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CORRESPONDANCE Les fascilités des écrits anglais d'Amine el-Rihani à la librairie du Congrès
Par MOSALLI Irène, le 26 avril 1999 à 00h00
Il a coulé toute son existence entre le Liban et les États-Unis. Aujourd’hui, 59 ans après son décès, il continue à être présent dans ces deux pays. Il s’agit du grand écrivain Amine el-Rihani dont la famille vient d’offrir les fac-similés de ses manuscrits en langue anglaise à la librairie du Congrès. Un don important puisqu’il représente 1 250 documents : des romans, des nouvelles, des poèmes, des œuvres dramatiques, des premiers jets d’essais, des notes biographiques, des analyses historiques et politiques, des critiques littéraires et un échange de correspondance. Les originaux se trouvent au musée de Freiké, son village natal. Cette initiative a été célébrée conjointement avec la commémoration du centenaire de la création du royaume d’Arabie séoudite. Si l’on a réuni ces deux événements, c’est parce que Rihani a bien connu cette période, qu’il était l’un des conseillers du roi Abdel Aziz, qu’il évoque dans son ouvrage Ibn Séoud d’Arabie. Dans ce même ouvrage, il parle de la prise de la forteresse de Massmak par le roi Abdel Aziz, victoire qui lui a permis de rétablir le contrôle de sa famille sur le Najed. La cérémonie qui s’est déroulée à la librairie du Congrès a été mise au point par Mary Jane Deeb, en charge des études du monde arabe, à la librairie du Congrès. May Rihani, nièce de l’homme de lettres (qui, avec ses frères Amine, Ramzi et Sarmad, gère le legs culturel) a évoqué le message de ces œuvres dont il a fait aussi son mode de vie. Elle a commencé par le définir ainsi : «Une vision aussi large que son optimisme ; Un engagement aussi puissant que la justice ; Un activisme aussi puissant que sa compassion». Navette littéraire entre Frayké et New York De par ses allées et venues entre le Liban et l’Amérique, Amine el-Rihani est devenu un auteur bilingue. Né à Frayké le 24 novembre 1876, il s’était rendu avec ses parents à New York, à l’âge de douze ans. Durant cette période, il lit beaucoup et découvre Hugo, Shakespeare, Keats, Shelley, Whitman et autres classiques occidentaux. En 1895, il décide de devenir acteur et rejoint une troupe shakespearienne. Puis il passe au droit. Retour au Liban pour se remettre d’une infection des poumons. Là, il réapprend sa langue natale et enseigne l’anglais. En 1898, il repart pour New York et commence à publier des livres en arabe et en anglais et se lie d’amitié avec un jeune auteur nommé Gébran Khalil Gébran. De 1904 à 1909, on le retrouve à Frayké. En 1911, il épouse une artiste américaine, Bertha Case, qui fréquentait Picasso, Matisse, Cézanne et Derain et qui a souvent exposé avec ce groupe. En 1922, Amine el-Rihani fait la tournée de ce qui était la péninsule arabique et se lie avec ses dirigeants. En 1911, il publie son ouvrage majeur Le Livre de Khaled qui exercera une grande influence sur Gébran Khalil Gébran et qui comporte les caractéristiques de la littérature arabo-américaine de la diaspora : basée sur la sagesse et la prophétie, elle cherche à réconcilier l’esprit et la matière, la raison et la foi et à réaliser la rencontre des convictions de l’Est et de l’Ouest dans une vision universelle. Amine el-Rihani écrivait sur les Arabes en anglais pour permettre aux anglo-saxons de découvrir la culture riche, profonde et complexe d’un autre monde. C’était sa manière de répondre à la perspective des orientalistes. Il relatait l’Occident en arabe pour valoriser au regard de ses concitoyens les grands courants et les grandes figures de cette civilisation. Écrire ne lui suffisait pas. Pour mieux faire entendre son message, il intervenait sans répit dans la presse et dans des débats à New York et à Washington. Il animait des cercles littéraires, participait à des conférences politiques, présidait des délégations, correspondait avec des chefs d’État. Il avait également créé des groupes de pression afin de consolider ce pont qu’il a voulu jouer entre des univers différents.
Il a coulé toute son existence entre le Liban et les États-Unis. Aujourd’hui, 59 ans après son décès, il continue à être présent dans ces deux pays. Il s’agit du grand écrivain Amine el-Rihani dont la famille vient d’offrir les fac-similés de ses manuscrits en langue anglaise à la librairie du Congrès. Un don important puisqu’il représente 1 250 documents : des romans, des...
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