Actualités - CHRONOLOGIE
L'Albanie est le plus fervent partisan des frappes de l'Otan Tirana redoute une confrontation directe avec les Serbes
le 26 avril 1999 à 00h00
L’Albanie est l’un des partisans les plus fervents de l’intervention de l’Otan contre Belgrade mais elle redoute toutefois une confrontation directe avec la Yougoslavie. Avec une armée régulière qui, selon des experts occidentaux, ne compte que 10 000 hommes, et des notions de défense qui ont inclu dans le passé la mise en place d’un système de piques censées empaler les envahisseurs aéroportés, le profil bas adopté par Tirana apparaît comme la position la plus sage. «Belgrade veut nous impliquer dans la guerre afin de régionaliser le conflit», a déclaré cette semaine le président Rexhep Mejdani. «Cependant, nous ne voulons pas faire son jeu», a-t-il ajouté. Alors que l’Albanie appelle à une intensification de raids aériens et se prononce pour une opération terrestre de l’Otan contre la RFY, il n’y a pas le moindre signe d’une mobilisation de son armée. Aucune démonstration de force n’a été organisée, la présence militaire à la frontière avec la Yougoslavie n’a pas été renforcée et aucun ordre de recrutement pour les jeunes n’a été donné. Selon le vice-Premier ministre Ilir Meta, cette position s’explique par la présence de l’Otan, qui a pris le contrôle de l’aéroport de Tirana et est en train de masser de nombreuses troupes sur le territoire albanais. «La présence de l’Otan dans les Balkans a empêché que les pays voisins de la RFY ne soient impliqués dans la guerre contre (le président yougoslave Slobodan) Milosevic», a déclaré M. Meta. Et l’Albanie, le pays le plus pauvre d’Europe, avec une population de 3 millions d’habitants, s’en remet entièrement à l’Otan pour assurer sa sécurité. Au plus fort du régime communiste d’Enver Hoxha, qui a duré de 1944 à 1989, Tirana disposait d’une armée régulière de 60 000 à 70 000 hommes, bien que mal nourris et sous-équipés. Cependant, son armée s’est dégradée progressivement au fur et à mesure que l’isolement de l’Albanie s’est accru, Tirana passant du statut de satellite de l’ex-Union Soviétique à celui de protégé de la Chine et enfin à celui d’«ermite» européen. L’Albanie a développé la théorie maoïste de la «guerre du peuple» afin de se défendre contre une potentielle invasion venant de l’ouest ou de ses anciens alliés au sein du Pacte de Varsovie, qu’elle a quitté en 1968. Hoxha a fermé les frontières du pays et fait construire plus de 600 000 bunkers, une grande attraction touristique aujourd’hui. Sur son ordre, des détachements de «jeunes pionniers» ont été instruits pour monter des lances de fer dans les arbres afin de protéger le pays contre d’hypothétiques parachutistes ennemis. Depuis la chute du communisme, la situation de l’armée ne s’est pas beaucoup améliorée. Le début du conflit dans les Balkans, en 1992, ne lui a apporté que peu d’équipements militaires. Les effectifs de ses forces armées sont largement inférieurs à la limite de 25 000 hommes exigée par l’Otan dans le cadre du partenariat pour la paix, dont l’Albanie est devenue membre en 1994. Ses dépenses militaires ne représentent que 3,7 % du produit intérieur brut, contre 12 % à l’«époque de gloire» de son armée. Les autorités comptent néanmoins sur la population pour s’opposer aux Serbes, si cela était nécessaire. Et les civils sont sans doute bien armés, plus d’un million de Kalachnikov et d’armes légères ayant été volés dans des dépôts militaires lors de la rébellion du printemps 1997. Le ministre des Affaires étrangères Paskal Milo estime que l’Albanie ne court pas de risque en misant uniquement sur l’Otan dans le conflit au Kosovo et considère que son pays devrait être recompensé pour sa coopération étroite avec l’Alliance. Et avec une grande dose de pragmatisme balkanique, il remarque : «Un vieux proverbe dit qu’on peut choisir ses amis, mais pas ses voisins».
L’Albanie est l’un des partisans les plus fervents de l’intervention de l’Otan contre Belgrade mais elle redoute toutefois une confrontation directe avec la Yougoslavie. Avec une armée régulière qui, selon des experts occidentaux, ne compte que 10 000 hommes, et des notions de défense qui ont inclu dans le passé la mise en place d’un système de piques censées empaler les...
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