Actualités - CHRONOLOGIE
La Russie grande absente du sommet de l'Otan Washington veut garder Moscou dans le jeu , sans lui laisser le champ libre
le 28 avril 1999 à 00h00
En envoyant un émissaire à Moscou, les États-Unis montrent leur volonté de maintenir le dialogue avec la Russie, grande absente du sommet de l’Otan, mais ils n’entendent pas lui laisser les mains libres pour négocier avec Belgrade. Le secrétaire d’État adjoint Strobe Talbott, russophile et proche de Bill Clinton, avait rencontré lundi à Moscou l’émissaire russe pour la Yougoslavie Viktor Tchernomyrdine. Après leur sommet à Washington, où la Russie a brillé par son absence, les pays de l’Otan vont d’ailleurs multiplier les contacts avec les Russes. Le chancelier allemand Gerhard Schröder a invité M. Tchernomyrdine à Bonn, et le ministre des Affaires étrangères canadien Lloyd Axworthy sera à Moscou en fin de semaine. Selon l’agence russe Interfax, le secrétaire au Foreign Office Robin Cook recevra son homologue russe Igor Ivanov du 8 au 10 mai à Londres. Dimanche à Washington, M. Cook avait déclaré à la BBC que la Russie «devait faire partie de la solution (au Kosovo), au lieu de poser un problème». L’Otan «n’a aucune envie d’une confrontation avec la Russie», a renchéri la secrétaire d’État Madeleine Albright. Mais il n’est pas question de laisser les mains libres aux Russes pour conclure un compromis boiteux avec leurs alliés serbes, affirme-t-on à Washington. Selon son conseiller pour la sécurité nationale Samuel Berger, Bill Clinton a mis les points sur les i à Boris Eltsine au téléphone dimanche soir. «Le président, a-t-il dit, a été très clair sur nos conditions» pour un règlement (notamment retrait des forces serbes du Kosovo et retour des réfugiés albanais sous protection militaire internationale). Les Alliés ont besoin des Russes pour garder le contact avec le président yougoslave Slobodan Milosevic, avec lequel ils ne peuvent plus décemment discuter après l’avoir accusé de crimes de guerre envers les Albanais du Kosovo. Ils espèrent que M. Tchernomyrdine pourra les renseigner sur l’état d’esprit de Milosevic, qu’il a rencontré jeudi dernier, selon des diplomates. La mission Talbott vise surtout à calmer les Russes, qui ont essuyé humiliation sur humiliation. Coup sur coup, ils ont vu trois de leurs anciens satellites (Hongrie, République tchèque et Pologne) entrer dans l’Alliance atlantique et les avions de l’Otan bombarder leur allié serbe. «L’Otan s’inquiète de l’accumulation des frustrations russes», souligne Richard Haass, de la Brookings Institution. Le sommet de l’Otan a ajouté aux malheurs de Moscou. Il a entériné l’idée que l’Otan, dominée par les Américains, pouvait désormais intervenir partout en Europe, comme elle le fait au Kosovo. Les Alliés ont décrété un embargo pétrolier contre la République fédérale de Yougoslavie, auquel Moscou a refusé de participer, et ont même envisagé un blocus naval en Adriatique, qui s’appliquerait aussi à la Russie. On risquait donc de voir des bâtiments de guerre de l’Otan arraisonner des pétroliers russes. Les Alliés ont ensuite fait machine arrière. «Il pourra s’agir d’un mélange de différents mécanismes» de contrôle des importations pétrolières de la RFY, a indiqué le secrétaire à la Défense William Cohen. «Le premier plan qui nous avait été soumis était très dangereux, il aurait pu provoquer une catastrophe avec des pays tiers comme la Russie», a expliqué le ministre français des Affaires étrangères Hubert Védrine dans une interview au quotidien USA Today. La Russie avait décidé de boycotter le sommet de l’Otan, pour protester contre la campagne militaire des Alliés en Yougoslavie. Tout au long du sommet, les dirigeants alliés avaient pris soin de souligner publiquement le rôle incontournable de la Russie pour la stabilité en Europe et la nécessité de l’ancrer solidement dans l’Occident. La déclaration sur le Kosovo adoptée vendredi par le sommet mentionnait que «la Russie a un rôle important à jouer dans la recherche d’une solution politique au Kosovo».
En envoyant un émissaire à Moscou, les États-Unis montrent leur volonté de maintenir le dialogue avec la Russie, grande absente du sommet de l’Otan, mais ils n’entendent pas lui laisser les mains libres pour négocier avec Belgrade. Le secrétaire d’État adjoint Strobe Talbott, russophile et proche de Bill Clinton, avait rencontré lundi à Moscou l’émissaire russe pour la...
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