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Avantages et inconvénients de la côte libanaise
Par BONTEMS Nathalie, le 30 avril 1999 à 00h00
Nombreux sont ceux à penser que le Liban dispose du potentiel de base pour devenir une haute destination touristique. Riche d’un bord de mer varié, d’un climat idéal et des qualités humaines, le Liban pourrait s’ennorgueillir d’attirer les amateurs de croisières en Méditerranée. Quelle meilleure publicité pour un pays qu’un port de plaisance joliment achalandé ? Ce n’en est pas (encore) le cas, car le pays souffre de certaines carences au niveau des infrastructures et de l’organisation. De l’avis de tous, la côte libanaise dispose de richesses insoupçonnées. Une côte attirante… en surface? «L’intérêt essentiel de notre bord de mer réside dans le fait que ses côtes sont tantôt rocheuses, tantôt sablonneuses, observe Roula Kamel, responsable du marketing de Philka. On est en mer et en même temps au pied des montagnes. Mais très peu de gens connaissent toute la côte. Nombreux sont les propriétaires de bateaux qui ne le visitent pas. Nous trouvons des sources d’eau douce en mer, des cascades le long de rochers aux couleurs variées. Ces deux dernières années, nous avons organisé des excursions en mer avec nos clients, en bateaux et une vingtaine de motos marines. Nous avions trois techniciens de Philka en mer et deux sur terre. Tout le monde était très agréablement surpris. En trois week-ends, nous avons longé la côte de Tripoli à Jnah». Alain Maaraoui, directeur de Sea Pros, approuve et ajoute : «Nous pouvons profiter de cette côte au moins cinq mois par an. On peut y faire du ski au niveau professionnel, du surf... Il est dommage de ne pas en profiter». Toutefois, les avis divergent quant à l’intérêt de la pêche et de la plongée sous-marine au Liban. «Avant 1975, on trouvait encore des éponges, des coquillages, des poissons, regrette Roula Kamel. Cela ne pouvait être comparé à l’Égypte, mais c’était tout de même quelque chose. Mais depuis 1986, il n’y a plus rien». Alain Maaraoui affirme cependant : «Cela fait quatre ans que la pêche a repris correctement au Liban et nous pouvons penser à concurrencer d’autres pays, comme les États-Unis, dans ce domaine. Il y a quelques jours, nous avons pu voir une trentaine de dauphins à 50 mètres de la côte». La pollution est aussi sujet à controverse. Pour protéger la flore marine, il faut intervenir au niveau des industries qui déversent leurs déchets dans la mer. Néanmoins, des usines de traitement de ces déchets commencent à être mises en place. «La pollution n’est pas vraiment visible, ce n’est pas un problème majeur, ajoute Joseph Salamé. Quand on fait du bateau, on n’est pas dans l’eau, mais c’est une manière de contourner le problème, car il faut garder en tête que la Méditerranée ne se renouvelle pas. De plus, l’intérêt de la voile est justement de ne pas polluer». La pratique de la voile peut aussi beaucoup jouer pour la promotion du Liban comme pays à haut intérêt touristique. «Si des compétitions de voile sont prévues au Liban, comme celle que nous espérons organiser dès le mois de mai avec la Fédération libanaise de yachting, l’impact médiatique peut être très important au niveau international, déclare Joseph Salamé. Il faudrait faire savoir que ce littoral est intéressant». La marina, avenir de la navigation de plaisance La côte libanaise demeure peu fréquentée par les Libanais comme par les étrangers, surtout en raison du manque actuel de marinas. Toutefois, cette année voit la floraison de projets en ce sens, qui enthousiasme tous les professionnels. L’installation de ces marinas jouera un rôle prépondérant dans l’accroissement du tourisme au Liban. Les bateaux pourront y accéder douze mois sur douze, dans de bonnes conditions d’entretien. Les locations sont ouvertes pour des délais variables adaptés aux différents clients. «C’est aux Libanais de susciter la demande en proposant des structures aux touristes», affirme Nizar Alouf, directeur de l’hôtel Riviera. Par ailleurs, l’accroissement du nombre de marinas incitera les Libanais à acheter des bateaux, ce qu’ils ne faisaient pas jusqu’à présent en l’absence d’endroits où les garer. «Nous avons besoin de marinas, car il est inutile d’acheter un bateau si on n’a pas d’endroit où l’amarrer. Ce domaine va beaucoup s’agrandir, car c’est un investissement intelligent. De plus, les clients arabes aiment la mer et sont près à acheter des bateaux pour les laisser dans des marinas libanaises», explique Alecco Chiha, directeur de Team 9. «Les Libanais pourront profiter de la mer toute l’année, remarque Roula Kamel, l’achat d’un bateau ne se résumera plus à un investissement sur trois ou quatre mois, mais deviendra un plaisir permanent». Nizar Alouf déclare : «Nous avons créé la marina de l’hôtel Riviera pour participer à ce mouvement de mise en place de marinas sur toute la côte libanaise. Nous croyons que nous avons les moyens d’offrir les mêmes facilités qu’un pays comme la Grèce, Chypre ou Malte. Nous voulons attirer à Beyrouth les étrangers en vacances. La marina est aussi un moyen pour l’État d’enregistrer plus de bateaux sous le drapeau libanais, ce qui constitue une recette annuelle. Enfin, cette augmentation de bateaux sera bénéfique pour toutes les entreprises spécialisées dans la maintenance». Lancer une marina n’est pas une mince affaire, ce qui peut expliquer le manque relatif actuel. Nizar Alouf explique : «Nous n’amortirons pas le coût de notre marina avant 20 ans! Il faut d’abord obtenir un permis de l’État, dont le coût varie selon la région, la côte, la profondeur de l’eau. Nous avons aussi une taxe annuelle à payer à l’État, de 0,5% de la valeur du terrain juxtaposé à la marina. La construction doit être très solide pour résister à toutes les conditions climatiques, tout en restant agréable. Un personnel fixe de 10 personnes est requis pour laver les bateaux à l’eau douce, surveiller 24 heures sur 24, aider les gens à sortir... L’électricité, le téléphone et l’eau potable sont fournis. Cela a été d’autant plus difficile que nous nous trouvons sur une pointe et non une baie. L’avantage demeure que nous bénéficions de vent». En principe, toutes les marinas proposent des places invitées mises à disposition des amateurs pour la journée. Joseph Salamé regrette toutefois que peu de marinas soient adaptées à son sport de prédilection. «Les spécificités sont très précises, explique-t-il, au niveau de la hauteur des jetées, leur orientation, l’encombrement des pontons, les facilités d’accès. Un dériveur n’a pas les mêmes contraintes de manœuvre, ne serait-ce qu’au niveau de la jetée qui fait office de coupe-vent. La base est aussi l’éducation, car personne ne connaît les priorités de manœuvre. Par exemple, un voilier a toujours la priorité sur un appareil à moteur. Le littoral est occupé par des marinas privées qui, dans l’écrasante majorité des cas, ne sont pas adaptées à la pratique de la voile. Nous voudrions encourager les responsables de ces sites à disposer d’une petite structure d’accueil». Ce à quoi Nizar Alouf répond : «Nous pensons nous tourner vers cet aspect. Nous disposons d’ailleurs d’une école et d’un moniteur». De plus, la question des prix pratiqués pose des doutes. Alecco Chiha regrette : «Les prix pratiqués par les marinas sont trop élevés, car les terrains où elles sont installées sont chers. Il faut tenir compte du prix de l’entrée, mais aussi du coût du service, de l’essence... Mais ces marinas sont importantes pour l’image qu’elles donneront du pays». «La marina de Dbayeh est achevée, observe Roula Kamel, nous aurons aussi la marina de Solidere, celle près de l’aéroport. D’autres sont déjà opérationnelles à Halate sur-Mer, l’ATCL, l’Aquamarina. Cependant, il serait dommage de gâcher les ports naturels comme celui de Aakaybé, au pied de Nahr Ibrahim». Ce point suscite le courroux de Nizar Alouf : «Si les hôtels et les clubs privés ne se préoccupaient pas de la mise en avant du bord de mer, personne ne le ferait. On réclame des plages publiques, mais quelles plages? Le bord de mer est constitué de rochers, ce n’est pas du sable. Nous avons dû planir ces rochers pour exploiter le bord de mer. Tous les propriétaires de centres maritimes sont près à collaborer pour satisfaire tout le monde. On nous taxe de prendre en usufruit la côte libanaise, mais si nous voulons que le Liban devienne une destination touristique, il faut répondre à certaines exigences».
Nombreux sont ceux à penser que le Liban dispose du potentiel de base pour devenir une haute destination touristique. Riche d’un bord de mer varié, d’un climat idéal et des qualités humaines, le Liban pourrait s’ennorgueillir d’attirer les amateurs de croisières en Méditerranée. Quelle meilleure publicité pour un pays qu’un port de plaisance joliment achalandé ? Ce n’en est...
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