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Actualités - CHRONOLOGIE

HOMMAGE - Karékine 1er , le catholicos engagé au service de l'unité du Liban Un grand Libanais est mort

Le chef de l’église arménienne, décédé mardi d’un cancer du larynx à Etchmiadzine (Arménie), était autant Arménien que Libanais. Avant d’être en 1995 Karékine 1er, catholicos d’Etchmiadzine et de tous les Arméniens, il était depuis 1983 Karékine. Il, coadjuteur puis catholicos de la Maison de Cilicie, dont le siège est à Antelias. Né en Syrie, en 1932, il se considérait également Syrien. Dans un ouvrage qui le raconte (*) Karékine 1er confirme ce mot qu’il a un jour eu : «L’Arménie, ma patrie, le Liban, mon pays». C’est au Liban en effet que Karékine 1er vécut la plus longue partie de sa vie, c’est là qu’il déploya l’essentiel de son énergie au service de son Église, de son peuple et de l’œcuménisme en général, car le Liban a toujours été à ses yeux «le foyer le plus vivant de la diaspora arménienne». Nous reproduisons ci-dessous un extrait de cet ouvrage significatif de l’amour que Karékine portait au Liban, et de l’importance que revêtait à ses yeux un pays dont la vocation historique est aujourd’hui d’être un modèle de convivialité à défendre et promouvoir : «Quinze des dix-huit années, où j’ai été catholicos au Liban, se sont passés dans la guerre. Mon devoir a été donc avant tout celui d’inspirer l’espoir aux gens qui étaient désespérés, tout le temps en danger de mort. J’ai donc donné plus d’importance à la prédication, à l’annonce de la parole d’espérance. À côté de la prédication, nous avons témoigné de notre foi dans le Liban, en continuant à bâtir des édifices pour l’Église en dépit des destructions de la guerre : nous avons bâti au moins sept ou huit grandes constructions durant cette période, car nous n’avons jamais perdu l’espoir pour le Liban. En outre, j’ai essayé de développer le séminaire, la formation du clergé, et les activités culturelles du catholicossat ; en plus des expositions, nous avons développé nos éditions, modernisé notre imprimerie qui est devenue une des plus actives de l’ensemble de la diaspora. En un mot, nous avons gardé toutes nos institutions religieuses, éducatives, sociales et culturelles, en dépit de la précarité de la situation, le Liban étant toujours resté pour nous le foyer le plus vivant de la diaspora arménienne». «Le Liban pour moi est un pays qui doit à tout prix maintenir son unité. En tant que catholicos de Cilicie, je sentais cette grande responsabilité d’être le garant de l’unité de la communauté arménienne et de m’engager pour un Liban, uni, un pays du dialogue islamo-chrétien. J’ai toujours pensé que si la formule du dialogue était rompue, brisée, il n’y aurait plus de Liban. Le Liban est synonyme de dialogue, mais d’un dialogue en profondeur, d’une convivialité. Souvent pour l’Occident le dialogue n’est rien d’autre qu’un échange d’idées : ainsi y a-t-il le dialogue marxiste-chrétien, interreligieux, œcuménique et beaucoup d’autres. Mais au Proche-Orient les chrétiens et les musulmans vivent ensemble et le dialogue signifie cet art de vivre ensemble, le partage, et non pas un échange de positions idéologiques. Dans cette perspective notre communauté, malgré certaines pressions des rangs intégristes, a joué le rôle d’avocat de l’unité du Liban. Nous avons souvent souffert à cause de cela, mais nous n’avons jamais dévié de cette ligne d’action. Au point de vue géogaphique, le Liban est un petit pays, mais il a une richesse spirituelle, une richesse de communication, de communion entre différentes religions et cultures. Ce caractère doit être maintenu à tout prix. J’ai été très heureux quand le pape, lors de sa dernière visite au Liban, a constamment souligné que le Liban doit rester le pays d’entente et de collaboration qu’il a toujours été. Personnellement, j’admire les Libanais pour leurs efforts de maintenir ce message qu’est le Liban pour les autres nations». Homme de dialogue et d’unité, Karékine 1er devait passer les dernières années de sa vie à tenter un rapprochement entre les deux Maisons de Cilicie et d’Etchmiadzine, estimant que «les querelles juridictionnelles ont fait leur temps». En 1996, un an après avoir été élu catholicos de tous les Arméniens, il se rend à Rome avec un grand nombre d’évêques de son Église. Cette visite se termine sur une déclaration christologique commune qui met fin à des siècles de méfiance et de subtilités théologiques aujourd’hui incompréhensibles. «Nous avons répété ce que nos pères ont déjà dit avant nous (...) que Jésus-Christ est Dieu parfait et homme parfait, et que sa divinité est unie à son humanité dans une union réelle et parfaite (...) nos théologiens ont reconnu qu’ayant des formulations différentes, nous avons eu la même christologie». (*) Karékine 1er – Entretiens avec Giovanni Guaïta Nouvelle Cité, Paris, 1998. Messe funèbre à Antélias Une messe funèbre est prévue au catholicossat d’Antélias, dimanche 4 juillet, à 11 heures, à la mémoire de Karékine Ier. L’office divin sera célébré par le catholicos de Cilicie Aram Ier. Ce dernier recevra ensuite les condoléances, jusqu’à 13 heures. Funérailles le 8 juillet Les funérailles du catholicos Karékine 1er auront lieu le 8 juillet a annoncé le porte-parole de l’Église arménienne. Le catholicos sera enterré à Etchmiadzine, à une vingtaine de kilomètres d’Erevan, où se trouve la résidence du chef de l’Église arménienne. Un deuil de 40 jours a été annoncé.
Le chef de l’église arménienne, décédé mardi d’un cancer du larynx à Etchmiadzine (Arménie), était autant Arménien que Libanais. Avant d’être en 1995 Karékine 1er, catholicos d’Etchmiadzine et de tous les Arméniens, il était depuis 1983 Karékine. Il, coadjuteur puis catholicos de la Maison de Cilicie, dont le siège est à Antelias. Né en Syrie, en 1932, il se considérait...