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Actualités - REPORTAGES

INFRASTRUCTURE - Le Liban pays du commerce triangulaire Le gouvernement veut faire des zones franches une des pierres angulaires du développement

Les défis d’ordre économique auxquels le Liban aura de plus en plus à faire face, en raison de l’abolition graduelle des barrières douanières dans le monde, avaient amené le gouvernement Hariri à mettre les bouchées doubles pour tirer profit au maximum de la position géographique privilégiée du pays. L’Idal (Le Conseil pour le développement des investissements au Liban) s’est vu ainsi confier l’étude et l’adjudication des travaux de six zones franches commerciales et industrielles en plus des deux existants aux ports de Beyrouth et de Tripoli dans le but de réactiver le rôle du Liban comme pays de transit et d’encourager les opérations commerciales triangulaires à travers le territoire national. Il s’agissait d’aménager des zones franches à l’Aéroport international de Beyrouth, Kleyate, Selaata, Rayack, Saïda et Tyr. Le retard dans l’exécution de ces projets, alors que M. Rafic Hariri se trouvait à la tête du gouvernement, était dû, d’une part, au manque de sources de financement public et, d’autre part, au manque d’intérêt manifesté par les sociétés privées pour investir dans des projets BOT dans les zones franches, la conjoncture économique étant peu encourageante. Le changement intervenu au niveau de l’Exécutif en novembre dernier a davantage compliqué les choses puisque le pouvoir a entrepris une révision des priorités au niveau de l’exécution des projets de développement dans le pays, reportant une nouvelle fois les échéances quant à la création des zones franches. Il n’empêche que le ministre du Transport et des Travaux publics a annoncé, il y a une vingtaine de jours, que les travaux de réhabilitation au Liban-Nord de l’Aéroport de Kleyate et de sa zone franche seront bientôt adjugés. Ainsi le Liban-Nord sera à l’avenir une région privilégiée au niveau du commerce triangulaire. En fait, trois zones franches sont prévues dans cette partie du pays. Il s’agit de celles des ports de Selaata et de Tripoli ainsi que la zone franche de l’aéroport de Kleyate ou René Moawad. Une d’entre elles, celle du port de Tripoli, est opérationnelle. Un contrat a été signé par ailleurs entre l’État et les propriétaires du port de Selaata (qui est un port privé) pour le fonctionnement de sa zone franche industrielle. Conformément à ce contrat, la zone franche ne sera utilisée que par les propriétaires de ce port. Le contrat signé ne serait pas encore entré en vigueur. Location pour quinze ans Si le Liban est pionnier dans la région au niveau de l’aménagement des zones franches, aujourd’hui il a à faire face à un problème important : celui du coût élevé des différentes opérations de transport, de l’emmagasinage des marchandises et du transit d’une manière générale. Pour devenir compétitif, les instances concernées devraient entreprendre une révision à la baisse des tarifs appliqués. Conscient de ce problème, le conseil d’administration du port de Tripoli propose depuis février dernier des tarifs concurrentiels au niveau de l’exploitation de sa zone franche. Pour encourager les commerçants à utiliser la surface de la zone franche déjà lotie, le conseil d’administration a fixé le prix de location pour les surfaces non bâties à 6 dollars le m2 au lieu de 8 dollars alors que les surfaces susceptibles d’être bâties sont cédées aux commerçants en BOT pour une durée de quinze ans au prix de 4 dollars le m2 pour les cinq premières années, de 5 dollars pour les cinq années suivantes et de 6 dollars pour la dernière tranche. Le coût moyen proposé au public pour la période de quinze ans est de 4 dollars le m2, un prix on ne peut plus compétitif. À l’expiration de cette période, la propriété des installations construites par les locataires de la zone franche est transférée à l’administration du port. Le locataire est en mesure de construire 65 % de la superficie louée alors que l’administration du port lui assure l’infrastructure ( les canalisations des égouts, l’eau et l’électricité…). La zone franche du port de Tripoli est d’autant plus importante que ce port est appelé à jouer le rôle d’un port de transit de part sa position géographique. De plus, la zone franche relevant du port de Beyrouth souffre d’une saturation alors que d’importantes superficies de celle du port de Tripoli demeure inexploitées. Aujourd’hui, la zone franche du port de Tripoli est de 100 000m2. Elle devra être agrandie pour atteindre une superficie de 400 000m2. Celle-ci devra abriter des industries de transformation, des industries artisanales et des entrepôts pour l’emmagasinage des marchandises. Les travaux de nettoyage du terminal principal du port de Tripoli ont permis de remblayer d’importantes superficies de cette zone franche. «L’avantage de celle-ci , affirme M. Antoine Habib, président du conseil d’administration du port de Tripoli, consiste dans le fait que certains lots de terrain proposés à la location sont de 10 000 et 5 000m2. Ces grandes parcelles sont destinées surtout à une clientèle d’industriels. De plus, les navires peuvent décharger directement leurs marchandises dans la zone franche», dit-il avant d’ajouter que près de la moitié des terrains lotis ont déjà été loués. Le ministère de l’Économie a approuvé la mise en place d’un bureau relevant de son département pour faciliter et simplifier les formalités administratives des commerçants traitant avec le port de Tripoli et sa zone franche. Par ailleurs, une décision de principe a été approuvée par le conseil d’administration du port pour la construction d’un entrepôt frigorifique dans la zone franche. L’exécution de ce projet se fera dès que les fonds nécessaires à son financement seront disponibles. Grâce au nouveau système de gestion du port de Tripoli et de sa zone franche entrée en vigueur en février dernier, les recettes des premiers cinq mois de l’année en cours ont été de trois milliards de LL alors qu’elles n’étaient que d’un milliard pour la même période de 1998. Dans ce prolongement, il est utile de souligner qu’un appel d’offres international a été lancé le 14 juin pour l’exécution de la deuxième phase d’agrandissement et de modernisation du port de Tripoli. Elle consiste à édifier un nouveau quai à l’intérieur du bassin de 10 mètres et un quai à l’extérieur du bassin de 12 mètres. Ainsi, le port de Tripoli, qui sera en mesure de recevoir des navires d’un tonnage de plus de 20 000 tonnes, sera doté de sept quais d’une superficie de 10 000 mètres linéaires. Les travaux prévus à Kleyate Les études de faisabilité de l’aéroport et de la zone franche de Kleyate et l’élaboration des cahiers des charges ont été financées par un don de 150 millions de dollars accordé en 1997 à l’Idal par l’Agence américaine pour les aides commerciales (US Agency for Trade Aids). Selon les études effectuées par la société américaine Parsons Brinckerhoffr, le coût des travaux est estimé à près de 74 millions de dollars dont près de 40 millions de dollars pour la réhabilitation de l’aéroport René Moawad, cet aéroport devant par la suite être en mesure d’accueillir non moins d’un million deux cent mille tonnes de marchandises par an. La zone franche de Kleyate d’une superficie de 450 000m2 se trouve à 27 km au nord du port de Tripoli et à 7 km des frontières syriennes. Le coût du projet est estimé à 34 millions de dollars. Le contrat d’exécution exige un investissement initial de 23 millions de dollars et un investissement optionnel de 11 millions de dollars pour les travaux de superstructure. L’emplacement de la zone franche de Kleyate est très avantageux du fait de la facilité d’accès en Syrie et dans les pays avoisinants. Elle est accessible par une autoroute internationale et une route côtière ayant des débouchées sur le port de Tripoli. La superficie, que l’État souhaite transformer en une zone franche, est un terrain vague adjacent à l’aéroport René Moawad. Ce terrain a été acheté par les autorités lorsque l’aéroport a été transformé en un aéroport militaire. Elles entendaient ainsi interdire au public la vue des appareils militaires. Aujourd’hui, en raison de la nécessité pour le Liban d’améliorer le secteur de ses services commerciaux et industriels, l’Idal a résolu, au lendemain de la décision du Conseil des ministres en janvier 1997, de faire de l’aéroport de Kleyate un aéroport civil, de lancer un appel d’offres pour l’adjudication de la zone franche dans la région. L’adjudication de ces travaux n’a pas eu lieu lors du mandat précédent, les sociétés privées intéressées par le projet n’ayant pas voulu s’engager avant que l’aéroport de Kleyate ne soit réhabilité. Une zone franche loin d’un port ou d’un aéroport ne peut servir les intérêts des commerçants et des industriels intéressés par le commerce triangulaire. Tout récemment, le ministre du Transport et des Travaux publics, Négib Mikati, a affirmé qu’il est en passe de soumettre au Conseil des ministres une proposition pour lancer un nouvel appel d’offres international pour une adjudication des travaux de l’aéroport et de la zone franche de Kleyate en DBOT (Develop, Build, Operate and Transfer). Revenant à la charge il y a moins d’une semaine dans la ferme intention de dynamiser les rouages économiques dans le nord du Liban , M. Mikati a annoncé l’ouverture prochaine devant les charters de touristes de la piste de l’aéroport de Kleyate. Selon lui, cet aéroport dans son état actuel est en mesure d’accueillir les avions charters pour la saison d’été qui s’ouvre en principe dans quelques jours. Tel n’est cependant pas l’avis de plusieurs députés du Liban-Nord qui se sont empressés de déplorer l’état du réseau routier situé dans le périmètre de l’aéroport. Un réseau routier qualifié par certains d’entre eux d’impraticable. Une affaire à suivre.
Les défis d’ordre économique auxquels le Liban aura de plus en plus à faire face, en raison de l’abolition graduelle des barrières douanières dans le monde, avaient amené le gouvernement Hariri à mettre les bouchées doubles pour tirer profit au maximum de la position géographique privilégiée du pays. L’Idal (Le Conseil pour le développement des investissements au Liban) s’est...