Actualités - CHRONOLOGIE
Jayalalitha Jayaram, ex-actrice flamboyante et personnage incontournable de l'échiquier politique L'Imelda Marcos indienne joue les faiseurs de rois (photo)
le 23 avril 1999 à 00h00
Au centre de la nouvelle crise politique que vit l’Inde, figure une ex-actrice flamboyante surnommée l’«Imelda Marcos indienne» qui joue depuis plus d’une semaine les faiseurs de rois d’un hôtel de luxe à 4 600 dollars la nuit. Jayalalitha Jayaram, 52 ans, forte femme dans tous les sens du terme, avait débarqué le 12 avril à New Delhi de son État méridional du Tamil Nadu avec la ferme intention d’obtenir la chute de la coalition gouvernementale dirigée par les nationalistes hindous et dont son petit parti AIADMK (18 députés sur 545) était partenaire. En cinq jours, l’affaire fut bouclée. Le Premier ministre Atal Behari Vajpayee a démissionné et Jayalalitha reçoit maintenant tout ce que la capitale indienne compte d’hommes politiques influents pour jouer un rôle crucial dans la formation d’un gouvernement de rechange. Dédaignant comme toujours toute critique, l’impériale «Jaya», qui fait face à nombre d’accusations de corruption du temps où elle était chef du gouvernement du Tamil Nadu (1991-96), est confortablement installée au Maurya Sheraton, où elle a loué toutes les 16 chambres du 16e étage. Il y en a au bas mot pour 200 000 roupies (4 600 dollars) par jour, fortune dans un pays dont le Produit national brut par habitant est de 340 dollars. Arrivée avec son entourage et 48 valises, elle occupe la suite Rajput, la meilleure, où ont logé avant elle le prince Charles, Hillary Clinton et autres grands de ce monde. Selon des responsables de l’hôtel, «Madame» a approuvé cette suite (salle à manger, étude, deux chambres et cuisine) entièrement drapée de soie naturelle, exigeant seulement des roses rouges. Ce qui sied au train de vie d’une ex-vedette du cinéma tamoul, véritable dieu vivant au Tamil Nadu où on l’appelle «Amma» (Mère), qui n’avait pas hésité à dépenser 30 millions de dollars, 600 répliques de colonnes grecques comprises, pour le mariage de son fils adoptif. La police anticorruption avait un jour découvert chez elle 26 kilos d’or, 10 500 saris et 350 paires de chaussures, ce qui lui valut la comparaison peu flatteuse avec l’ancienne Première dame des Philippines. Sans remords, «Jaya», qui avait fait un mois de prison, avait expliqué que cela n’était que de la partie émergée de l’iceberg de ses biens. «Il s’agit d’une politique théâtrale qui marche bien dans le sud de l’Inde où le peuple défie les stars du cinéma», a souligné un analyste politique, Mahesh Rangarajan. «Les hommes politiques se prosternent devant elle. Elle a énormément de pouvoir». Même Sonia Gandhi, présidente du Congrès, héritière de la «dynastie» Nehru-Ghandi qui devrait en principe être chargée de former le nouveau gouvernement, n’avait pu lui refuser une invitation à un thé début avril, une rencontre qui scella le destin des nationalistes hindous. Pour Subramanian Swamy, allié politique de «Jaya», les critiques sur le genre de vie de cette dernière sont injustes: «Son parti paye pour cela. S’ils ne se plaignent pas, pourquoi d’autres devraient le faire ?» Bien qu’elle ait «fait des erreurs par le passé», a-t-il dit, «elle a prouvé cette fois-ci qu’elle était incorruptible» en retirant le soutien de son parti «en dépit de possibles offres auxquelles on ne peut résister. Cela montre une très grande intégrité». Jayalalitha flirte désormais avec le Congrès de Mme Gandhi, «une vieille amie» dont elle avait dit un an avant que ce serait «une honte si l’Inde ne trouvait personne d’autre qu’une Italienne pour la diriger». «Je n’ai jamais rêvé d’un rôle en politique», a confié Jayalalitha lors d’une interview télévisée, affirmant ne pas se voir en Premier ministre, mais ajoutant: «Tout est possible en politique».
Au centre de la nouvelle crise politique que vit l’Inde, figure une ex-actrice flamboyante surnommée l’«Imelda Marcos indienne» qui joue depuis plus d’une semaine les faiseurs de rois d’un hôtel de luxe à 4 600 dollars la nuit. Jayalalitha Jayaram, 52 ans, forte femme dans tous les sens du terme, avait débarqué le 12 avril à New Delhi de son État méridional du Tamil Nadu avec la...
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