Actualités - CHRONOLOGIE
ÉGYPTE - Un millier de militants intégristes élargis Premier geste conciliant à l'égard des islamistes
le 28 avril 1999 à 00h00
Le gouvernement égyptien a fait pour la première fois depuis sept ans un geste en direction de l’organisation intégriste armée, Jamaa Islamiya, en libérant lundi un millier de ses militants. Cette libération d’islamistes, «la plus importante depuis le déclenchement de la vague de violence intégriste en 1992», a été décidée par le ministre de l’Intérieur, le général Habib el-Adeli, a-t-on appris de source policière. Elle concerne «des islamistes qui ont purgé leur peine de prison ou terminé leur période de garde à vue», a-t-on ajouté, précisant que «les détenus seront désormais libérés dès la fin de leur peine et non remis en détention immédiatement». Jusqu’à présent, les libérations ne concernaient que les repentis. La détention ou la garde à vue de membres de groupes islamistes armés étaient généralement prolongées, sur demande du ministère de l’Intérieur, une fois les peines de prison purgées ou à la fin de la période légale de garde à vue. La décision de M. Adeli «a été prise après le renoncement de la Jamaa à la violence, annoncé en juillet 1997», a souligné la source policière. «Ce geste ne signifie nullement l’existence d’un dialogue avec les islamistes», a-t-elle toutefois tenu à souligner. Cette libération a été immédiatement saluée par les milieux islamistes et les défenseurs des droits de l’homme. Pour Me Montasser el-Zayyat, principal avocat de la Jamaa, «c’est un pas extrêmement positif qui contribuera à l’éradication totale de la violence». «Le fait de maintenir en détention et d’arrêter les islamistes acquittés ou ayant purgé leur peine immédiatement après leur libération constituait l’un des principaux moteurs de la violence», a-t-il estimé. «Ceci créait un esprit de vendetta chez les camarades des détenus qui attaquaient des policiers en représailles, déclenchant un cercle vicieux d’arrestations et d’attaques», a ajouté Me Zayyat. Atmosphère assainie Selon lui, ce geste des autorités témoigne du «calme qui règne depuis près d’un an dans le pays». Personne n’a été tué en Égypte depuis le début de l’année. En 1998, la violence intégriste avait fait 34 morts, contre 209 en 1997. Pour l’avocat islamiste, deux facteurs ont assaini l’atmosphère : «La nouvelle politique du ministre de l’Intérieur et la décision de la Jamaa de renoncer à la violence». Le général Adeli avait été nommé à la tête du ministère en remplacement du général Hassan al-Alfi au lendemain de l’attentat de Louxor (62 morts en novembre 1997). Il avait alors mis fin à la politique d’arrestations massives et l’incarcération des proches des suspects. Selon l’OEDH, il y a actuellement plus de 16 700 détenus politiques dans le pays, en majorité des islamistes, dont 7 891 sont emprisonnés sans jugement sur décision du ministère de l’Intérieur. Des responsables de la Jamaa ont appelé à plusieurs reprises leurs membres à cesser la violence à la demande du guide spirituel du mouvement, cheikh Omar Abdel Rahmane, emprisonné à vie aux États-Unis pour conspiration terroriste. Le président égyptien Hosni Moubarak et M. Adeli ont à plusieurs reprises rejeté tout dialogue avec les islamistes ayant déclenché en mars 1992 une vague de violence qui a fait plus de 1 300 victimes. Le Jihad, l’autre organisation islamiste armée égyptienne, a récemment confirmé sa détermination à poursuivre le recours à la violence à la suite de la condamnation à mort par contumace de neuf de ses militants la semaine dernière.
Le gouvernement égyptien a fait pour la première fois depuis sept ans un geste en direction de l’organisation intégriste armée, Jamaa Islamiya, en libérant lundi un millier de ses militants. Cette libération d’islamistes, «la plus importante depuis le déclenchement de la vague de violence intégriste en 1992», a été décidée par le ministre de l’Intérieur, le général Habib...
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