Actualités - CHRONOLOGIE
Les Serbes accusés de tueries au Kosovo Vuk Draskovic limogé par le maître de Belgrade
le 29 avril 1999 à 00h00
Le vice-Premier ministre yougoslave Vuk Draskovic a été brutalement limogé mercredi pour avoir appelé le président Slobodan Milosevic à coopérer avec l’Otan pour arrêter les bombardements. Cette crise politique a été analysée par l’Otan comme le signe de «l’isolement» de M. Milosevic après cinq semaines d’une guerre qui continue d’apporter chaque jour son lot de témoignages sur les exactions au Kosovo. De nombreux réfugiés, arrivés mercredi en Albanie, ont accusé les forces serbes d’avoir massacré entre 100 et 200 villageois, la veille, dans la région de Djakovica. Vuk Draskovic, 52 ans, entré au gouvernement en début d’année, avait suscité trouble et interrogations dans les capitales occidentales en se prononçant pour le déploiement d’une force de paix de l’Onu au Kosovo. Longtemps opposant irréductible à M. Milosevic, M. Draskovic avait ensuite affirmé qu’il exprimait la position du président yougoslave. Il a été démis de ses fonctions par le Premier ministre fédéral Momir Bulatovic «en raison de ses interventions publiques contraires aux positions du gouvernement et pour atteinte au prestige du gouvernement», selon un communiqué du ministère de l’Information. Dans la foulée, les trois ministres membres de son parti du Mouvement serbe du renouveau (SPO, droite nationaliste) ont démissionné. M. Draskovic avait appelé indirectement dimanche le président Milosevic à coopérer avec la communauté internationale. Il avait critiqué «ceux qui dirigent le pays» et les «prétendus patriotes» en leur demandant de «ne plus mentir au peuple et lui dire enfin la vérité». Dans une première réaction, M. Draskovic a déclaré à la chaîne de télévision américaine CNN que sa mise à l’écart était «une victoire des durs». «Nous avons des indications selon lesquelles il y a des différences d’opinion qui émergent de façon évidente à Belgrade», a estimé le président Bill Clinton. Pour l’Otan, M. Milosevic «montre qu’il ne veut pas pour l’instant entendre l’appel de la raison et qu’il préfère s’isoler davantage», a estimé de son coté le porte-parole de l’Alliance Jamie Shea. Le secrétaire général de l’Otan Javier Solana a reconnu que l’Alliance était impuissante à aider les 820 000 déplacés à l’intérieur du Kosovo. Ces propos ont pris une résonance tragique avec les témoignages d’exactions recueillis parmi les nouveaux réfugiés arrivés en Macédoine – où les camps sont bondés et des nourrissons contraints de dormir sur des bâches en plastique, à Blace – et, surtout, en Albanie. Épuisés, en état de choc, certains les pieds en sang, des milliers de fuyards sont arrivés au poste frontière albanais de Morina, venant de la région de Djakovica. Un de ces réfugiés à raconté avoir dénombré 120 cadavres dans cette zone. À Genève, le Haut-commissariat aux réfugiés (HCR), sans pouvoir citer des sources indépendantes, a jugé que les témoignages étaient trop nombreux et concordants pour ne pas les rendre publics. De 100 à 200 hommes auraient été tués par les forces serbes, selon l’ensemble de ces témoignages recueillis par le HCR auprès des 2 476 réfugiés – pratiquement que des femmes, des enfants et des vieillards – à Morina, a déclaré Kris Janowski, porte-parole du HCR. Selon ces témoignages, les forces serbes – policiers, soldats et paramilitaires – seraient intervenus mardi matin vers six heures pour faire fuir les villageois, mais auraient séparé dans une colonne de réfugiés les hommes et adolescents âgés de plus de 15 ans. Des réfugiés ont déclaré avoir vu des «piles de cadavres» dans plusieurs villages et plus particulièrement dans ceux de Mei et Oriza. Les avions de l’Otan ont bombardé mercredi plusieurs régions de Serbie, ainsi qu’une zone proche de Podgorica, capitale du Monténégro, où se trouvent des aéroports civil et militaire et la région de Pristina, chef-lieu du Kosovo, selon les médias serbes. Sur le plan diplomatique, le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan a affirmé qu’une solution au Kosovo ne pouvait pas être «gagnée sur le champ de bataille». M. Annan et le chancelier allemand Gerhard Schröder ont averti tous deux qu’un règlement diplomatique serait «long et complexe». M. Annan est arrivé mercredi soir à Moscou. Au lendemain d’une visite à Moscou, le secrétaire d’État adjoint américain Strobe Talbott a estimé que Belgrade n’avait pas «donné le moindre signe» de sa disposition à accepter les conditions de la communauté internationale. Le chef de la diplomatie russe Igor Ivanov affichait, lui, un certain optimisme. «La difficulté fondamentale est de savoir comment concrétiser une présence multinationale. C’est de cela qu’ont parlé (dimanche) Eltsine et Clinton. Mais tous acceptent que la présence internationale au Kosovo devra se faire sous le drapeau de l’Onu», a-t-il déclaré. Avant l’annonce du limogeage de M. Draskovic, un autre ministre yougoslave avait tenu des propos conciliants. Dans des déclarations rapportées par le New York Times, Goran Matic, considéré comme un proche de M. Milosevic, a jugé que le schéma de base d’une solution pourrait être esquissé dès cette semaine.
Le vice-Premier ministre yougoslave Vuk Draskovic a été brutalement limogé mercredi pour avoir appelé le président Slobodan Milosevic à coopérer avec l’Otan pour arrêter les bombardements. Cette crise politique a été analysée par l’Otan comme le signe de «l’isolement» de M. Milosevic après cinq semaines d’une guerre qui continue d’apporter chaque jour son lot de...
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