Actualités - CHRONOLOGIE
Iran - Motion de censure contre un ministre proche du président Les réformateurs dénoncent une offensive contre Khatami
le 23 avril 1999 à 00h00
Les réformateurs iraniens ont appelé jeudi à serrer les rangs autour du président Mohammad Khatami, directement visé au travers d’une motion de censure contre l’un de ses plus fidèles lieutenants, le ministre de la Culture Ataollah Mohadjerani. «Le président a plus que jamais besoin du soutien et de la solidarité de tous ses partisans», en particulier «les jeunes et le puissant mouvement étudiant», écrivait le quotidien Khordad, l’un des principaux titres de la presse réformatrice. Un autre titre réformateur, Sohb-é-Emrouz, estimait que «les députés ont attaqué directement Khatami» à un mois du deuxième anniversaire de son élection, en déposant cette demande de destitution, qui doit être examinée par le Parlement dominé par les conservateurs. M. Mohadjerani lui-même a qualifié de «totalement politique» la procédure de destitution engagée contre lui, dans un entretien publié par le journal Iran News. De telles manœuvres «se retournent contre leurs auteurs et ne font qu’augmenter la popularité de la personne qui est ainsi mise sous pression», a-t-il ajouté sous forme d’avertissement à ses censeurs. Trente et un députés conservateurs ont réclamé la destitution de M. Mohadjerani, porte-parole du gouvernement et principal artisan de l’ouverture en matière de presse et de vie artistique depuis deux ans. Il est accusé d’avoir fait preuve de «laxisme» au sujet «des activités journalistiques, artistiques et de la défense des valeurs» de la révolution et de la religion. La procédure prévoit sa comparution devant les 270 députés pour assurer sa défense au cours d’un débat public retransmis en direct à la radio. Il doit ensuite solliciter un vote de confiance qui, s’il est négatif, entraînerait une destitution. Une procédure identique avait permis aux députés de renvoyer l’an dernier, à une faible majorité il est vrai, un autre proche collaborateur de M. Khatami, le ministre de l’Intérieur Abdollah Nouri. Le chef de l’État a pris mercredi la défense de M. Mohadjerani, le qualifiant d’«homme de culture et de sagesse», et espérant voir la majorité des députés «se ranger derrière le gouvernement pour lui permettre de conserver son poste». Cette motion survient alors que le président réformateur s’apprête à célébrer le 23 mai le deuxième anniversaire de son élection triomphale avec près de 70 % des voix. Mais deux ans après cette élection, le texte de la motion contre ce ministre-clé traduit la virulente hostilité de l’aile dure du régime contre toute perspective d’évolution libérale de la République islamique. Il est reproché au ministre d’avoir laissé la presse «insulter les valeurs sacrées et encourager la corruption», «contester la religion» et «encourager l’établissement de relations avec les États-Unis». Le texte de la motion fait également implicitement référence à la fermeture du journal modéré Zan (Femme), dirigé par une fille de l’ancien président iranien Ali Akbar Hachémi-Rafsandjani, Faézeh Hachémi, pour avoir publié un message de vœux de l’ex-impératrice Farah Diba pour le Nouvel an iranien. M. Mohadjerani est encore accusé d’avoir laissé la presse «déformer les principes théoriques de l’imam Khomeiny», le fondateur du régime, et d’avoir «porté atteinte à l’unité nationale». L’appui du ministre à la création d’une association indépendante des écrivains est contesté avec vigueur, de même que le timide assouplissement de la censure cinématographique. Le député Ahmad Rassouli-Nejad, un ténor conservateur du Parlement qui se pose déjà en «tombeur» de M. Mohadjerani, déclarait jeudi au journal Tehran Times: «Nous n’avons cessé pendant deux ans de prévenir le ministre, mais il n’a pas voulu changer sa politique».
Les réformateurs iraniens ont appelé jeudi à serrer les rangs autour du président Mohammad Khatami, directement visé au travers d’une motion de censure contre l’un de ses plus fidèles lieutenants, le ministre de la Culture Ataollah Mohadjerani. «Le président a plus que jamais besoin du soutien et de la solidarité de tous ses partisans», en particulier «les jeunes et le puissant...
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