Actualités - CHRONOLOGIE
ITALIE - Première interpellation d'un membre d'un gouvernement en activité Un ministre arrêté pour complicité avec la mafia
le 28 avril 1999 à 00h00
La police italienne a arrêté, pour la première fois dans l’histoire de la République de ce pays un membre du gouvernement en activité, le secrétaire d’État au Trésor Stefano Cusumano pour complicité supposée avec la mafia dans une affaire de pots-de-vins dans la construction d’un hôpital. Cette spectaculaire interpellation intervient alors que des responsables de la lutte contre la mafia mettent en garde depuis plusieurs mois contre la poursuite de l’infiltration de la «pieuvre». Homme de poids en Sicile (sud), Stefano Cusumano, 51 ans est accusé d’«intelligence» avec la mafia, dans une affaire de pots-de-vin pour la construction du nouvel hôpital de Catane. Il a été révoqué peu après. C’est la première fois qu’un membre d’un gouvernement en activité est arrêté. N’étant pas parlementaire, il n’a pas d’immunité. Pour cette même affaire, Giuseppe Castiglione, adjoint chargé de l’Industrie de l’Assemblée régionale de Sicile, a également été interpellé. La liste des politiciens italiens mis en cause pour corruption ou liens avec Cosa Nostra, la mafia sicilienne, est longue mais aucun d’entre eux n’avait été arrêté encore en fonction. Le dernier cas est celui de l’ancien secrétaire d’État à l’Intérieur, Angelo Giorgianni, suspecté de liens avec la mafia et chassé du gouvernement de Romano Prodi en mars 1998. Poursuite de l’infiltration Les principaux acteurs de la lutte antimafia, comme le procureur de Palerme (Sicile), Giancarlo Caselli, le procureur national antimafia Pier Luigi Vigna, ou le capitaine des carabiniers L’Ultimo, n’ont cessé ces derniers mois d’avertir contre la poursuite de l’infiltration de la mafia. «La pieuvre» a pris des coups sérieux avec l’arrestation de ses principaux chefs, mais elle contrôle toujours les appels d’offres. «Elle se reconstitue en infiltrant à nouveau l’administration et les partis politiques» déclarait le capitaine L’Ultimo, à l’origine de la capture du parrain Toto Riina en 1993, et obligé à l’anonymat par sa fonction. MM. Cusumano et Castiglione sont soupçonnés d’avoir commis des irrégularités dans l’adjudication de travaux, d’un montant de 61,6 millions d’euros, pour la construction de l’hôpital de Catane. Ils ont été inculpés de complicité d’enchères frauduleuses, complicité d’association mafieuse. Les deux hommes appartiennent à l’Union démocratique pour la République (UDR), parti de centre-droit formé l’an passé par l’ex-chef de l’État Francesco Cossiga et qui se veut l’héritière de la défunte Démocratie-chrétienne (DC). Le parquet de Catane a également demandé l’arrestation du sénateur UDR, Pino Firrarello. Le Sénat devra se prononcer sur cette requête. M. Cusumano, 51 ans, né à Sciacca, près d’Agrigente, est un homme de poids en Sicile où il a incarné la démocratie-chrétienne depuis 1965. Il a été sénateur sous deux législatures (1992 et 1994), avant de rejoindre l’UDR. «C’est un spectale horrible», a réagi lundi le président de la commission parlementaire antimafia, Ottaviano Del Turco. «Cette affaire démontre que nos craintes étaient fondées : l’enchevêtrement entre les appels, la mafia, la politique et l’administration est toujours sur la scène politique italienne», a-t-il poursuivi. «La mafia n’existe pas sans ses liens avec la politique», a-t-il ajouté. Le jour même de ces arrestations, la ministre de l’Intérieur Rosa Russo Jervolino a signé avec la municipalité de Catane un protocole de prévention contre les infiltrations mafieuses. La mafia «ne réussira plus à infiltrer» les nouveaux marchés, a lancé le maire Enzo Bianco.
La police italienne a arrêté, pour la première fois dans l’histoire de la République de ce pays un membre du gouvernement en activité, le secrétaire d’État au Trésor Stefano Cusumano pour complicité supposée avec la mafia dans une affaire de pots-de-vins dans la construction d’un hôpital. Cette spectaculaire interpellation intervient alors que des responsables de la lutte contre...
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