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Actualités - CHRONOLOGIE

Un chef orthodoxe choque Israël en comparant son procès à celui d'Eichmann

Le chef du parti israélien orthodoxe Shass, le rabbin Arieh Déri, a choqué Israël jeudi en comparant son procès pour corruption à celui qui fut intenté à Jérusalem au concepteur de la «Solution finale» du peuple juif, le nazi Adolf Eichmann. Dans une vidéo-cassette intitulée «J’accuse», M. Déri s’est dit victime d’un procès à grand spectacle, à l’instar de ceux organisés en Israël contre Eichmann, exécuté en 1962, et John Demjanjuk, un collaborateur ukrainien des nazis acquitté en 1993 au bénéfice du doute sur son identité. Diffusée à des dizaines de milliers d’exemplaires depuis mercredi par le Shass en vue des élections générales du 17 mai, cette vidéo-cassette a été produite par M. Uri Zohar, un ex-cinéaste de la bohême intellectuelle de Tel-Aviv gagné par la foi et devenu rabbin ultra-orthodoxe. Condamné le 15 avril à quatre ans de prison ferme pour corruption, fraude et abus de confiance, à l’issue d’une enquête de police et d’un procès qui ont duré une décennie, M. Déri bénéficie d’une suspension de peine jusqu’à l’examen de son appel à la Cour suprême. D’origine marocaine et chef d’un parti qui regroupe essentiellement des juifs orientaux, il se dit «persécuté par les juges démagogues» de la justice ashkénaze (juifs de rite occidental). Dans sa vidéo-cassette, il compare longuement leurs coquettes villas au logement qu’il a acquis frauduleusement, dont les murs sont présentés comme lézardés et où il vit avec une famille nombreuse. Le vice-ministre attaché à la présidence du Conseil, Michaël Eytan (Likoud-droite), a reproché jeudi à M. Déri de poursuivre des activités politiques. «Il est inadmissible qu’un criminel mobilise tout son parti à des fins strictement personnelles», a-t-il déclaré à la radio israélienne. Un des chefs du parti Meretz de gauche et ex-doyen de la faculté de droit de l’université de Tel-Aviv, Amnon Rubinstein, a abondé en son sens. «M. Déri incite à la haine contre le système judiciaire. Il n’a pas le droit de continuer à siéger à la Knesset (Parlement), ni de diriger un parti», a-t-il déclaré aux journalistes. Le procureur général d’Israël Eliakim Rubinstein a vivement réagi à l’initiative du Shass qu’il a qualifiée d’«ignoble». «Malheur à la génération qui juge ses juges, et à un État où les juges peuvent être traités en accusés (...) Malheur aussi à ceux qui comparent le procès en corruption d’un fonctionnaire à ceux des nazis, meurtriers de juifs», dit-il dans un communiqué. Peu impressionné par cette levée de boucliers, un des dirigeants du Shass, le député Yitzhak Cohen, a indiqué que «la cassette (de M. Déri) a obtenu la caution des autorités judiciaires et continuera d’être diffusée». Avec ses dix élus, le Shass est le troisième parti d’Israël et un pivot difficilement contournable des coalitions gouvernementales. La police et le parquet ont annoncé qu’ils allaient ouvrir une enquête sur le contenu «diffamatoire» de la cassette. Interrogé par la télévision israélienne, M. Déri a invoqué le droit à la libre expression : «J’ai le droit de hurler ma colère, et c’est ce que je fais, dans le cadre de ma défense». Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son rival du Parti centriste dans la course au pouvoir, Yitzhak Mordehaï, n’ont pas exclu une future coopération avec M. Déri, malgré sa condamnation. Le chef de l’opposition travailliste Ehud Barak, lui aussi candidat au poste de Premier ministre, a en revanche écarté toute participation au pouvoir avec le chef du Shass, tant que pèsera sur lui une condamnation infâmante.
Le chef du parti israélien orthodoxe Shass, le rabbin Arieh Déri, a choqué Israël jeudi en comparant son procès pour corruption à celui qui fut intenté à Jérusalem au concepteur de la «Solution finale» du peuple juif, le nazi Adolf Eichmann. Dans une vidéo-cassette intitulée «J’accuse», M. Déri s’est dit victime d’un procès à grand spectacle, à l’instar de ceux...