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Actualités - CHRONOLOGIE

Londres dépêche à Bruxelles un conseiller de Blair pour renforcer le service de presse La Grande-Bretagne intensifie sa guerre de propagande

Un mois après le lancement de la campagne aérienne de l’Otan contre la Yougoslavie, le gouvernement britannique a intensifié sa guerre des mots, jetant dans la bataille une machine médiatique gouvernementale experte en marketing politique. Cette semaine, Londres est allé jusqu’à dépêcher au quartier général de l’Otan à Bruxelles l’un des conseillers du Premier ministre Tony Blair, pour renforcer le service de presse, après le fiasco de la communication de l’Alliance atlantique sur le bombardement accidentel par des avions de l’Otan de convois de réfugiés au Kosovo. À Londres, lors de la conférence de presse quotidienne consacrée à la crise du Kosovo, ministres et hauts fonctionnaires du gouvernement ont pris le pli de peindre le président yougoslave Slobodan Milosevic sous les traits d’un «voyou diabolique», assisté de «suppôts sadiques et corrompus». Pendant ce temps, plus discrètement, les «voix» du gouvernement laissent entendre qu’«on» est un peu préoccupé par la couverture de l’envoyé spécial de la BBC à Belgrade, John Simpson, dont les reportages seraient au pire «proserbes» et au mieux «simplistes». Le gouvernement ne se prive pas de décrire encore et toujours la «machine à mentir» des médias serbes, la «répression brutale de la liberté d’expression» dans le pays et vilipende la «propagande» mise en place par les autorités serbes. La Grande-Bretagne, où le pouvoir de la presse est considérable, est au premier rang dans la guerre des médias. Alors que 13 pays participent aux frappes aériennes, seuls Londres, Bruxelles et Washington organisent des conférences de presse quotidiennes. Il ne se passe pas un jour ou presque sans que Tony Blair apparaisse à la télévision ou dans la presse – mercredi, c’était à la télévision russe – pour expliquer combien l’action de l’Otan est nécessaire et juste. Son porte-parole officiel, Alastair Campbell, un maître dans l’art délicat de la manipulation des médias, serait chargé d’aider à la coordination du message de l’Otan de part et d’autre de l’Atlantique. Pour Roger Silverstone, de la London School of Economics, le gouvernement «a mené jusqu’ici une bonne guerre de propagande», coupant court à toute critique en mettant en lumière les opérations de «purification ethnique» des Serbes. Une fois n’est pas coutume, la presse britannique soutient dans un bel ensemble les frappes de l’Otan. Le Sun, le plus diffusé des quotidiens populaires, a même titré en une : «Bombardez, bombardez, bombardez». Mais, pour M. Silverstone, la stratégie est «dangereuse». «Le gouvernement britannique court le risque de ne plus être cru», affirme-t-il. Ainsi, pour Alex Thomson, journaliste sur la chaîne de télévision privée Channel Four, «la propagande offensive de l’Otan et du ministère britannique de la Défense sont loin d’atteindre la sophistication des armes». Les critiques estiment que ce que Londres et Bruxelles présentent comme des «faits» aux journalistes sont en général seulement des «rumeurs». «Fondamentalement, l’Otan dit la vérité. La plupart des rumeurs rapportées sont crédibles», commente cependant Dana Allin, de l’Institut international des études stratégiques, se référant aux nombreux récits de réfugiés sur les exécutions, le nettoyage ethnique, les viols systématiques. «En fait, le plus grave danger serait de sous-estimer ce que Milosevic est capable de faire», estime-t-il.
Un mois après le lancement de la campagne aérienne de l’Otan contre la Yougoslavie, le gouvernement britannique a intensifié sa guerre des mots, jetant dans la bataille une machine médiatique gouvernementale experte en marketing politique. Cette semaine, Londres est allé jusqu’à dépêcher au quartier général de l’Otan à Bruxelles l’un des conseillers du Premier ministre Tony...