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Actualités - CHRONOLOGIE

L'opposition yougoslave se démarque de Milosevic Premières failles au sein de la coalition au pouvoir à Belgrade

L’Otan demeure déterminé à maintenir la pression militaire sur Belgrade, où sont apparues les premières failles au sein de la coalition au pouvoir, tout en intensifiant les contacts entre Occidentaux et Russes. À Belgrade, le vice-Premier ministre yougoslave Vuk Draskovic s’est démarqué, lundi, de façon spectaculaire de la politique officielle du régime en appelant indirectement le président Slobodan Milosevic à coopérer avec la communauté internationale pour faire cesser les bombardements de l’Otan. Dans une interview télévisée dimanche soir, l’ancien opposant à M. Milosevic a retrouvé toute sa fougue d’antan en appelant «ceux qui dirigent le pays» et les «prétendus patriotes» à «ne plus mentir au peuple et à lui dire enfin la vérité». La vérité, a-t-il souligné, c’est que «nous sommes seuls»: «l’Otan n’est pas près de s’effondrer, la Russie n’aidera pas militairement la Yougoslavie et l’opinion internationale est contre nous». Sa prise de position met pour la première fois en plein jour une cassure au sein de la coalition au pouvoir regroupant le Parti socialiste (SPS) de Slobodan Milosevic, la Gauche yougoslave (JUL, néocommuniste) de Mira Markovic, son épouse, et le Mouvement serbe du renouveau (SPO, droite nationaliste) de Vuk Draskovic, entré au début de l’année au gouvernement. M. Draskovic s’est prononcé pour le déploiement d’une force de l’Onu au Kosovo, une solution rejetée jusqu’à présent par M. Milosevic qui a dit n’accepter que des observateurs non armés. Ses propos, diffusés par la chaîne de télévision Studio-B contrôlée par son SPO, ont eu un impact d’autant plus fort que la télévision officielle RTS peut difficilement être captée depuis la destruction récente de ses installations par l’aviation de l’Otan. Sans mentionner le nom de M. Milosevic, il a appelé «les hommes qui dirigent ce pays» à «prendre en compte les réalités» et à «dire clairement au peuple (...) ce qu’il adviendra de la Serbie dans vingt jours si ces terribles bombardements continuent». Le chef de l’état major de l’armée fédérale yougoslave, le général Dragoljub Ojdanic, a toutefois souligné que l’armée demeure «déterminée à poursuivre» la guerre contre l’Otan «jusqu’à la victoire finale», tout en espérant que la communauté internationale «cessera d’utiliser la force et recherchera une solution politique». Sur le plan diplomatique, les entretiens mardi à Moscou entre le secrétaire d’État américain adjoint Strobe Talbott et les responsables russes n’ont débouché sur aucun progrès, Moscou profitant au contraire de cette visite pour dénoncer l’embargo pétrolier contre son allié serbe. «Nous avons travaillé d’une façon très ouverte et constructive, mais ce travail très urgent et très important doit être poursuivi», a déclaré M. Talbott, à l’issue d’une rencontre de plus de deux heures avec l’émissaire russe Viktor Tchernomyrdine. «Je pense qu’à la suite de cet échange d’idées, nous nous comprenons très bien», a ajouté le responsable, considéré comme le Monsieur Russie du gouvernement américain. Le représentant spécial du président Boris Eltsine pour la Yougoslavie devait rendre compte au responsable américain de sa première visite à Belgrade, jeudi dernier. Il devait également discuter de propositions russes pour le règlement du conflit dont on ignore la teneur. Les Russes sont à peu près les seuls à entretenir officiellement des contacts avec la direction yougoslave, en particulier avec le président Slobodan Milosevic. La poursuite du dialogue mardi entre Américains et Russes ne peut cependant masquer l’absence de résultat concret lors de la visite d’une journée de M. Talbott, qui était censée réduire les divergences entre Moscou et Washington un mois après le début des frappes de l’Otan. Elle intervenait également peu après le sommet de l’Alliance à Washington que les Russes ont boycotté. Le secrétaire général de l’Onu Kofi Annan est également attendu mercredi à Moscou dans le cadre de ses efforts de paix au Kosovo, mais l’Otan restait toujours le maître du jeu, selon les diplomates. «Le scénario, ce n’est pas nous qui l’écrivons», a admis lundi un haut responsable de l’Onu, alors que dans la foulée du sommet de l’Otan, le week-end dernier à Washington, les Alliés ont lancé une multitude d’initiatives diplomatiques en direction de Moscou. Kofi Annan, conscient que l’organisation internationale ne peut avoir une influence que si les grandes puissances – les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie) – sont unies, tente avec patience de rapprocher les points de vue. C’est dans cette optique et afin de renforcer la pression sur Belgrade qu’il se rend mercredi à Moscou où il doit avoir jeudi des entretiens avec les dirigeants russes. Mais aussi bien l’Onu que les Occidentaux excluent toute initiative personnelle de M. Annan et en particulier qu’il se rende dans les prochains jours à Belgrade pour une médiation avec le président yougoslave Slobodan Milosevic.
L’Otan demeure déterminé à maintenir la pression militaire sur Belgrade, où sont apparues les premières failles au sein de la coalition au pouvoir, tout en intensifiant les contacts entre Occidentaux et Russes. À Belgrade, le vice-Premier ministre yougoslave Vuk Draskovic s’est démarqué, lundi, de façon spectaculaire de la politique officielle du régime en appelant indirectement le...