Actualités - CHRONOLOGIE
UKRAINE - Un réacteur reste dangereux 13 ans après l'accident nucléaire Tchernobyl , une bombe à retardement et un casse-tête financier
le 26 avril 1999 à 00h00
Treize ans après son explosion, la centrale de Tchernobyl demeure une bombe à retardement doublée d’un casse-tête financier qui continuera à menacer les populations d’Europe bien après sa fermeture prévue en l’an 2000. «Fermer Tchernobyl est un pas important, mais cela ne suffira pas à éliminer le danger qu’elle représente», explique un expert ukrainien. Kiev s’est engagé en 1995 auprès du G7 à fermer cette centrale à l’aube du XXIe siècle en échange d’une aide de 3,1 milliards de dollars. Aujourd’hui, l’Ukraine menace de ne pas remplir ses engagements tant que les Occidentaux ne l’aideront pas à construire deux autres réacteurs pour compenser la perte de production électrique qu’entraînera la fermeture de Tchernobyl. Mais au-delà de cette dispute, une autre question, tout aussi grave, risque de rester en suspens pendant encore de nombreuses années : que faire du combustible radioactif encore au cœur du réacteur accidenté qui, mal isolé par une chape de béton fissurée, se fait de jour en jour plus menaçant ? Le 26 avril 1986, une série d’explosions retourne la dalle supérieure du quatrième réacteur de Tchernobyl. Cinquante millions de curies (12 milliards de becquerels), soit la puissance de 500 bombes d’Hiroshima, sont alors rejetés dans l’atmosphère, contaminant fortement le Belarus, le nord de l’Ukraine et une partie de la Russie et une bonne partie du reste de l’Europe. Sur les 250 tonnes de combustible nucléaire initialement contenues dans le réacteur, les autorités ukrainiennes estiment qu’il en reste encore aujourd’hui 160 ou 170 tonnes sous forme d’un magma composé de métal fondu, de béton et d’autres matériaux calcinés. La chape de béton, ou «sarcophage», jetée à la va-vite au lendemain de la catastrophe, est aujourd’hui minée par de nombreuses fissures et n’est plus étanche. Certains experts affirment même qu’elle serait au bord de l’écroulement. «Les fissures touchent près de 10 % de la surface du sarcophage. S’il y a un ouragan, le toit pourrait bien s’envoler», reconnaît un haut responsable de Tchernobyl, Artur Cornïev. Facteur aggravant : personne ne peut garantir la stabilité des déchets radioactifs qui baignent dans le quatrième réacteur au milieu de matières inflammables et dans une atmosphère saturée d’humidité. «Personne ne peut exclure une réaction en chaîne», avertit encore M. Cornïev. Malgré l’urgence de la situation, la communauté internationale peine depuis des années à réunir les 760 millions de dollars nécessaires au renforcement, aujourd’hui impératif, du sarcophage. Un coût que l’Ukraine, une ancienne république soviétique embourbée dans une profonde crise économique, ne peut pas prendre seule à sa charge. Fin 1997, une cinquantaine de pays s’étaient engagés à fournir 37 millions de dollars en plus des 300 millions déjà promis par le G7. L’Ukraine doit participer à hauteur de 50 millions de dollars. Pour tenter de réunir les 373 millions de dollars manquants, le Premier ministre britannique Tony Blair avait lancé il y a quelques mois un nouvel appel. En vain. Pas un «kopeck» supplémentaire ne semble avoir été trouvé pour assurer la sécurité nucléaire de l’Europe.
Treize ans après son explosion, la centrale de Tchernobyl demeure une bombe à retardement doublée d’un casse-tête financier qui continuera à menacer les populations d’Europe bien après sa fermeture prévue en l’an 2000. «Fermer Tchernobyl est un pas important, mais cela ne suffira pas à éliminer le danger qu’elle représente», explique un expert ukrainien. Kiev s’est engagé...
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