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SANTÉ - Mieux vaut prévenir que guérir Contrôler les facteurs de risques des maladies du coeur
Par BAAKLINI Suzanne, le 01 juillet 1999 à 00h00
Première cause de mortalité dans le monde, les maladies cardio-vasculaires causent chaque année 4 000 morts subites, 4 000 crises cardiaques et 3 000 opérations à cœur ouvert au Liban, selon un fascicule édité par la Société libanaise de cardiologie. Pour la première fois cependant, un réel effort d’éveil sur les facteurs de risques, dans la prespective d’une meilleure prévention contre les problèmes cardiaques, vient de se manifester. Une campagne d’information a été lancée le 28 juin (date de la première «Journée nationale du cœur»), elle se poursuivra jusqu’au 3 juillet. La campagne de prise de conscience a été organisée à l’initiative de la Société libanaise de cardiologie et de la Société libanaise de nutrition, avec la coopération du ministère de la Santé et de son Programme national des maladies non transmissibles (géré conjointement avec l’Organisation mondiale de la santé). Au programme des campagnes médiatiques, des conférences, des conseils pratiques pour adopter un mode de vie plus sain. «Des études faites dans le monde ont montré que la prévention des facteurs de risques des maladies cardio-vasculaires réduit très significativement leur apparition et leurs conséquences : infarctus et morts subites», explique le Dr Charles Jazra, président de la Société libanaise de cardiologie. Les facteurs de risques par ordre d’importance (au Liban) sont le diabète, l’hypertension artérielle, le cholestérol, le facteur familial et génétique, le tabagisme et l’inactivité physique. Certains de ces facteurs sont modifiables, contrairement à ceux liés au sexe, à l’âge et à la famille. «Au Liban, une importante proportion de la population est à haut risque», poursuit le Dr Jazra. «De là vient la nécessité d’informer le public, qui a une responsabilité énorme dans le contrôle de la maladie et des facteurs qui peuvent la causer, sur la nécessité de manger mieux, de faire du sport, etc.». Les conseils pratiques qu’avance le Dr Jazra sont les suivants : – arrêter de fumer – en ce qui concerne le cholestérol, l’hypertension artérielle ou le diabète, il faut garder présent à l’esprit qu’il s’agit de maladies chroniques qui doivent être surveillées de très près. «Il faut savoir que s’il y a plus d’un facteur; le risque est multiplié et pas simplement ajouté», précise le Dr Jazra. «En d’autres termes, si une personne a du cholestérol et qu’elle fume, il existe bien plus de risques pour elle de contracter une maladie cardio-vasculaire que si elle n’était exposée qu’à un seul facteur de risques». Manger léger et sain Cependant, une grande partie des facteurs de risques sont dus à une mauvaise alimentation. «La cuisine libanaise est trop riche en graisse», explique Nahla Baba, présidente de la Société libanaise de nutrition. Quelles sont ses recommandations en matière d’alimentation ? – Utiliser moins de graisse dans la cuisine. – Consommer du lait (et ses dérivés) contenant moins de matières grasses. – Préférer la viande blanche à la viande rouge. – Ne pas cuisiner avec de la margarine (ou beurre oriental), même végétale. L’inscription «pas de cholestérol» sur l’emballage ne signifie pas du tout que cette matière grasse ne cause pas du cholestérol dans le sang, même si elle n’en contient pas elle-même. – Privilégier l’utilisation de l’huile d’olive, qui est plus saine que d’autres d’huiles, mais ne pas en abuser non plus. – Manger beaucoup de légumes et de fruits qui empêchent la formation de caillots dans le sang. – Préférer le pain complet au pain blanc. Il faut donc changer toutes ses habitudes ? «Pas nécessairement», répond Mme Baba. «Il faut juste cuisiner plus léger». Elle évoque aussi la nécessité d’éviter les informations fausses qui circulent sur la nutrition. «Il faut toujours se faire suivre par des spécialistes, dit-elle. Il y a des personnes qui ont été hospitalisées suite à des régimes trop drastiques. Nous avons présenté un projet de loi pour la protection de notre profession mais il n’a toujours pas été examiné par le Conseil des ministres». Comment le cardiologue et la diététicienne se complètent-ils ? «Ce sont évidemment les cardiologues ou les endocrinologues qui établissent le diagnostic», précise Mme Baba. «La diététicienne s’occupe alors d’organiser le régime alimentaire du patient. Mais il faut faire attention à une chose : chaque cas doit être traité séparément et chaque patient a besoin d’un régime alimentaire qui lui est propre. On ne peut donc pas prescrire le même régime pour tout le monde». Informer à tout prix En quoi consiste la campagne elle-même ? «Distribution de posters, organiser des conférences, diffuser des spots télévisés», explique le Dr Tony Stéphan, directeur du Programme national des maladies non transmissibles. «Mais le travail ne va pas s’arrêter là. La prévention doit être continue pour être efficace». Le Programme national des maladies non transmissibles existe depuis un an et demi. Il est géré conjointement par le ministère de la Santé et l’OMS. Il s’occupe principalement de la prévention de l’hypertension artérielle, du diabète, des maladies du cœur et du cancer. Il tend aussi à définir des critères communs dans les traitements des maladies. Quelle est l’importance de la prévention ? «La prévention a donné beaucoup d’effets dans d’autres pays», précise le Dr Stéphan. «Même si le traitement des maladies cardiaques est devenu plus facile, celles-ci n’en sont pas moins nombreuses. Il n’y a que la prévention qui a contribué à en diminuer le nombre». Quelle est la proportion des maladies cardiaques au Liban par rapport à d’autres pays ? Selon le Dr Stéphan, «la proportion de ces maladies au Liban est semblable à celle des pays voisins et assez proche de celle des pays industrialisés». «Il faut dire que les facteurs de risques, hypertension artérielle, cholestérol, diabète, tabagisme, sont très présents», ajoute-t-il. Bref, ce qui est demandé c’est l’adoption d’un autre mode de vie : manger plus sain, arrêter de fumer... «Il est de notre devoir de contribuer à l’éveil, que ce soit à un niveau national ou avec nos patients dans nos cliniques», conclut le Dr Stéphan.
Première cause de mortalité dans le monde, les maladies cardio-vasculaires causent chaque année 4 000 morts subites, 4 000 crises cardiaques et 3 000 opérations à cœur ouvert au Liban, selon un fascicule édité par la Société libanaise de cardiologie. Pour la première fois cependant, un réel effort d’éveil sur les facteurs de risques, dans la prespective d’une meilleure...
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