Actualités - CHRONOLOGIE
L'Amérique confirme sa domination et refuse de partager les responsabilités
le 26 avril 1999 à 00h00
L’Otan s’est donnée samedi pour ses 50 ans une nouvelle raison d’être, la gestion de crises en Europe, sans cependant distribuer plus équitablement les responsabilités entre les alliés européens et les Américains, toujours dominants. Les États-Unis contrôlent pratiquement à tous les niveaux le commandement militaire intégré, qui fait la force de l’Otan. Dans les opérations importantes, ils écrasent les Européens par leur supériorité militaire qualitative et quantitative. Les deux tiers du millier d’avions engagés dans la guerre menée depuis le 24 mars en Yougoslavie sont ainsi américains. Des troupes européennes ont été déployées en Macédoine (plus de 12 000 hommes), en Albanie (près de 8 000). L’Otan maintient toujours en Bosnie une force de paix de 30 000 militaires, là aussi principalement européens. À la tête de l’ensemble de ces troupes, un seul homme : le général américain Wesley Clark, qui est à la fois commandant suprême des forces alliées en Europe et commandant des troupes américaines déployées en Europe. La restructuration du dispositif militaire de l’Otan après la disparition de la menace soviétique n’a pas profité aux Européens. L’Amérique a réduit sa présence militaire permanente en Europe mais quand la France a réclamé pour l’Europe un des commandements régionaux de l’Alliance, celui du flanc sud basé à Naples, elle s’est heurtée à un mur. La domination américaine s’exprime aussi sur le plan de l’initiative politique. «La quasi-totalité des idées nouvelles vient des Américains», souligne un responsable de l’Otan sous couvert d’anonymat, en regrettant que les Européens ne soient pas plus inventifs. Dès la chute du Mur de Berlin (1989), qui risquait de priver l’Alliance de toute raison d’être, ce sont les Américains qui se sont évertués à lui donner un nouveau souffle, tendant la main aux anciens adversaires du Pacte de Varsovie et imaginant de nouvelles missions. Conséquence de cette prééminence américaine, le nouveau concept stratégique adopté samedi par les alliés consacre toutes les évolutions inspirées par Washington : opérations de paix, coopération avec l’Europe de l’Est, dialogue avec des pays de la région méditerranée, accentuation de la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive, lancement d’une réflexion pour adapter les armées de l’Otan et leurs matériels aux nouveaux risques. Côté «identité européenne de défense et de sécurité» en revanche, aucune évolution majeure. La création d’une «capacité européenne» au sein de l’Otan, pouvant agir de manière autonome dans une opération à laquelle les Américains ne souhaiteraient pas participer directement, reste virtuelle. «Il n’y a pas, dans l’Histoire, de collectivité humaine qui ait longtemps résisté sans une capacité autonome de défense. L’Europe n’échappe pas à cette réalité et serait bien inspirée de se doter» d’une telle capacité, a déclaré le président français Jacques Chirac. Pour que l’Europe de la défense existe, il faut au préalable que les Européens se mettent d’accord, a souligné le président américain Bill Clinton. Il a aussi averti qu’elle ne devait pas concurrencer l’Alliance atlantique. Tant que cette capacité de défense européenne «travaillera avec l’Otan, quelle que soit la façon dont elle est constituée par les Européens, je pense qu’elle renforcera la capacité de l’Alliance et je crois qu’elle aidera même à maintenir l’engagement des États-Unis dans l’Otan», a-t-il déclaré. Pivot central de la sécurité en Europe, l’Otan a encore de beaux jours devant elle. La défense européenne n’en est qu’à ses balbutiements et si l’Alliance finit par avoir raison du président yougoslave Slobodan Milosevic, il est déjà évident que cette victoire ne bénéficiera pas en premier lieu à l’idée d’une Europe de la défense.
L’Otan s’est donnée samedi pour ses 50 ans une nouvelle raison d’être, la gestion de crises en Europe, sans cependant distribuer plus équitablement les responsabilités entre les alliés européens et les Américains, toujours dominants. Les États-Unis contrôlent pratiquement à tous les niveaux le commandement militaire intégré, qui fait la force de l’Otan. Dans les opérations...
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