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Actualités - CHRONOLOGIE

SOCIÉTÉ - Des soins contre des pots-de-vin à Moscou Hôpitaux (pas si) gratuits

Un séjour dans un hôpital public, donc normalement gratuit, de Russie, peut coûter plusieurs centaines de dollars car les malades sont souvent obligés de donner des pots-de-vin aux médecins pour être mieux soignés. «Notre famille a dépensé quelque 500 dollars pendant les dix jours que ma mère est restée à l’hôpital», raconte Elena Andreevna, institutrice. Le salaire d’un médecin dans un hôpital public moscovite est fixé à environ 500 roubles (20 dollars). Cette somme peut monter jusqu’à 1 000 roubles si le médecin prend des gardes la nuit ou donne des cours aux stagiaires. Tous les moyens sont donc bons pour gagner un revenu plus décent, même les méthodes les plus éloignées de l’éthique médicale. Dans la section de traumatologie, les malades sont allongés dans les couloirs de l’hôpital, mais certaines chambres qui leur sont pourtant destinées restent vides. «Nous gardons ces chambres pour les malades qui doivent subir des opérations chirurgicales», assurent les médecins. La vérité est bien différente. «Tout le monde sait ici que les chambres pour une personne sont «vendues» à 200-300 dollars», explique Andreï, infirmier. «Pour moi, cette somme est énorme», affirme Lioubov Alexeevna, une retraitée payée 400 roubles par mois (16 dollars). «Je préfère rester dans le couloir, ça me donne plus de chances que les infirmières s’occupent de moi. Dans une chambre à part, je risque d’être oubliée par les infirmières», ajoute-t-elle. Pour que sa mère ne soit pas «oubliée par les infirmières» qui gagnent 300 roubles (12 dollars) par mois, Elena Andreevna leur a fait des petits «versements» de 50 à 100 roubles (2 à 4 dollars) par jour. Gardiens armés Selon les proches des malades, l’argent «change radicalement» l’attitude des médecins que les dollars rendent «beaucoup plus attentifs». «Quand j’ai donné 100 dollars au médecin, il est même venu à l’hôpital le jour de son congé pour bander le bras de ma sœur», raconte l’un d’entre eux. «À l’époque soviétique, les médecins se contentaient de bonbons et de parfums. Aujourd’hui, ils ne veulent que des dollars», conclut-t-il. «Je suis allé plusieurs fois à l’hôpital après avoir été agressé par des voyous», raconte Gricha, étudiant. «Je n’avais pas de blessures apparentes, juste de la fièvre, et les médecins m’ont dit que ce n’était pas grave», poursuit-il. «Ma mère, qui avait des doutes sur mon état de santé, a préféré payer les médecins et, dix minutes après, j’étais dans la salle d’opération», affirme Gricha qui risquait sans une intervention chirurgicale d’avoir de sérieux troubles rénaux. «Les infirmières m’ont tout de suite prévenue : le moindre effort des médecins doit être récompensé», explique Elena Andreevna en soupirant. «Je prendrai votre argent, car je suis dans la misère, m’a affirmé un médecin», poursuit-elle. «Pourquoi refuser cet argent, lorsqu’on te le propose?», s’étonne un médecin d’un des plus grands hôpitaux moscovites, sous couvert de l’anonymat, qui affirme être «très satisfait» de ses «revenus supplémentaires». Selon lui, «dans les cliniques privées, avec des bouquets de fleurs dans toutes les chambres, on sait comment être aimable avec les malades, comment leur parler gentiment et leur sourire. Mais les vrais spécialistes continuent à travailler dans les établissements médicaux publics». «Même des gens très riches, comme le milliardaire Boris Berezovski, viennent se soigner dans notre hôpital quand ils ont de sérieux problèmes de santé», assure ce médecin. Entre-temps, deux gardiens armés de la tête aux pieds se promènent dans le couloir de son hôpital. «Ils gardent un “nouveau Russe” qui a été blessé dans une fusillade», chuchotent les malades.
Un séjour dans un hôpital public, donc normalement gratuit, de Russie, peut coûter plusieurs centaines de dollars car les malades sont souvent obligés de donner des pots-de-vin aux médecins pour être mieux soignés. «Notre famille a dépensé quelque 500 dollars pendant les dix jours que ma mère est restée à l’hôpital», raconte Elena Andreevna, institutrice. Le salaire d’un...