télévision et les contenus», a souligné M. Villalonga en mars dans une de ses rares interviews. Depuis son arrivée à la présidence du groupe en 1996, il a manifesté son intention de convertir ce qui était une entreprise de transport de signaux en un authentique groupe multimédia. À coups de carnets de chèques et sans lésiner sur les moyens, cet entrepreneur de 47 ans, avec l’agressivité qui le caractérise, a forgé un véritable empire multimédia sur les deux rives de l’Atlantique, tout en achetant des opérateurs de téléphone dans divers pays latino-américains. L’offensive de la plus grande entreprise de communication espagnole a commencé en 1997, l’année de sa privatisation, avec l’acquisition de Via Digital, un des deux bouquets numériques d’Espagne, suivie peu après par l’achat partiel de la chaîne de télévision Antena 3. Depuis lors, le groupe de Villalonga n’a cessé d’étendre ses tentacules dans tous les secteurs sans se préoccuper de la rentabilité financière de ses investissements, comme l’achat cette année de Onda Cero et Radio Voz, deux stations de radio espagnoles dans le rouge. Dans la presse écrite, Telefonica a une participation dans le groupe Recoletos qui détient lui-même 30 % du journal madrilène El Mundo. Dans le secteur de l’Internet, elle a acheté le principal portail espagnol Olé. «Internet est un secteur stratégique pour nous. C’est un phénomène qui ne cesse de croître et nous voulons être bien situés», assure Villalonga. Le débarquement en Amérique latine touche pour le moment deux secteurs: la télévision par câble en Argentine, au Chili, au Pérou et sans doute bientôt au Brésil, et l’Internet, véritable filon à exploiter. Telefonica a investi plus de 400 milliards de pesetas (2,4 milliards d’euros) pour devenir un grand groupe multimédia lié, selon des analystes et l’opposition socialiste, au gouvernement de centre-droit de José Maria Aznar. «Il est clair qu’un grand nombre d’acquisitions de Telefonica en Espagne, comme celles d’Antena 3 ou des radios, ont un aspect politique», a confié un spécialiste du multimédia en Espagne. Dans le débat parlementaire sur l’état de la nation la semaine dernière, l’offensive de Telefonica dans le multimédia s’est transformée en cheval de bataille des socialistes contre le gouvernement.
Le géant espagnol des télécommunications Telefonica s’est lancé avec agressivité dans la construction d’un véritable empire multimédia pour dominer le marché en langues espagnole et portugaise. Ces dernières semaines, cette entreprise, dont la tour néo-gothique domine le centre de Madrid, dirigée par le très politique Juan Villalonga, a franchi deux étapes décisives pour...